PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS
Le besoin de justice, qui est le frère jumeau de la passion du droit est au fond du tempérament français. On le sait.
La royauté capétienne tenait son autorité de la qualité de sa main de justice reconnue et recherchée par les peuples. Se placer sous la souveraineté du Roi de France était une assurance d’être bien et droitement jugé. La liberté et la prospérité s’ensuivirent.
On ne peut pas dire que la justice soit la grande oubliée de l’élection présidentielle puisque, d’une certaine façon, sa présence la domine. Mais cette domination perverse peut faire craindre le pire, pour l’avenir.
Ne mesurant pas les conséquences pour l’institution tout entière, le parquet financier a pesé de tout son poids pour tenter d’écarter de la compétition présidentielle le candidat qui semblait le mieux placé pour l’emporter.
Ce candidat et les autres avaient-ils un programme pour la justice ? Nul ne le sait puisque nul n’en parle. Au vu de ce qui s’est passé, ce serait fort inconvenant. Mais, aurait-il un programme, quel candidat pourrait l’appliquer ?
Réformer la justice en France, c’est-à-dire mieux former les magistrats et les avocats, réformer les études de droit et les fondements de la législation, nettoyer, élaguer et réécrire en français les grands codes – civil et pénal. Rendre aux professions et aux métiers la possibilité de s’organiser judiciairement, la justice de l’État n’intervenant qu’en appel, est une oeuvre qui peut s’entamer très vite par ordonnance, mais suppose, pour être menée à bien, une volonté continue et effective du chef de l’État pendant au moins dix ans… Soit deux quinquennats, sans interruption électorale.
Autant dire qu’un tel chantier n’a aucune chance d’être ni ouvert, ni, si par un effet d’annonce, il était quand même inscrit sur le papier, conduit jusqu’à son terme.
Nous vivons donc dans la continuité des errements passés jusqu’au jour où le besoin de justice et de passion du droit exacerbés par la violence des situations pousseront le peuple à demander, comme les grenouilles de la fable, que Jupiter leur envoie un Roi.
Tous ceux qui pensent, qui parlent et qui écrivent seraient bien inspirés à devancer cet instant. Les restaurations douces sont plus fortes et plus fécondes que les principats nés des affrontements sanglants.
Aujourd’hui, pour les élites, la vraie charité politique et la seule action efficace seraient de faire, au plus tôt, un Roi. •
En prolongement du point de vue exprimé par Jacques Trémolet de Villers, je me demande combien de français seraient capables d’entendre son propos. Le pays semble baigner dans l’irréelle ivresse des discours de candidats marginaux (Poutou, Arthaud, Mélanchon, Le Pen et quelques autres) qui n’ont rien à perdre à promettre des lendemains qui chantent après avoir tout détruit : l’euro, l’Union Européenne (pour copier les anglais sans doute), la sortie de l’OTAN, l’ouverture ou la fermeture totale des frontières, plus de prison ou moins de prisons, etc. c’est selon. Dans un tel climat « républicain » où tout le monde peut rêver de n’importe quoi comme les média s’en font souvent l’écho, parler du roi serait sans doute inaudible car trop sérieux mais peut-être pas.