« Concert organisé par les Russes dans le même amphithéâtre qui vit la mise en scène macabre des islamistes. Le plus grand orchestre de Moscou y joua Chostakovitch »
Par Antoine de Lacoste
Pour la deuxième fois en moins d’un an, l’armée syrienne a repris Palmyre.
Conquise par l’Etat islamique en mai 2015, la perle du désert avait été reprise une première fois en mars 2016 par les troupes loyalistes aidées de l’aviation et des forces spéciales russes.
Dans l’intervalle, des dizaines de soldats et de civils avaient été égorgés dans les ruines majestueuses de l’amphithéâtre romain. Parmi eux, Khaled el-Assad, 82 ans, responsable des antiquités de Palmyre depuis quarante ans. Une sommité mondiale qui avait refusé de quitter les lieux. De plus, deux temples, parmi les plus beaux au monde, avaient été détruits par des charges explosives.
La reconquête de mars 2016 avait laissé beaucoup d’espoir : Daech ne reviendrait jamais et la restauration du site allait pouvoir être étudiée.
Pour parachever ce succès, les Russes organisèrent un concert dans le même amphithéâtre qui vit la mise en scène macabre des islamistes. Le plus grand orchestre de Moscou y joua Chostakovitch et l’Unesco remercia la Russie pour son action décisive. La France, tout à son soutien des islamistes « modérés » et sa condamnation purement idéologique de l’intervention russe, fut un des seuls pays occidentaux à garder un silence hostile.
Mais Palmyre n’est pas Damas : son intérêt stratégique est nul et sa position isolée en plein désert, à quelques dizaines de kilomètres de Raqua, capitale de l’Etat islamique, en fait une proie facile. Pour la protéger efficacement, il aurait fallu laisser sur place des milliers d’hommes aguerris, prêts à résister à une offensive éclair des islamistes.
Cette éventualité n’était pas possible alors que l’armée syrienne souffre cruellement de manques d’effectifs. Surtout, la grande bataille d’Alep allait commencer. Son issue allait décider du sort de la guerre et, bien évidemment, ni les Russes ni les Syriens n’ont envisagé de laisser dans l’inaction des effectifs importants dans une garde statique en plein désert.
Daech n’étant pas concerné par la bataille d’Alep où d’autres factions islamistes étaient opposées aux troupes loyalistes, il a n’a pas laissé passer l’occasion de lancer une offensive massive en décembre dernier et de bousculer les maigres effectifs syriens laissés sur place.
Ces derniers n’ont que peu résisté et certains d’entre eux, après leur capture, ont connu le sort qui attend ceux qui ont le malheur de tomber entre les mains des barbares de l’Etat islamique.
Symboliquement, les islamistes ont détruit la façade de l’amphithéâtre romain où avait eu lieu le concert ainsi que le tétrapyle construit en 270 après Jésus-Christ où seules quatre des seize colonnes sont encore debout.
Ils comptaient d’ailleurs cette fois tout détruire mais la rapidité de l’offensive syrienne les en a empêchés. En revanche, ils n’ont pas manqué l’occasion d’incendier le site gazier de Hayan, situé à quelques kilomètres de là.
Le Général russe Sergueï Roudskoï a donc tenu parole. Après la chute de Palmyre en décembre dernier, il avait affirmé la reconquérir d’ici quelques semaines. Mais la situation reste fragile : les chars de Daech (pris à l’armée syrienne dans les premiers mois de la guerre) ne sont qu’à quelques kilomètres et une contre-offensive est toujours possible.
Un point très positif doit toutefois être souligné : l’essentiel de l’effort au sol a, cette fois, été accompli par l’armée syrienne et non par les forces spéciales russes. C’est une unité d’élite, récemment formée par les Russes, qui a notamment repris la centrale électrique de Palmyre, début de l’offensive victorieuse. Cette unité, qui s’est baptisée « les tueurs de Daech », est la première du genre. D’autres suivront certainement et cela augure bien de la suite du conflit pour, enfin, vaincre les islamistes. •
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