Le roi Mohamed VI et le Premier ministre Recip-Tayep Erdogan
Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Péroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam, et il travaille maintenant à Casablanca pour le 360, l’un des principaux titres de la presse francophone en ligne au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
Jeudi 3 février 2011, Casa
C’est encore Au Fait qui, citant l’Agence France-Presse, annonce une nouvelle tentative de suicide par le feu, à Rabat, de la part d’un jeune enseignant réclamant sa titularisation et manifestant devant le ministère de l’Education.
Après la fuite de Ben-Ali en Tunisie, on a eu droit, comme après le départ du couple impérial iranien de Téhéran pour l’Egypte en janvier 1979, à une jolie série de minables trahisons envers le régime tombé.
En Iran, le champion du reniement avait été le chorégraphe français Maurice Béjart, qui devait mille choses à l’impératrice Farah (d’où d’ailleurs le ballet Farah qu’il composa), et qui apparut sans tarder à la télévision : « Je n’avais rien à voir avec ces gens-là « ! Pour la Tunisie, on a droit aux justifications embarrassées de deux individus ayant notoirement pu se livrer en toute impunité, au pays du jasmin, à leurs turpitudes favorites ; pourtant interdites par la loi tunisienne (et musulmane), grâce à la haute protection du régime Ben-Ali… Il paraît que Frédéric Mitterrand, actuel ministre français de la Culture, puisque c’est de lui qu’il s’agit, l’autre impudent étant Bertrand Delanoë, actuel maire de Paris, il paraît que le premier de ces compères fut même naturalisé tunisien…
Egypte ensuite, où le régime du général Moubarak, comme tous les systèmes aux abois, despotiques ou libéraux, a fait ouvrir les prisons, a rameuté les gros bras du parti quasi-unique, a ramassé des hommes désœuvrés comme on en compte tant dans la monstruosité urbaine qu’est devenue le Caire (22 millions d’habitants) ; et a lancé cette horde de baltaguia, de voyous, contre la foule désarmée ; et pacifique, sauf dans ses paroles fort dures contre Moubarak, le vieux raïs inactif, sorte de Chirac arabe.
Ça y est, le Maroc a trouvé un remplaçant pour finir l’agrandissement de l’autoroute Casa-Rabat : les défaillants Portugais de Conduril vont être remplacés par les vaillants Turcs de Makyol. Signe des temps : revanche de l’Histoire qui vit jadis le petit Portugal faire reculer l’énorme Empire ottoman sûr la route des Epices entre mer Rouge et Indes… On parle des Chinois mais ce sont les Turcs qui avancent le plus leurs pions au Maroc en ce moment, avec leurs superettes Bim, leurs séries télévisées traduites en arabe, leurs ingénieurs et contremaîtres au complexe pétrolier de Mohamédia via maintenant les autoroutes… le tout sur fond de popularité grandissante, parmi les Arabes, du gouvernement islamiste turc, lequel tient tête pour de bon à Israël et aux Etats-Unis, s’interpose entre l’Occident et l’Iran, voile les épouses de ses ministres, se comporte en « soldat de l’Islam », comme l’avaient au reste annoncé, avant leur élection, et c’est d’ailleurs sur ce programme qu’ils ont été élus, l’actuel président Abdullah Gul et le Premier ministre Recip-Tayep Erdogan. La Turquie a de beaux jours politiques devant elle côté Islam, c’est sûr, et on comprend qu’un nombre grandissant de Turcs ne se soucie plus de voir leur pays accepté dans l’Union européenne… Notons qu’à l’assemblée générale des Nations-Unies, à New-York, le 21 septembre 2010, le roi du Maroc a tenu à s’entretenir avec le chef de l’Etat Turc et que l’image de cette rencontre a été répandue avec approbation populaire à travers le Royaume chérifien. • (A suivre)
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