Loin d’être une « île
», comme un candidat à la présidence de la République s’est imprudemment risqué à la qualifier, la Guyane française est une survivance d’un temps où notre pays rayonnait jusqu’aux antipodes. Les remous économiques et sociaux qui secouent régulièrement ces lointaines et exotiques dépendances devraient nous amener à reconsidérer l’opportunité de les conserver dans notre giron. Du moins, en l’état.
Certes, la Guyane représente, à l’instar de Mayotte ou de la Nouvelle-Calédonie, une façade maritime d’importance. Sans faire de notre pays une thalassocratie écrasante, ces vestiges coloniaux lui permettent de tenir son rang dans le concert des puissances maritimes et commerciales mondiales. La Guyane est également le “Cap Canaveral” hexagonal, depuis que le général de Gaulle, en 1965, y a installé le centre spatial et sa base de lancement. Et pourtant, ce département est loin d’être béni des dieux. Dans un article paru dans Le Figaro (28 mars 2017) un haut-fonctionnaire dresse, sans fard, le tableau de la deuxième région française par la superficie : « La Guyane est depuis longtemps une véritable poudrière. Le taux de chômage y atteint plus du double de celui de la métropole : 22 %. Le taux de criminalité y est quatorze fois plus élevé.
[…] Le taux de fécondité par femme atteint les 3,4 enfants (1,9 en métropole), soit un taux de natalité de 27,6 pour 1 000 habitants.
[…] Les phénomènes migratoires y sont considérables. La population de ce territoire est composée à 45 % de ressortissants étrangers, la plupart issus de l’immigration du Surinam. L’orpaillage, c’est-à-dire l’exploitation de l’or dans la forêt amazonienne par des trafiquants et contrebandiers, est la source essentielle de la criminalité violente et entraîne des phénomènes de pollution au mercure désastreux pour l’environnement et la santé de la population locale. Tous les facteurs objectifs d’un chaos généralisé se trouvent donc réunis en Guyane.
» Tout comme Mayotte, la Guyane concentre la quintessence des malheurs français.
Tragédie écologique
Ce n’est que l’écume des événements, car la « grève générale
» du 27 mars est le révélateur de blocages qui ne sont pas uniquement sociaux ou économiques. La Guyane se caractérise par un consumérisme exponentiel que la présence envahissante des grandes surfaces vient évidemment renforcer. Il s’ensuit une réduction dramatique des espaces naturels, dévorés par une urbanisation galopante aux incalculables conséquences écologiques. De cette triangulation opérée par « la fonctionnarisation, l’hyperconsommation et l’éclatement de l’urbain
», il résulte « une déstructuration et une recomposition du tissu social s’incarnant dans la montée de l’individualisme et la dilution des valeurs traditionnelles, héritées de la plantation
». explique Cédric Audebert, chercheur au CNRS. Implacable constat d’une tiers-mondisation manifeste d’une partie du territoire français, laquelle s’analyse comme un processus de paupérisation progressive des peuples et des cultures colonisées. La fallacieuse décolonisation, revêtue des atours républicains de la départementalisation (ou de la régionalisation) ne pouvait conduire qu‘à d’inexorables et graves déconvenues.
Les nuées de l’égalité
Dans un texte magistral écrit en 1934, Charles Maurras observait que de « François Premiers à nos jours, le vrai colon français ne s’est jamais embarrassé des ridicules nuées de l’égalité, ni des rêves de liberté démocratique et républicaine : mais il a toujours reconnu son devoir de fraternité – la fraternité d’un aîné
». Le jacobinisme niveleur, même à des milliers de kilomètres de la métropole, a toujours manqué l’opportunité décentralisatrice, mieux, fédéraliste. Citant un député de la Guadeloupe d’alors, Maurras voulait pour preuve de l’échec du régime son incapacité à se doter d’un « programme colonial d’ensemble
» l’empêchant d’avoir « une politique sage et cohérente
». La prétendue « mission civilisatrice
» (selon Jules Ferry et Léon Blum) que la République entendait poursuivre dans ses dépendances ultra-marines, à la suite de la Monarchie et du Second Empire, était empreinte d’un racisme à la fois paternaliste et bienveillant. Maurras, encore, ne s’y trompait guère lorsqu’il fustigeait le racisme occupant « une position tout à fait contraire à l’esprit de nos traditions
», avant d’asséner : « C’est le racisme qui a tort.
» Dans ces colonnes, bien des décennies plus tard, Alain de Benoist remarquera, à son tour, que « l’universalisme politique est toujours gros d’un ethnocentrisme masqué
». Nous serions enclin à répondre au fonctionnaire précité, s’alarmant que « la perte de la Guyane ne serait pas seulement tragique, elle serait désastreuse, irréparable sur le plan géopolitique
», que c’est d’abord notre politique métropolitaine qui est désastreuse et que la plus naturelle des géopolitiques consisterait à respecter le terreau anthropo-sociologique, suivant le précepte antique du noli me tangere appliqué aux peuples colonisés. Mais la République n’est pas la monarchie et Hollande – ou son successeur – n’est pas Lyautey. •
Action Française 2000
Très bonne et intéressante réflexion sur la colonisation et nos « poussières d’Empire ».
La Guyane est stratégiquement indispensable à cause du Centre spatial mais « phare de lumière » avec un coût de la vie d’un niveau métropolitain augmenté de celui du transport elle n’est pas compétitive économiquement « dans l’océan de misère » à bas coûts. Donc il faut payer en particulier avec « l’argent braguette ».
Pour limiter l’immigration, il faut supprimer la pompe aspirante des aides sociales aux étrangers et expulser à tour de bras comme je l’ai vu faire il y a 20 ans.
Voir mon article dans la NRU n°37 de juillet 2014.
Général (2s) Jardin, chef d’état-major des Forces armées en Guyane (93-95)
tres bonne reflexion
tres bien
cordialement
tres bonne reflexion
tres bien
cordialement
Je veux bien croire que jadis ou naguère ces confettis onéreux aient pu être pour la France de quelque utilité ; il y a quelques années (ou décennies) on parlait de « notre » domaine maritime, le deuxième plus important du monde paraissait-il, source de richesses innombrables et non encore exploitées : pêche et nodules polymetalliques (!).
Tu parles ! La Guyane, comme Mayotte, sont des boulets qui n’ont jamais servi à rien qu’à importer sur notre territoire des populations de moins en moins assimilables. Et je fais des vœux pour n’avoir pas à écrire la même chose des Antilles et de la Réunion dans quelques années…
Quand je pense que le brave Pierre Pujo tenait à honneur d’avoir contribué à conserver à la France l’islamique Mayotte, première maternité de notre pays submergée par les flux des Comores voisines…
La Monarchie, régime ductile, souple, adaptée aux évolutions du Monde aurait certainement su nous débarrasser de ces scories avant qu’il ne soit trop tard…
(Ah ! Et surtout qu’on ne me dise pas qu’il faut garder la Guyane « pour Kourou » : Kourou fait vivre la Guyane et si elle était indépendante, on pourrait lui payer une redevance d’occupation qu’elle serait ravie d’accepter… Les États-Unis sont bien restés à Guantanamo…).
Bien que cela me fasse mal, je crains bien que tu n’aies raison, mon cher Pierre.
Je partage l’avis de Pierre Builly et Antiquus.
De Gaulle a sans-doute commis une erreur lorsqu’il décida de ne pas inclure nos « poussières d’Empire » dans le processus de décolonisation.
Oublions Pujo !