Caroline Galacteros a publié ces intéressantes réflexions sur le site de l’ASAF, l’Association de Soutien à l’Armée Française [25.07]. Nous ne pouvons que l’approuver, ayant, nous-mêmes, dans le même esprit, consacré de nombreux articles au sujet crucial dont il est ici question. LFAR
Être un chef. Tout un programme. Mais surtout une exigence première, profonde : protéger les siens, ceux qui dépendent de vous, de vos choix, ceux qui remettent leur vie entre vos mains parce qu’ils ont confiance, vous respectent et savent que vous ne les livrerez pas légèrement à l’adversité et, pour commencer, à l’adversaire.
Pour un sous-officier ou un officier, il s’agit de protéger ses hommes, de les engager à bon escient et dûment équipés.
Pour un chef militaire et évidemment pour le premier d’entre eux, il s’agit de protéger nos armées de la pensée comptable et des raisonnements à courte vue de Bercy qui, depuis 30 ans, les met à nu impunément, tout en leur demandant toujours plus. Pour notre chef de l’État, chef des armées ès qualités, c’est encore protéger celles-ci pour leur permettre de remplir leur mission… de protection du peuple français et de la France dans toute l’ampleur et la diversité de ses intérêts matériels et immatériels.
La loyauté du chef d’état-major des Armées envers le président de la République est totale et naturelle. Elle n’est pas à géométrie variable ni de nature politicienne, attachée à un homme ou un camp, mais bien plutôt à une fonction incarnée par un individu donné, choisi par les urnes à un moment donné.
Dans le cas de Pierre de Villiers, c’est la loyauté d’un soldat de grand prestige envers le dépositaire de la souveraineté populaire, quel qu’il soit. C’est cette loyauté qui lui a fait devoir d’informer les représentants du peuple, en l’espèce les membres de la commission des Forces armées de l’Assemblée nationale, de l’état réel de nos armées, et du caractère insoutenable d’une nouvelle salve de coupes budgétaires décidées par des technocrates inconscients du coup ainsi porté à la chair de la patrie pourtant si manifestement en danger.
Dangereux coup de rabot
Un énième coup de rabot arrivant après des annonces de gel et de surgel de lignes budgétaires, qui pourrait bien sonner le glas, après bientôt trente ans d’efforts financiers endurés sans mot dire, de notre efficacité opérationnelle ; donc in fine de la crédibilité militaire de la France et de celle du président qui l’incarne, notamment à travers la disposition et l’emploi éventuel de « l’outil militaire ».
Depuis la professionnalisation, nos armées ont subi de plein fouet l’utopie délétère des « dividendes de la paix ». Elles se sont réformées, ont réduit puis réduit encore leurs formats opérationnels. Elles ont vu fondre leurs effectifs, vieillir leurs équipements, s’amoindrir constamment la protection de leurs soldats engagés au loin, tandis que le spectre des menaces et des théâtres de leur projection ne cessait, lui, de s’accroître, désavouant tragiquement des « Livres blancs » iréniques et inconséquents. Tandis aussi que le politique, de plus en plus impuissant ou défaillant au plan intérieur, voyant en cette institution loyale, structurée, dévouée, résiliente et courageuse, un vecteur spectaculaire inespéré et commode de démonstration d’autorité, en usait et abusait.
La défausse du politique sur le militaire est allée trop loin, jusqu’à remplacer la définition et la mise en œuvre d’une politique étrangère cohérente et ambitieuse, toujours introuvable. Les résultats de ce double grand écart sont là. Nos armées sont aujourd’hui massivement engagées dans le monde aux avant-postes de la menace islamiste, mais aussi sur le territoire national, où l’on ne peut plus esquiver sans irresponsabilité l’anticipation de leur engagement potentiel en appui de forces de sécurité insuffisantes ou débordées par une éventuelle contestation communautaire intérieure sur fond de déstabilisation islamiste.
Préserver l’essentiel
On a donc sur-sollicité et sous-financé nos armées et elles se sont vaillamment mais trop longtemps sans doute exécutées, cherchant à « préserver l’essentiel », à trouver la martingale de « la juste suffisance », escomptant qu’on ne les affaiblirait pas jusqu’à devoir avouer qu’elles ne pouvaient plus remplir leur mission de protection de la France et des Français. Ce que précisément a dû reconnaître le général de Villiers, la mort dans l’âme. Un crève-cœur.
L’arithmétique budgétaire, c’est sympa, c’est magique…, mais compter des soldats et des équipements comme des choux peut aboutir à bientôt devoir compter des «morts pour la France» bien légèrement consentis. Et qui rendra alors des comptes ?
Les politiques ? Que nenni !
Ce seront naturellement les chefs militaires car eux seuls connaissent le prix de la vie et ont conservé l’habitude d’assumer leurs actes et responsabilités. Et sans même parler des hommes, sait-on seulement dans les couloirs de notre ministère des Finances au cœur froid qu’il faut au bas mot dix ans pour retrouver une capacité opérationnelle sacrifiée d’un trait de plume par nos comptables nationaux ?
Caprice présidentiel ?
Mais au-delà du caprice présidentiel ou de l’autoritarisme confondu avec une démonstration d’autorité, la décision budgétaire du président traduit quelque chose d’infiniment plus grave : l’incompréhension manifeste d’une urgence qui devrait pourtant, toutes affaires cessantes, l’occuper et le préoccuper. La défense est, comme chacun sait, le premier devoir d’un État. Il faut enfin se résoudre à établir des priorités, à structurer une vision stratégique digne de ce nom, et à définir – d’autorité pour le coup – un périmètre du régalien incompressible, sanctuarisé, auquel doivent être affectées les ressources nécessaires à la manifestation d’une crédibilité de la France dans ses projections de puissance et d’influence.
Sinon, parler de leadership européen, de rang retrouvé, de grandeur et de valeurs n’a aucun sens, au moment même où nos partenaires allemands font une remontée budgétaire sensible en matière de défense, et alors que la menace islamiste et ses manifestations sanglantes, au-delà de reculs territoriaux actuels de l’organisation État islamique, sont en pleine explosion idéologique et numérique.
Jupiter donc ? Pourquoi pas, après tout ? On a suffisamment souffert de la normalité pathétique. Mais Jupiter armé d’un foudre en bon état et qui fasse vraiment peur !
Le successeur de Pierre de Villiers est aussi un soldat de grande valeur, qui mêle bravoure, haut niveau de réflexion doctrinale, humanité et intelligence de situation. Gageons qu’il ne sera pas plus docile que son courageux prédécesseur qui se retire dans l’honneur, mais qu’il saura saisir l’opportunité de cette grave crise de confiance et de commandement pour convaincre notre jeune président qu’il est de son devoir, mais aussi de son intérêt, de protéger nos armées qui ne demandent qu’à être justement considérées et traitées pour servir et obéir avec cœur et panache. •
Caroline Galacteros
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Et l’on découvre de nos jours que la république et ceux qui la gèrent ne font que des guerres partout dans le monde, enfin celui ou on a encore le droit de se mouvoir. Mais plus triste on découvre tout de go que l’état républicain n’aime pas l’armée française; alors qu’il suffit de relire l’histoire depuis 1791. Napoléon III fiasco,, 1914/1918 fiasco et tuerie impensable, qui n’a pas servi de leçon pour 1940, soldats oubliés, abandonnés par l’état Français en déroute. Ne parlons pas de la guerre d’Indo et de celle plus grave de l’Algérie. Ce ne sont pas les soldats qui ont perdus la face, mais bien l’état Français. Mais nos médias rêvent de gloire sans facture et donc sans armée, sans aucune pensée pour ceux qui ont donné leur vie pour que nous vivions dans l’opulence d’une société encore, peur peu de temps, libre.
Merci madame, pour cette excellente mise au point dans le pur style de vos travaux. Je fais un commentaire un peu aigre : vous usez plusieurs fois de l’identité d’un être que nous chérissons « La France ». Mais à ce jour, est ce que les gens auxquels vous vous adressez, savent réellement ce que la France représente ?
La dégringolade du budget de la défense depuis trente ans, n’est plus à documenter, avec des centaines de feuillets sur le sujet.
J’ai beaucoup de peine pour mes camarades encore en activité. Je voyais ce matin dans le Journal Officiel de monsieur Dassault (Le Figaro), la visite conjointe de nos ministres de la Défense Allemande (mme X) et Française (mme Y) au Mali. Qu’y faisons nous ? En ayant perdu de vue qu’une Défense est le bras armé d’une diplomatie. Quelle diplomatie ?
Et me revient sans cesse cette question de notre Hélie Denoix de Saint Marc, prise à un philosophe allemand, à laquelle il n’a pas répondu : « le plus difficile n’est pas de faire son devoir, le plus difficile est de savoir où est son devoir ».
En fait l’armée va mal parce que le pays va mal depuis des décennies .
Chirac , en son genre , ne valait pas mieux que Sarkhozy , Hollande , tous fossoyeurs de la France ( chacun avec son style )
C’est Chirac qui a supprimé le Service National ( qui était mieux que rien avec bien entendu des forces de métier pour les affaires sérieuses ) et a sali la France avec sa repentance faite aux juifs comme s’il y avait une responsabilité collective d’un pays , occupé de surcroit .
Sarko a détruit la Lybie créant un véritable chaos dans une immense zone .
Hollande ce fut Tintin au Mali . ( pardon pour Tintin )
Macron est plus risible que nuisible lorsqu’il se costume en pilote .
Certes , il n’a pas pris de gants avec le général de Villiers mais il ne l’a pas remplacé par un anti militariste non plus . et s’il nous sort d’Afrique cela sera fera des frais en moins pour assainir le budget de fonctionnement des armées .
Ill ne s’agit pas de faire la promotion de Macron mais simplement de noter que là aussi il a ramassé un bâton merdeux .