par Louis-Joseph Delanglade
La liste de ses soutiens et de ses affidés est impressionnante. A tout seigneur, tout honneur : M. Jouyet, secrétaire général de la Présidence de la République. De grands économistes, ceux-là qui « vous expliquent le lendemain pourquoi ils se sont trompés la veille » (Bernard Maris) : MM. Minc, Attali, Cohen, Pisani-Ferry, etc. Un échantillon improbable mais représentatif des chevaux de retour de la caste politicienne : MM. Hue, Delanoë, Collomb, Kouchner, Cohn-Bendit, Bayrou, etc. Arrêtons ici ce choix volontairement politique et économique. On a tout dit de M. Macron, puisque c’est de lui qu’il s’agit, même et surtout la vérité, à savoir qu’il se veut le candidat de l’anti-France euromondialiste et multiculturaliste; le candidat de l’argent-roi des banques et de la finance virtuelle et supranationale; le candidat des énarques et oligarques hostiles à « la cause du peuple » (Patrick Buisson); le candidat de la survie d’un hollandisme pourrisseur et moribond dont il aura été un des acteurs principaux; le candidat de l’accomplissement final, au centre, de l’idéologie libérale-libertaire, ce qui en fait « le premier candidat postmoderne que l’on ait jamais vu se présenter à l’élection présidentielle » (Alain de Benoist).
Or M. Macron pourrait bien, si la conjoncture continue de lui être favorable, se retrouver élu. En cherchant à s’approprier indûment l’élection par le jeu des primaires, « socialistes » et « républicains » ont à l’évidence fait une mauvaise affaire. Qu’en est-il résulté en effet si ce n’est l’éclatement désormais incontestable de la droite et de la gauche dites « de gouvernement » ? A droite, le clivage idéologique entre les partisans de M. Fillon et ceux de M. Juppé (que M. Macron vient justement de faire applaudir à Bordeaux…) est tel que seule la victoire de M. Fillon pourrait en retarder les conséquences ultimes, c’est-à-dire une implosion qui mettra à nu l’opposition entre « radicalisés » et « boboïsés » – ce dans quoi M. Zemmour, optimiste, veut voir la « résurrection d’un peuple de droite ». A gauche, où le processus de décomposition a été favorisé par le quinquennat qui s’achève, c’est pis : deux courants vont s’affronter, non plus dans un congrès dûment balisé, mais directement dans les urnes d’une élection nationale, celui des « frondeurs » de M. Hamon et celui de la « gauche moderne », façon Rocard-Delors-Hollande-Macron, entérinant ainsi de manière sans doute irréversible la mort du Parti.
Il y a certes quelque chose de profondément réjouissant dans tout cela. Après tout, l’arithmétique montre que, minoritaires ensemble eu égard au nombre de Français(e)s en âge de voter, c’est-à-dire absolument pas représentatifs du peuple de France dans son intégralité, ces deux appareils politiciens ont en toute connivence confisqué le pouvoir et conduit le pays dans la situation d’aujourd’hui. Alors, bon débarras ! Cependant, à court terme, leurs dissensions favorisent M. Macron et, à moyen terme, leur disparition risque fort de causer un véritable séisme politique, voire institutionnel, synonyme de troubles et d’incertitudes. C’est peut-être le prix à payer pour que vole en éclats le système oligarchique qui prive le peuple et la nation de leur commune souveraineté. •