Rudolf Valentino dans « Le fils du Cheik »
Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Péroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam, et il travaille maintenant à Casablanca pour le 360, l’un des principaux titres de la presse francophone en ligne au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
Début 2009
Depuis des décennies j’entends vanter, je vois des photos du film de Georges Melford avec Rudolf Valentino, Le fils du Cheik (et non pas le Cheikh, la première orthographe étant la bonne, en français classique du moins). Je ne l’avais jamais vu. Je le visionne enfin. La copie de cette oeuvre américaine de 1921 est excellente. Les explications en français – le film est muet – sont correctes, claires. Les cavalcades sensées déferler dans le Sahara algérien, près de Biskra, les envolées de burnous sont excellentes.
Sans moustache, avec son visage un peu « veau bouilli », Valentino ne paraît guère être le cheik arabe qu’il joue – une sorte de prince musulman ayant enlevé au Casino de Biskra, lors d’une soirée réservée aux mahométans, une lady Diana avant la lettre (c’est d’ailleurs exactement son appellation dans le film…), friande d’hommes exotiques mais faisant des manières avant de s’abandonner à l’émir…
Elle a peur, en l’épousant, de « choquer son milieu ».
Passe encore… mais ce qui ne passe pas, c’est la révélation finale du film : le cheik Ahmed est « de père anglais et de mère espagnole », élevé au Sahara par un dignitaire arabe l’ayant recueilli in situ après la disparition de ses parents, et lui ayant donné une éducation arabo-française… Bref, le jeune homme, une fois débarrassé de son arabité, peut être pris par la main, sans honte, par la haute demoiselle anglaise…
Si ce n’est pas là un cas de « racisme », qu’est-ce que c’est ? Le « racisme » selon la définition, du moins, qu’en donne notre époque… •
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