Par Antoine de Lacoste
François-Xavier Bellamy est un brillant et séduisant philosophe catholique, espèce particulièrement rare. Son livre sur « Les Déshérités ou l’urgence de transmettre » a été lu et apprécié par de nombreux lecteurs, à juste titre. Il a parfaitement analysé et jugé la faillite de l’Education Nationale qui, elle, ne transmet plus grand chose.
Jusqu’à présent notre jeune penseur ne faisait pas de politique, ou si peu : Maire-adjoint de Versailles depuis 2008, sans étiquette, cela n’en fait pas un professionnel de la politique. Il y est délégué à la jeunesse et fonde les Vendredi du Rock qui ont paraît-il un grand succès.
Y a-t-il urgence à transmettre la culture du rock ? Cela ne semble pas évident mais passons.
Il travailla également quelques mois au cabinet de Rachida Dati pour y rédiger ses discours.
Le tournant qui est en train de s’opérer c’est que Bellamy a été investi par Les Républicains pour les prochaines élections législatives. S’il est élu, ce qui est probable à Versailles, notre philosophe va donc changer de métier et exercer la fonction de député.
Mais entrer dans la cour des grands a un prix. Ce prix s’appelle Front National. Sommé, au cours d’émissions de radio, de se déterminer pour le deuxième tour de la présidentielle, il a esquivé tout en dénonçant cette tyrannie.
Cela n’a pas dû suffire : il faut condamner pour être adoubé. Surtout si l’on est suspect : Manif pour Tous, Veilleurs, catholique, transmission, le passif est lourd.
Alors notre plumitif a commis une tribune dans Le Figaro (qui se surpasse ces derniers jours…) du 27 avril : « A droite, tout est à reconstruire, tout commence. »
Après avoir éreinté (avec talent) le grand favori et « sa stratégie marketing », il entre ensuite dans le vif du sujet et attaque impitoyablement : « Le Front National apparaît pour ce qu’il est : une formidable machine à empêcher le renouveau et à maintenir en fonction les tenants de la déconstruction. Mme Le Pen avait fait élire François Hollande en 2012 et elle s’apprête à rééditer l’exploit. »
La surprise est grande, à double titre : non seulement par la mauvaise foi du propos mais aussi par sa stupidité. La politique, ou l’ambition, obscurcit l’intelligence parfois.
Mauvaise foi car l’absence ou la présence de Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle ne change rien pour lui : c’est quand même de sa faute. Son crime est d’exister et surtout d’avoir beaucoup de voix, ce qui en effet dérange. En 2012 elle aurait donc fait élire Hollande en refusant de choisir. Mais que s’apprêtait à faire Sarkozy ? A voter Hollande contre elle s’il avait été éliminé.
Et en 2017, le crime est pire puisqu’elle pousse l’outrecuidance à être présente au second tour. Pourquoi y est-elle avec Macron d’ailleurs ? Peut-être parce que les électeurs français ne veulent plus des deux partis qui ont exercé le pouvoir ces dernières décennies. Avant de devenir le salarié de l’un des deux, notre philosophe devrait y réfléchir.
Et d’autre part qui sont les tenants de la déconstruction ?
Mitterrand et Hollande bien sûr, mais pas Giscard avec l’avortement et le regroupement familial ? Pas Chirac et ses douze ans d’immobilisme, sauf pour Bruxelles et l’immigration ? Pas Sarkozy et ses promesses reniées pour gouverner avec Kouchner et Frédéric Mitterrand ?
Tout cela est affligeant. Bellamy n’a rien compris.
Non seulement le constat est faux mais les perspectives qu’il entrevoit sont confondantes de naïveté : « Le travail qui nous attend est immense. Tout est à reconstruire. Tout commence. »
Avec qui ? Sarkozy qui dirige le parti en sous mains ? Pécresse farouchement favorable à l’avortement ? Les frères Baroin ou Bertrand ?
Croit-il qu’on lui laissera développer un nouveau projet ? La bonne blague.
Tous ceux qui ont essayé ont été broyés : Seguin, Millon, Villiers, dans des genres très différents s’étaient écartés du dogme immigrationniste ou européiste. Au bout du compte ils n’ont servi à rien alors qu’ils ont tous été ministres. Philippe de Villiers raconte dans un de ses livres comment, lorsqu’il était ministre de la culture, il a essayé de faire capoter l’installation des colonnes de Buren au Palais-Royal. Peine perdue : le grand constructeur Chirac a rendu son arbitrage et l’on est passé à autre chose.
Alors quand un ministre convaincu ne peut même pas faire cela que pourrait-il faire contre l’islamisation de la France qui est l’enjeu vital des prochaines années ?
Bellamy sera député, peut-être ministre un jour. Cela ne changera rien et il ne servira à rien.
Quel dommage, il aurait été tellement utile ailleurs… •
Excellent article. C’est triste à dire mais les catholiques ont de plus en plus de mal à y voir clair, à moins d’être « offcore ».
Partagés entre les grands préceptes de charité sans conditions et les restrictions concernant les moeurs en vue de sauver ce qui reste de la famille traditionnelle, les catholiques picorent à droite ou à gauche ce qui leur convient et prêchent la bonne parole plus ou moins rigide suivant les paroisses en pensant convaincre tout le monde
Entre les intégristes qui n’ont rien de dangereux et les progressistes qui frôlent le laxisme ils sont comme les partis politiques et la nation toute entiëre complètement divisés politiquement et sans directives précises.
Attaqués par une république qui confond laïcité et athéïsme toujours vindicative et agressive depuis la révolution au milieu d’ un FM en expansion , les catholiques soucieux de la paix et de garder leur liberté de culte tantôt hurlent avec les loups tantôt se murent dans le silence politique propre à une laïcité bien comprise .
Excellent! Dans le cas Bellamy je crois que c’est » l’ambition qui obscurcit l’intelligence » ou mieux (ou pire……) conduit a en ranger de coté les fruits ,comme on met au grenier les restes de sa jeunesse que l’on n’utilisera plus……..Par ailleurs Sarkozy recruta comme ministre bien pire (Si,si! C’est possible…..) que Kouchner et F.Mitterrand : Eric Besson dont la déclaration de 2009 doit etre constamment rappelée car elle définit la ligne de clivage essentielle et irréductible entre deux conceptions de la France : » La France n’est ni un peuple ,ni une langue,ni un territoire,ni une religion,c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble.Il n’y a pas de Français de souche ,il n’y a qu’une France de métissage » Ni Sarkozy ni Fillon ne protesterent (Qui ne dit mot consent……) . La France de 2017 est clairement divisée en deux : Les Français qui
« pensent conglomérat » et ceux qui « pensent Nation » . L’implacable loi de la démographie et son complément ,l’immigration pourraient bien finir par regler la question……
Ceux qui pensent » France et « patrie » et ceux qui pensent » Hexagone » et » » multiracial . » comme vous voudrez , mais tous disent « vive la république » avant de dire « vive la France »en premier et ça c’est assez significatif.
Le nom des partis fait toujours référence à la république ou aux « valeurs républicaines » comme si elles étaient inventées de la veille .
Non la France n’est pas divisée en deux c’est vraiment un conglomérat d’individus aussi différents qu’ils ont de chapelles et ni un curé ou un roi pour leur dire la messe.
Je ne suis pas d’accord. Il faut regarder la personne, ses capacités et l’électorat de Versailles. Je préfère encore le voir député, soutenu par les 30% de cathos confessants de Versailles, mais aussi par d’autres que de voir échouer un colibri plus casher et moins talentueux.
Le débat d’idées disparait lentement dans la perversion engendrée par le resserrement des marges de manœuvres. En effet, lorsque l’asymptote des ambitions fait découvrir que le nombre d’ennemis vraiment dangereux, est devenu plus faible que le nombre d’amis pouvant vous faire trébucher sur le chemin du pouvoir, le discours se fait consensuel pour obéir aux code cachés de la meute dont on fait partie.. Les cyniques y nagent aisément, et les sincères s’y brulent les ailes.
La chute en cours ou la disparition des partis d’opposition , la ruée des opportunistes vers le nouveau gourou , les medias aux ordres plus que jamais thuriféraires , des legislatives sans surprise présentant de nouvelles têtes.Tout ceci génère une inquiétude quant à la démocratie les libertés et la possibilité d’une opposition saine et organisée.
Avec à un président immature et narcissique notre pays qui a besoin de sérieux et de solidité risque de trouver dans les manifestations de rue un exutoire à son malaise et ses incertitudes. Le peuple de la France profonde qui voit disparaitre ses représentant et est fort éloigné des diktats du boboland ne sait plus à quel saint se vouer ; en lui retirant de plus en plus le droit de s’exprimer il est actuellement en plein desarroi.
Certains ont peur d’une forme de dictature d’autres se réjouïssent du changement et de la désorganisation des partis, reste que l’incertitude où nous sommes ne peut qu’aggraver la situation économique d’un pays déjà sinistré.