C’est le 14 avril 1802 que Chateaubriand fit paraître cet ouvrage magistral. Nous sommes donc un peu en retard pour signaler cet événement – l’actualité et notre campagne électorale, si nulle et si misérable, en sont la cause – mais il convient d’y revenir, afin de montrer combien cet ouvrage est de plus en plus d’actualité, aujourd’hui.
Pourquoi ?
A cause de la déchristianisation galopante, voulue et organisée par un Régime et un Système sans roi et sans Dieu – selon la définition de Jules Ferry – car ils se pensent comme la nouvelle religion républicaine, dont le but premier est de remplacer « l’autre », la traditionnelle, bref la chrétienne. Et donc, dans cette guerre à mort quotidienne qui lui est livrée depuis les Encyclopédistes, le Christianisme nous arrive aujourd’hui – malgré d’incontestables signes de santé… – considérablement affaibli, au moment où, pour la troisième fois, l’Islam agresse l’Europe.
Les Encyclopédistes, leurs héritiers révolutionnaires, et la république idéologique d’aujourd’hui, héritière de l’une et des autres, portent donc une immense responsabilité dans cette fragilité de la France et de l’Europe, au moment où s’oppose à elles une religion – pour paraphraser de Gaulle – « sûre d’elle et dominatrice ».
Quand Chateaubriand fit paraître son ouvrage, on sortait de la Révolution elle-même, et de son entreprise aussi inouïe qu’insensée de démolition du Christianisme. Le livre eut un succès considérable, et ne contribua pas peu au sursaut des consciences, et au renouveau spirituel du XIXème siècle.
C’est un peu – toutes proportions gardées – au même sursaut des consciences, et au même renouveau spirituel que nous devons tendre aujourd’hui, face à un Islam conquérant, alors que, précisément, la nouvelle religion républicaine, qui a fait tant de mal à toutes les traditions constitutives de la France, est elle-même en piteux état : on peut même dire que sa seule et dernière force est la force d’inertie, et qu’elle ne tient plus debout que par le simple effet de cette seule force d’inertie. Parce qu’elle est là, qu’elle a la chance d’être au pouvoir, et c’est tout.
Aujourd’hui comme hier, c’est à un réarmement moral et spirituel de la France (pensons à Saint-Exupéry…) qu’il faut œuvrer. Et c’est là qu’une œuvre écrite il y a deux siècles trouve toute sa plus brûlante actualité.
Aujourd’hui comme en 1802 – c’est Chateaubriand qui parle – « il est temps qu’on sache enfin à quoi se réduisent ces reproches d’absurdité, de grossièreté, de petitesse qu’on fait… au christianisme, il est temps de montrer que, loin de rapetisser la pensée, il se prête merveilleusement aux élans de l’âme… »
Et aujourd’hui aussi, comme en 1802, il faut l’affirmer haut et fort, surtout face aux prétentions d’un Islam d’autant plus arrogant qu’il sent la faiblesse, le vide, le rien en face de lui :
« …De toutes les religions qui ont jamais existé, la religion chrétienne est la plus poétique, la plus humaine, la plus favorable à la liberté, aux arts et aux lettres. Le monde moderne lui doit tout, depuis l’agriculture jusqu’aux sciences abstraites, depuis les hospices bâtis pour les malheureux jusqu’aux temples élevés par Michel-Ange et décorés par Raphaël. Il n’y a rien de plus divin que sa morale, rien de plus aimable, de plus pompeux que ses dogmes, sa doctrine et son culte ; elle favorise le génie, épure le goût, développe les passions vertueuses, donne de la vigueur à la pensée, offre des formes nobles à l’écrivain et des moules parfaits à l’artiste. »
Le Génie du Christianisme ? Un livre pour le temps présent, à lire d’urgence, et à diffuser sans modération… •
Merci à LFAR de remettre en avant cette oeuvre magnifique et cet écrivain de talent.