Dans son magistral Napoléon, Jacques Bainville a donné pour titre à son XVIIème chapitre Le premier nuage vient d’Espagne.
Pourra-t-on, un jour, dire que, pour Macron, le premier nuage, le premier accroc, sera venu… de son déplacement à l’Île de la Réunion ?
Certes, il y avait eu ses deux déclarations scandaleuses sur la non-existence de la culture française, et – proféré en Algérie, circonstance aggravante – sur le crime contre l’humanité (la « barbarie ») qu’avait représenté la présence française là-bas. Il avait d’ailleurs, très vite, changé sa formulation, et employé le terme de « crime contre l’humain », ce qui ne veut rien dire du tout – la chose n’étant définie dans aucun code – mais qui précisément, en cela même, cadre parfaitement avec le personnage : je dis n’importe quoi, je brasse de l’air, j’enfume, donc j’existe…
Nous avions évidemment commenté, en leur temps, ces deux insanités. [Voir plus bas].
Cette fois-ci, c’est différent. Mais, en un sens, plus grave peut-être pour le candidat des Banques et du Hollandisme, de la droite et de la gauche, du centre et de tout et de n’importe quoi, pourvu que « ça marche » ! Car, on a beau dire et beau faire, le ridicule, s’il ne tue plus, fait quand même encore un peu mal. Parce qu’il met en pleine lumière la vérité vraie d’un personnage. C’est en cela que le ridicule peut encore être dévastateur.
Or, Macron, dans son affligeant spectacle – paraît-il improvisé – à la Réunion est apparu ridicule. Pensant probablement « faire jeune », « faire peuple », il a fait monter un enfant de six ans sur scène, puis un quidam qui, une fois sur l’estrade, ne voulait plus en partir, un chauffeur de taxi se plaignant de la complexité administrative, un homme âgé partisan des médecines naturelles, un sourd-muet et un non-voyant défendant la cause des personnes handicapées… Arrêtons-là cet inventaire à la Prévert, c’est Pascal qui a raison : « Qui veut faire l’ange fait la bête… » Cette mascarade de la Réunion a montré le personnage tel qu’il était au fin fond de lui-même : profondément creux, et tentant de masquer ce creux abyssal par un nuage de fumée, le plus épais possible. Le « hic » c’est que, manifestement, les gens se sont rendu compte de cette vacuité : dans une salle à moitié vide au début, le public, sans doute lassé de cette pitrerie, quittait l’endroit par vagues, nous disent les journalistes. Forcément, quand on vient pour de la politique, voir et entendre un bateleur d’estrade, cela lasse rapidement…
Macron s’est donc laissé apercevoir tel qu’en lui-même. D’autant plus que, à peine la page de la Réunion tournée, il a cru utile de déclarer – à propos de la Guyane – que « bloquer l’île » n’était pas admissible ! La chaleur ? La fatigue ? Certes, nous commettons tous des lapsus et, en l’occurrence, il n’y a pas mort d’homme. Mais, enfin, nous ne sommes pas tous candidat à l’élection présidentielle, et, s’il n’y a pas mort d’homme, ce n’est quand même pas très sérieux de parler d’île en évoquant la Guyane !
Macron nous permettra, ainsi, de finir ce grain de sel par un sourire, en rattachant son immortelle déclaration à celle, non moins immortelle de Jean-Louis Debré déclarant, à propos de la Corse, qu’il n’imaginait pas l’avenir de l’île… séparée du continent !
Admirables Emmanuel Macron et Jean-Louis Debré ! •
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Monsieur Macron a repris à son compte la technique annoncée par Joseph Goebbels » Nous ne parlons pas pour dire quelque chose, mais pour produire un certain effet ». Leurs propos ( ceux de Macron, par anticipation ) ont été bien analysés dans le bel ouvrage de Jacques Ellul consacré aux techniques de la propagande. Mais ces analyses s’appliquent sans doute aussi à tous les politiciens de notre démocratie de basse époque.