Conférence donnée à Marseille, le 3 mars 1988, sous la présidence de Pierre Chauvet, au siège de l’Union Royaliste Provençale. Titre : « L’horizon politique, le Prince chrétien ». [Durée : 1 h 46].
Nous hésitons toujours à diffuser cette conférence – pourtant exceptionnelle – de Pierre Boutang.
A cause de sa médiocre qualité technique, pour commencer : l’enregistrement a presque trente ans ; et, même pour l’époque, ce n’était pas un travail de professionnel…
Ensuite, Boutang lui-même donne à sa conférence un aspect décousu, alors qu’elle est, en réalité, très construite. Ordonnée mais foisonnante et familière. A son habitude. D’ailleurs, ce soir-là, on est nombreux mais en famille.
Qu’importe ! Une conférence de Pierre Boutang, d’une heure trois-quarts sur la situation de la France, de l’Action française, du royalisme français et, si l’on veut, de la mouvance maurrassienne, cela est sans analogue. Il n’en existe pas d’autre.
Et quelle meilleure pièce à verser au débat rouvert par Jean Birnbaum dans Le Monde ! Il pourra y vérifier les rapports de fidélité – infidélité de Boutang à Maurras et à l’Action française, leur degré et leur nature respectives ; il verra si Boutang y apparaît comme « ce fils qui a mis à mort un père aimé et défaillant » ; il verra bien aussi s’il y trouve confirmation d’un Boutang « acceptant désormais la République » ; sans-doute constatera-t-il encore que parmi les sujets de préoccupation grave dont traite Boutang [l’islam, l’Allemagne, l’extrême fragilité de notre civilisation … ] Israël – quoi qu’il aurait pu en dire – n’est pas du tout évoqué. Etc…
Il y a, nous semble-t-il, une autre raison, conjoncturelle celle-là, de trouver un intérêt particulier à cette conférence. Donnée à Marseille le 3 mars 1988, elle tombe en pleine période préélectorale. Le 1er tour de l’élection présidentielle qui verra la réélection de François Mitterrand, est fixé au 24 avril, soit à moins de deux mois. En introduction, Boutang rappelle le sujet – pour lui en rien anachronique – de sa conférence : « le seul horizon politique : le Prince chrétien ». Il énumère les constitutions et les régimes, toujours faillis, que la France a connus depuis la Révolution ; il évoque l’échéance présidentielle toute proche, passe en revue les candidats, caractérise chacun d’eux en quelques phrases, non pas indifférent mais avec distance ou, si l’on préfère, avec détachement, et constate in fine pour situer son sujet dans le contexte politicien : « C’est très ennuyeux : Tout le monde s’occupe justement de ce qui n’est pas mon souci ».
Y a-t-il là comme un exemple pour l’Action française et, au-delà pour les royalistes, les patriotes, d’aujourd’hui ? Nous le croyons. S’il faut établir une hiérarchie entre notre participation à l’enjeu électoral en cours [elle va de soi] et notre véritable horizon, l’avantage va à l’évidence au second terme. Telle est ici, nous semble-t-il, en la circonstance, la leçon de Pierre Boutang. •
Quand on écoute ou réécoute Pierre Boutang, on mesure ce que l’Action française – pensée et engagement – a eu et a d’incomparable et de supérieur. Le tout est de la maintenir à un tel niveau. Le plus possible, du moins.
Avez-vous remarqué que, dans ses rencontres et réunions électorales, Mélenchon porte la veste à col rond qu’affectionnait Boutang ? Mélanchon serait-il un royaliste inavoué qui aurait tué le père ?…
Franchement, je ne crois pas.
Il est vrai qu’il y a chez Mélenchon une forme de patriotisme de type communard, quarantehuitard , ou, pire, conventionnel. Contradictoirement mêlé de vieux restes de l’Internationale. Rien à voir avec Boutang.
Il est vrai qu’il.parle une belle et bonne langue française, tantôt recherchée, tantôt famillière; vrai aussi qu’il est le plus « philosope » des candidats.
Sa haine religieuse, son révolutionnarisme foncier l’écartent définititivementvde tout boutangisme.
Un goût commun ppour les vestes à col rond est, me semble-t-il leur seule ressemblance. Peut-être avec une certaine propension à l’enguelade et à la véhémence. Rien sur le fond.