Publié le 7.07.2017 – Réactualisé le 8.07.2017
Faut-il accorder quelque importance au G20 qui s’ouvre aujourd’hui, pour deux jours, à Hambourg ?
Sans-doute est-il pour les vingt chefs d’Etat qui s’y retrouvent, l’occasion d’échanger, de se jauger, et même de se toiser, de se mesurer. L’on servira aux peuples de moins en moins crédules, avec le concours des médias, la fable d’une sorte d’entente – ou même de gouvernance – mondiale, façon Attali. Gouvernance mondiale qui serait dans ces G20 en quelque sorte, préfigurée.
La réalité est tout autre. Elle est même l’inverse.
Comme les jeux olympiques restaurés à l’ère moderne devaient, suivant Pierre de Coubertin, signifier par le sport l’unité universelle et manifestèrent surtout la confrontation des nationalismes, le G20 en cours – et ceux à venir – consacrera en arrière fond, ce que l’on appelle le retour des nationalismes, en réalité leur permanence et de plus en plus ces temps-ci la montée de leurs affrontements.
La remise en cause du libre-échangisme par la première puissance économique du monde – via Donald Trump qui ne fait que l’officialiser avec éclat – est un fait majeur mais non pas nouveau. Leur retour au protectionnisme est désormais proclamé mais a toujours été pratiqué par les USA. Quant à la réaffirmation du dogme libre-échangiste par l’Allemagne et par la Chine, elle provient du simple fait que cette option idéologique constitue pour elles une aubaine considérablement lucrative. Le mondialisme de ces deux dragons est un nationalisme.
Economique, pour l’heure, mais pas seulement.
Le G20 sera aussi l’occasion pour les participants de mesurer l’intensité montante des affrontement géostratégiques. Ils se manifestent notamment en Europe de l’Est, où rien n’est réglé, au Proche-Orient, où règnent le chaos et la guerre, en Asie, où la compétition pour la puissance et l’hégémonie, prend de plus en plus la forme de la course aux armements. Les gesticulations de la Corée du Nord, indocile marionnette chinoise, les budgets militaires de Pékin, le réarmement du Japon avec la bénédiction de Washington, sont le signe de la dangerosité du monde actuel et du risque accru de conflagration de grande ampleur.
La littérature nous apprend – comme l’Histoire et parfois mieux – que les dirigeants des puissances qui s’opposent aiment à se rencontrer avant que telle ou telle fatalité ou nécessité ne les conduisent à faire parler les armes.
Armes économiques, armes de guerre : le G20 de ce week-end, sera l’une de ces rencontres qui sous des dehors aimables et des protestations d’amitié, servent surtout à évaluer les rapports de force. •