Chantiers STX de Saint-Nazaire
Pour juger valablement des affaires industrielles et dans le détail – acquisitions, ventes, fusions, participations au capital, stratégie, etc. – il faudrait avoir les dossiers en mains et une solide expérience des sujets.
Cette indispensable connaissance est réservée, en pratique, aux protagonistes.
On est en donc, si l’on peut dire, réduits aux principes. Ils ne sont pas sans importance.
En décidant la nationalisation – provisoire – des chantiers STX de Saint-Nazaire, Emmanuel Macron s’attire la désapprobation – sourde ou déclarée – des idéologues du libéralisme et de l’européisme, qui sont, d’ailleurs, souvent les mêmes.
A-t-il dû combattre en son propre fond ces deux tropismes ? Ou son pragmatisme et son patriotisme économique liés ont-ils, en l’espèce, prévalu chez lui sans difficulté ? En tout cas, il s’agissait en l’occurrence de trancher, de décider. Pragmatisme national et idéologie libérale-européiste ne pouvaient être pratiqués « en même temps ». Le premier terme a prévalu. Du moins, à ce jour.
Ce qu’il y a d’idéologie – d’ailleurs largement méta-économique – dans le libéralisme une fois répudié, la plus ou moins grande liberté qu’il convient de laisser aux entreprises n’est pas affaire de doctrine, ni de dogmatisme. C’est affaire d’opportunité, c’est à dire de circonstances, de situation. C’est affaire des paramètres du contexte du moment. Et le critère est l’intérêt national ou, si l’on préfère, le Bien Commun.
En l’occurrence, il s’agissait à Saint-Nazaire, de conserver à la France la pleine maîtrise d’un chantier naval de première importance industrielle et stratégique, doté d’outils de production de taille et de qualité exceptionnelles. Les Italiens les convoitent et probablement, derrière eux, en sous-mains, les Chinois dont on connaît l’ambitieux programme, l’appétit grandissant, d’équipements militaires, notamment navals.
La décision d’Emmanuel Macron ne s’est pas embarrassée de solidarité européenne ou franco-italienne. Ni du dogme libéral. Quoique sœurs latines, France et Italie n’en ont pas moins chacune leurs intérêts, leurs ambitions, et il n’est nullement exclu qu’ils s’opposent, même si, en d’autres cas, d’autres domaines, des coopérations notamment intereuropéennes sont possibles, souhaitables, et pratiquées.
Il se trouve qu’à Saint-Nazaire, même si ce n’est pas une activité inintéressante, on ne construit pas que des navires de croisière, mais aussi des corvettes, des porte-hélicoptères, des porte-avions. Comme le Charles De Gaulle. Il n’y a même semble-t-il guère que là qu’on peut en construire d’un semblable format.
La France ne pouvait laisser passer un tel outil industriel, hautement stratégique, sous autorité étrangère.
Une nationalisation – provisoire – de STX, ne serait-ce que pour amener les Italiens à composition et permettre la poursuite de la coopération existante où la France gardera la main, n’est donc nullement critiquable.
Il est seulement à regretter que cet acte de patriotisme économique – et aussi de Défense – soit si isolé et qu’on en observe si peu d’exemples.
Les Français ne s’y sont pas trompés qui approuvent massivement ce qui a été décidé. De même que nombre d’observateurs des milieux habituellement classés comme patriotes. •
Macron/Philippe ont pris la bonne décision au bon moment avec la raideur nécessaire pour que les italiens – Fincantieri est sous contrôle étatique – reçoivent le message 5/5.
Il suffît de rappeler les liens chinois de Fincantieri pour comprendre l’enjeu de ce « dossier » : le savoir faire Porte-avions. France UK et USA sont les seuls à avoir l’expérience P-A et cette maîtrise est séculaire. Il suffit de taper chinese carrier sur Google pur comprendre. Inde et Russie sont dans la même galère.
Un vœux pieux, ça ne mange pas de pain.