Le président de la République a visité le salon des startup françaises, VivaTech, jeudi dernier après-midi, Porte de Versailles. Il s’agissait de soutenir les entreprises travaillant dans le numérique et les nouvelles technologies. On veut bien.
Il lui a été présenté un robot humanoïde, porteur d’une inscription anglaise explicative, accrochée à son enveloppe de plastique. Et sous l’œil des caméras, Macron lui a serré la main. Ou plutôt, ils se sont serré la main, le robot ayant été programmé pour le faire … Poignée de main, comme avec Trump, Poutine, Angela Merkel, Mohamed VI, et tout un chacun.
Macron n’aurait pas dû, car le robot n’est pas une personne, ni même une quelconque créature naturelle. Il est une machine, indéfiniment reproductible à l’identique, et, sauf dérision ou regrettable confusion, l’on ne serre pas la main aux machines. Du moins pas encore.
Les lecteurs qui auront regardé, et surtout écouté, l’entretien de Gustave Thibon avec Jacques Chancel, publié ici même il y a deux samedis, auront peut-être retenu le propos de Thibon auquel ce petit épisode du robot présidentiel nous fait penser.
Thibon explique à Chancel qu’il n’y a pas dans tout l’univers, ni même depuis son commencement, deux feuilles, deux brins d’herbe, qui soient identiques. Comme il en est des personnes, à travers l’espace et le temps, les siècles de siècles : il n’en existe pas deux de semblables ; toutes, quoique intégrées à leur espèce, sont uniques, différenciées. De même qu’il n’y a pas deux commodes de Boulle qui soient les mêmes et que Monnet a peint sans-doute des milliers de nénuphars, tous différents. Tout ce qui est fabriqué de main d’homme est unique, comme nous le sommes.
Nous ne disons pas que dans la société démocratique de masse où nous vivons, en attendant d’en sortir, il faut proscrire les machines, ne pas produire en série, ne pas construire des robots …
De là à leur serrer la main, il y a un abîme. Le passage d’un monde à un autre.
Bernanos a écrit jadis « La France contre les robots », un livre qui dénonce avec beaucoup d’avance le monde où nous sommes. Emmanuel Macron qui a des lettres, ne semble pas l’avoir lu. •
Voir aussi dans Lafautearousseau …
Cette poignée de main n’est pas étonnante, elle doit correspondre à quelque chose de profond chez ce Macron dont un journaliste de la revue Éléments disait qu’il n’était pas un homme politique, mais un produit industriel de synthèse breveté, comme le teflon, le dacron, le nylon. Qui se ressemble …
Macron, c’est le nihilisme en marche.