A quoi tient l’actuelle extraordinaire bonne fortune chinoise ? Quelles en sont les causes ?
On ne peut ici qu’effleurer cette question complexe, pourtant importante car la montée en puissance de la Chine constituera peut-être le plus grave problème que les Occidentaux auront à affronter, prochainement désormais.
La Chine s’est sortie non seulement de son terrible sous-développement séculaire mais aussi de cet abaissement qu’elle avait vécu à l’époque du système impérial finissant, des humiliantes concessions, des Seigneurs de la guerre, des désordres du Kuomintang… Elle s’est encore sortie des soubresauts horriblement destructeurs du système maoïste après qu’il eut triomphé, dont la meurtrière révolution culturelle ne fut pas le moindre. Le film, Le dernier empereur, de Bernardo Bertolucci, retrace assez bien cette longue période troublée.
Pour la Chine ruinée, humiliée, en partie éclatée, misérable, la bonne fortune n’allait pas de soi.
Comment l’a-t-elle conquise ? Quelles sont les causes de son prodigieux succès ?
Bien-sûr, il y a la taille de son territoire et la masse de sa population, dix fois supérieure à celle de la Russie et 5 fois à celle des Etats-Unis. Mais ces paramètres ne sont pas en soi gages de prospérité ni de succès. Ce peut même être l’inverse.
La réussite de la Chine nous paraît relever d’autres causes. En voici à notre avis les trois axes principaux :
1. La dictature de fer du Parti Communiste Chinois, en fait une oligarchie hiérarchique sans faiblesse qui tient uni et en ordre d’une main qui ne tremble pas l’immense et composite Empire du Milieu. L’argument peut choquer. Mais que deviendrait la Chine si le PCC venait à s’effondrer ? S’il lui prenait la fantaisie d’un Printemps chinois ? Peut-être serait-ce, selon la vieille expression, pain béni pour nous. Mais pour elle ?
2. Le nationalisme du peuple chinois et de ses dirigeants, qui, pas plus qu’il ne le fut dans les pays d’Europe de l’Est, ne fut jamais effacé, même au temps de Mao et de Chou en Lai, par l’internationalisme prolétarien. Combiné à l’incommensurable pragmatisme des Chinois, ce nationalisme est général, violent, avide de succès, de gains, et de puissance. Qui plus est, les connaisseurs nous disent qu’il se ressource désormais dans les plus pures traditions populaires aussi bien que philosophiques de la plus ancienne Chine. Bref, un composé que l’on peut se risquer à dire ravageur.
3. La faiblesse insigne des Occidentaux qui fut, pourrait-on dire, à l’opposé de la force que nous venons de décrire ; qui acceptèrent, de grand cœur, de se défausser sur la Chine, de leurs fonctions de production ; qui ont voulu, à la fois par lassitude, appétit de marges, idéologie universaliste, orgueil, lui concéder d’être l’atelier du monde. Ce qui a, hormis l’Allemagne et, à un moindre degré l’Italie, abouti à la destruction, que l’on constate aujourd’hui, de pans entiers de nos industries et a condamné les éléments productifs de nos populations, au chômage.
Rien n’est irréversible et la Chine n’est pas plus vouée au succès que nous à l’échec ou au déclin. Soyons au moins conscients de ce qui, par impéritie, nous est arrivé. Quant à la Chine, elle peut être aussi pour nous, dans une certaine mesure, à certains égards, un exemple utile. •
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La Chine met le communisme au service de son nationalisme pour prendre une revanche historique sur les traités inégaux qui ont humiliés ce pays au 19e siècle et reprendre la première place dans le concert des nations.
Pourquoi pas la renaichanche de la puichanche chinoise? Chers amis de LFAR, tant qu’à commettre des coquilles, coquillez de manière cohérente…
Cette fiction du péril jaune sévit depuis presque deux siècles alors que l’on passe assez facilement sur le péril blanc qui lui a été bien réel. La guerre de l’opium, les traités inégaux, les concessions étrangères imposées, le sac du palais d’été etc en sont les preuves irréfutables.La manière dont se sont comportés les Occidentaux en, particulier les Anglais dans cette région du monde est proprement scandaleuse. Par ailleurs, le Confucianisme intriqué étroitement dans les traditions managériales, le sens aigu de la famille,les traditions provinciales,les valeurs travail et réussite, la diaspora chinoise dans le monde, la bosse du commerce en somme constituent l’épine dorsale de cette Chine qui a réussi à traverser les époques les plus sombres de son histoire.(les seigneurs de la guerre et le maoïsme entre autres).Enfin, il est un lieu commun de rappeler que ce vaste Etat a besoin d’un pouvoir fort (impérial ou parti unique).La démocratie à l’occidentale, dont les Français se réclament être les ingénieurs et exportateurs (sic), ne suscite que gorges chaudes et sarcasmes dans les allées du pouvoir pékinois.