Ce que signale, entre autres choses, sous l’écume de l’événement, la crise qui vient d’opposer le chef de l’Etat et le chef d’Etat-Major des Armées, c’est le retour de la question militaire au premier plan.
L’idéologie de la fin de l’histoire et l’économisme dominant après l’effondrement du bloc communiste, avaient relégué l’armée au rang de survivance quasi symbolique. Quelle utilité, désormais ?
Le réveil de l’Islam et de ses violences sur tous les continents, la résurgence des nationalismes – américain, russe, chinois, indien, etc. – nous ramènent aujourd’hui à la réalité. Laquelle restitue à l’armée son rôle et son importance. C’est bien parce qu’Emmanuel Macron n’a pas perçu cette évolution qu’il a déclenché, pour huit cent cinquante millions d’euros, une crise qui, â l’évidence, a tourné à son désavantage.
Durant la Grande Guerre, observant la désorganisation complète du secteur bancaire et financier, Bainville notait qu’en définitive le Sang prévaut toujours sur l’Or. « Ce qui sortira le plus affaibli de cette crise, écrivait-il, c’est la puissance de l’Or. Et cela doit être quand il apparaît que la première valeur de toutes, c’est le Sang. »
Ce n’est pas exactement ce à quoi l’on vient d’assister, encore que dans cet épisode, Emmanuel Macron a remporté une victoire qu’il paie au prix fort.
Il pourrait ainsi arriver un moment, qui s’est déjà vu, où, sous la pression des nécessités, un chef militaire de valeur prévaudra dans l’esprit des Français sur un politicien de rencontre. Ce n’est pas nécessairement ce qui pourrait nous arriver de mieux. Mais c’est ce qui pourrait advenir tout de même faute d’un pouvoir politique dont la légitimité ne serait pas contestée. •
« Ce n’est pas nécessairement ce qui pourrait nous arriver de mieux.. »
Un chef militaire d’expérience n’est pas un jeune sergent à la tête d’une section. Le chef a appris sur le tas à commander des hommes de tous âges, dont, notamment, dans ses débuts, des sous-officiers anciens plus âgés que lui et « qui en ont vu d’autres. »
Vu la façon dont arrivent au pouvoir les civils qui nous gouvernent, avec un suffrage universel complètement faussé par les manœuvres de toutes sortes aux mains des médias et de ceux qui les contrôlent, un coup d’état militaire ne pourrait faire pire.