L’ahurissant dialogue Jean-Pierre Elkabbach-Fabienne Keller…
Le débat se traîne, ce vendredi 3 mars, à 10h45, sur C News (anciennement, « i-Télé »). Comme souvent, on n’a pas affaire à un journaliste qui interroge un homme politique (ici, une femme) mais à deux compères du politiquement correct. Même si, officiellement, Fabienne Keller est réputée « droite/centre droit », elle fait partie de ce petit monde bobo/gaucho où tout le monde est d’accord sur l’essentiel, et surtout avec les journaleux de la classe médiatique qui « dit » le vrai, qui décrète où est le bien, où est le mal, qui sait ce que le public doit penser, et le lui dit sans cesse, dans un bourrage de crâne et une manipulation incessante, du soir au matin et du matin au soir…
Donc, ça ronronne ferme, ce vendredi, et c’est mortellement ennuyeux. Jusqu’à 10 heures 50, où Jean-Pierre Elkabbach, qui n’en peut plus de critiquer Fillon face à une Fabienne Keller qui n’en peut plus de l’approuver, lâche cette petite phrase : « Et Fillon qui organise cette manifestation du Trocadéro dimanche, mais c’est un appel au peuple ! ». Fabienne Keller, qui vient de se réveiller, saisit la balle au bond, et, bien sûr approuve chaudement : « Oui, c’est du populisme, ce n’est pas acceptable, ce n’est pas possible, on ne peut pas approuver cela… ».
En somme, « l’appel au peuple », c’est mal.
On aurait aimé être sur la plateau pour rappeler à ces deux belles âmes que, jusqu’à présent, il était bien entendu que la souveraineté réside dans le peuple, et que la légitimité ne peut procéder que de lui. On a même fait des tas d’élections pour ça. Et, pour ce qui est de la Justice, il faut bien se rappeler que tous les jugements sont rendus « Au nom du Peuple français ». Le duo Elkabbach/Keller – mais, avec eux, tous ceux qui pensent comme eux, et ils sont légion… – a-t-il aboli la démocratie ? La République ? Au prétexte que l’appel au peuple c’est… du « populisme » ?
Pauvre Abraham Lincoln, lui qui déclarait, dans son discours du 19 novembre 1863, à Gettysburg : « …A nous de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre. » C’était bien, semble-t-il, ce que pas mal de gens, pendant pas mal de temps, appelaient « république », ou « démocratie ». Il faut croire que c’est terminé…
Lincoln ne se doutait pas qu’un jour, finalement assez proche (qu’est-ce qu’un siècle et demi, à l’échelle de l’Histoire ?) une caste, dont il ne pouvait imaginer l’irruption, puis la toute-puissance médiatique, abolirait son cher « gouvernement du peuple etc.… », que la nouvelle caste dirigeante affuble maintenant de l’odieux nom – odieux, pour elle – de « populisme ».
Le Brexit, librement voté par les britanniques ? Trump, librement élu par les étatsuniens ? Demain les Pays-Bas ou l’Autriche administrés par ce qu’ils appellent avec mépris et dégoût « l’extrême-droite » ? Cela ne vaut rien, c’est du populisme ! Du populisme, vous dit-on, uniquement du populisme, et rien que du populisme, comme la Toinette de Molière, symbolisant tous les Diafoirus de la création, répétait « le poumon ! le poumon ! » à ce pauvre Argan, dans Le Malade imaginaire.
Maintenant, posez la question au sieur Elkabbach et à Dame Keller : êtes-vous toujours démocrates ? Et républicains ? Ils vous jureront évidemment, la main sur le cœur, et en chœur, que, bien sûr, ils le sont !
Ah, les beaux républicains, les beaux démocrates que voilà ! •
Derrière ce mépris du peuple qui ose encore avoir un avis, avoir voix au chapitre, qu’on pourrait quand même écouter , surtout quand elle s’exprime dans la dignité, se cache une véritable mépris, pour ne pas dire une détestation de la France . C’est maintenant l aligne de partage des eaux, qui traverse d’ailleurs les partis et bien sûr les médias!