Illustration : Action française Provence
DÉBAT – Éric Zemmour et Nicolas Domenach reviennent sur la réponse des États-Unis après l’attaque chimique imputée au régime syrien [RTL 7.04].
On ne sera pas étonné si nous disons que c’est dans les réflexions d’Eric Zemmour que nous trouvons les vraies réponses. LFAR
Version RTL du débat …
Quelques heures après les mots, Donald Trump est passé aux actes. Jeudi 6 avril, les États-Unis ont envoyé 59 missiles sur la base syrienne, en réponse à l’attaque chimique perpétrée par le régime, à l’origine de la mort d’au moins 86 personnes, dont 27 enfants. La veille, le Président américain avait dénoncé « un affront pour l’humanité », tout en affirmant que sa position « sur la Syrie et Assad avait beaucoup changé ». Mais rien ne laissait présager une riposte aussi rapide. Du côté de la Russie, alliée de Bachar al-Assad, on condamne ces frappes, qui auraient fait 6 victimes, selon l’armée syrienne. Vladimir Poutine a dénoncé une « agression » contre la Syrie, « en violation des normes du droit international, (se fondant) sur des prétextes inventés ».
« Avec Donald Trump il y a deux lectures », estime Nicolas Domenach. « Soit vous pensez qu’il rend le monde encore plus dangereux, ou alors vous évoquez la « stratégie de l’homme fou », un terme qu’avait employé Kissinger à propos de Nixon pendant la guerre du Vietnam. Il disait que la violence imprévisible de Nixon était une garantie de paix, parce qu’il imposait le respect aux autres, mais aussi la peur, la peur de l’apocalypse », raconte l’éditorialiste.
Pour Éric Zemmour, cette stratégie s’applique également au dictateur syrien. « Je ne comprends pas pourquoi Assad a fait cela, il n’a aucun intérêt. Il était en train d’être reconnu par les Américains. L’explication pourrait être qu’il veuille en imposer par son hyper violence pour être irrévocable, mais la stratégie est bizarre », poursuit-il.
La stratégie américaine « prend tout le monde à contre-emploi »
Cette intervention des États-Unis en Syrie, « elle prend à contre-emploi tout le monde », continue Éric Zemmour. « Moi qui était plutôt favorable à Donald Trump et à son idéologie non-interventionniste, je suis pris à contre-pied, et les gens qui sont contre lui au nom des droits de l’Homme sont pris eux aussi à contre-pied puisqu’il fait exactement ce que Barack Obama n’a pas osé faire. C’est un moment étrange qui défie les analyses ».
Les deux éditorialistes sont ensuite revenus sur le rôle de la communauté internationale. « Elle n’existe pas », tranche Éric Zemmour. « Il y a des nations qui défendent leurs intérêts, et on a inventé un mythe qui a pour nom la communauté internationale ». Si Nicolas Domenach reconnaît qu’elle « est trop souvent impuissante », il estime de son côté qu’il « va se passer quelque chose ». « Ils se réunissent, ils parlent, ils peuvent agir, je pense que ça va bouger », conclut-il. •
C’est effectivement une affaire bizarre. D’abord, il faut se poser la question de savoir si le bombardement au sarin a bien été le fait de l’armée syrienne. Bachar avait en effet donné sa parole à Poutine qu’il n’avait plus un gramme de ce gaz neurotoxique. S’il en avait conservé, Poutine perdrait la face. On ne voit pas très bien l’intérêt de chacun. La lecture des infos dans l’agence SANA, source unique du côté de Damas depuis la fermeture d »‘infosyrie ». SANA nous dit: « les USA n’ont tenu aucun compte de ce qui s’est réellement passé’. Autrement dit, il y a là
un « coup tordu ». Qui peut avoir fait une opération aussi bien montée, aussi cynique aussi (car il y a 67 morts)? Je ne répondrai pas à la question, mais un simple regard sur les services secrets à l’oeuvre permet d’envisager une hypothèse que je préfère garder pour moi. Un autre élément doit attirer notre attention. Il s’agit d’une base aérienne qui a été bombardée par l’USAF. Or ce bombardement de 70 missiles tomahawk a fait….6 morts, et apparemment aucun avion ni hélico détruit, seulement des bâtiments et hangars. Ce qui laisserait penser que cette action militaire américaine aurait « fuité » comme par hasard. Enfin, côté Trump, cette « frappe » (j’utilise le mot dans son sens journalistique, pas d’équivoque.) a des effets intérieurs aux Etats Unis très positifs: elle désarme les ennemis et fait plaisir au lobby pro-israélien. Bref, un numéro d’illusionnistes.
Juste quelques remarques. 1/ Sur les effets militaires : http://www.bbc.com/news/world-middle-east-39561102. 2/ 59 cruise missiles cela fait très très mal – précis à 10 mètres…. 3/ Le premier destinataire du message était XI et son protégé nord-coréen. Il l’a reçu 5/5 et en direct. 4/ Militairement Putin n’est pas au niveau, et il a été avisé à temps. Ne reste que la parole. 5/ L’art du contre-pied n’est ce pas l’art politique à son sommet ? 6/ Pour Antiquus , le « lobby pro-israélien » je le lui laisse bien volontiers, mais Israël n’est certes pas contre le fils Assad, Les IAF se contentent de cogner sur les mercenaires libanais quand, où et comme ils le veulent en avisant juste les russes à l’avance.
Les israéliens ont soutenu, n’en déplaise à M. Salvignol, et soutiennent encore les rebelles de bien des manières. Avigdor libermann avait d’ailleurs dès 2011, soit avant le début des troubles, annoncé que l’état israélien allait très bientôt s’occuper de Bachar. Quant au Hezbollah, l’appeler « mercenaire » me paraît discutable.
Theresa May – Dans The Times ce matin : « Theresa May threw her weight behind efforts to impose sanctions on Russia over its backing for President Assad last night in the face of European opposition.
The prime minister said after a 20-minute call with Donald Trump that the US president had created a “window of opportunity” for Vladimir Putin to change course.
She also backed his efforts to apply pressure on China to curb North Korea and supported his toughening position against Iran’s influence in the Middle East. » À qui se fier dans le camp des peuples en révolte ?
C’est « le monde d’avant » qui revient. Coucou , c’est la démocratie. Trump a-t-il fait long feu. Est-il une simple baudruche US ? Molnar avait prévenu : les Américains n’ont pas de retenue face à la guerre. Ils ne l’ont vécue que de loin …
L’actualité va trop ,vite et on voudrait répondre « a chaud » chaque jour a tous les articles et commentaires trés interessants de LFAR .D’un autre coté les réactions dans l’urgence ont aussi leurs inconvenients……
je suis de moins en moins perplexe face a la réaction de Trump en Syrie.
Elle a deux ordres de causes qui ,réunies,l’éclairent a mon sens trés bien. L’un de politique interieure et l’autre de politique étrangere.
Je ne comprends par contre pas bien la perplexité de Zemmour qui a bien vu que Trump avait pris ses adversaires (La » médiacratie vociférante » attachée a ses basques) a contre-pied et n’en tire pas la conclusion qui s’impose : pour la premiere fois depuis son élection Trump s’est inscrit dans le cadre du consensus bien-pensant ! Domenach ,un de ses représentants français en étant réduit ,pour ne pas l’approuver a invoquer la grotesque « stratégie de l’homme fou ».
L’électorat de Trump était globalement d’accord ,par lassitude et souci d’économie avec l’idée d’un relatif désengagement du guepier syrien.Mais l’intervention armée lui a paru juste moralement (Les américains croient dur comme fer qu’ils sont les garants du Bien dans le Monde……) et Trump a bien pris soin de lui donner un caractere punitif ,mais limité :je n’ai pas vu les enquetes d’opinion US sur la question mais je suis sur que l’approbation a été massive ,a l’évidence….
Par ailleurs il est également évident que Trump a envoyé un message clair a Poutine ( Et a contré au passage les accusations de connivence avec lui de ses adversaires, ).
Poutine pousse ses pions dans le monde musulman : réunion des Pays sunnites au Kazakhstan ,confluence d’interet avec l’Iran Chiite et avec la Turquie ,percée au Maroc etc…. Il est incontestable que l’année écoulée a vu le retour de la Russie au premier plan de la politique mondiale.
Meme si Trump a paru admettre le fait que le Monde était devenu multipolaire il est trop un patriote americain pour accepter que les USA ne soient qu’un des partenaires autour du grand échiquier mondial : » America First » » a un double sens . Le role d’un President US est de defendre la prospérité américaine ,mais aussi son leadership mondial (Et accessoirement de montrer au peuple qu’il le fait…..)
Il me semble que l’intervention US en Syrie a rempli tous ces objectifs…….
Je comprends bien ce que vous dites. Trump est trop américain et patriote pour renoncer au leadership mondial US. Mais pourquoi est-ce incompatible avec une bonne entente avec les autres puissances dont la Russie ? Est-ce que son leadership ne pourrait pas prendre la forme et les pratiques d’une certaine équanimité ?
dans un monde de bisounours peut-etre ,mais la politique internationale comme nationale est brutale ,cruelle,et ne connait que les rapports de force,,et Poutine était en train de trop monter en puissance,ou en tout cas d’y pretendre……(Plutot du poker que des echecs ,si on y pense….).Tout en prenant a contre-pied ses adversaires interieurs et de la bien-pensance internationale Trump a montré les crocs a un rival pour le remettre a son rang .On voit ça tous les jours dans les documentaires animaliers.
Donc Trump qui est un bien étrange personnage a notre point de vue « vieux-continental » ,mais au fond un americain bien normal n’est ni le fou ni l’idiot qu’on nous presentait mais un bon tacticien .L’incertitude demeure sur lce que sera vraiment son quinquennat .Pour le moment avantage a lui sur ses adversaires
Excellent point de vue de Richard Portier. Sauf sur un point majeur : Le quinquennat aux USA n’est jamais qu’un quadriennat ! Je blague bien entendu…