Par Mathieu Bock-Côté
Nous avons beaucoup aimé cette tribune publiée jeudi dernier dans le Journal de Montréal [21.09]. Elle nous rappelle ce que nous avons lu ou entendu sur ce sujet, venant de Fabrice Hadjadj, de Michel Onfray, de Régis Debray ou d’Alain Finkielkraut. Pointant les pédagogues qui rêvent d’intégrer à l’école « tous les écrans possible », sa conclusion est souveraine : c’est « comme s’ils voulaient accélérer le désastre. » LFAR
On a beaucoup parlé, la semaine dernière, du iPhone X, le nouveau téléphone intelligent d’Apple, qui se vendra plus de 1000 $ et qui intégrera un système de reconnaissance faciale.
Il faut dire qu’on parle toujours du « nouveau iPhone », dès qu’il est annoncé. C’est presque un rituel qu’Apple nous impose, à la manière d’une nouvelle église, qui sait garder et exciter ses fidèles.
En temps et lieu, ils se rueront sur l’objet de leur désir comme si leur vie en dépendait. Et le système médiatique se soumet plus que docilement à tout cela.
iPhone
Il y a comme un suspense Apple. De quelle manière la compagnie nous surprendra-t-elle ? Quelle sera la dernière innovation qui bouleversera nos vies ?
Certains justifieront cette mise en scène à cause de la place que le téléphone intelligent prend dans nos vies. Il est vrai que nos contemporains passent désormais une partie importante de leur vie à n’en jamais détourner le regard, comme s’ils étaient hypnotisés par lui.
Dans la rue, ils regardent leur écran. Au restaurant, ils regardent leur écran. Au souper, à la maison et en famille, ils regardent leur écran. Même lorsqu’ils vont au musée, ils ne regardent plus les œuvres directement, ils les prennent en photo avec leur téléphone, comme si leurs yeux ne pouvaient plus se passer du filtre de l’écran.
C’est à travers l’écran qu’ils abordent le monde et c’est vers lui qu’ils se réfugient systématiquement, dès qu’ils ont le moindre malaise.
On peut croire qu’au fond de lui-même, le commun des mortels sent que ce monde est absurde. Qu’à se rendre absolument dépendant de son téléphone intelligent, on se soumet à un esclavage imbécile.
De temps en temps, il se révolte, il n’en peut plus… et le ferme pour une heure. C’est presque une victoire. Il se délivre. Mieux, il se libère. C’est un peu comme s’il voulait s’arracher à une domination, mais très vite, il retourne vers son maître.
À la campagne, dans la forêt, s’il constate qu’il n’a pas de réseau, il paniquera. Il se sent coupé du monde parce qu’on lui a fait croire qu’il avait accès à presque la totalité de l’univers avec sa machine.
Personne ne s’imagine un instant que nous pourrions revenir dans le monde d’avant. Qui le souhaiterait vraiment, d’ailleurs ?
Mais le vieux dilemme revient : ou nous dominons la technologie, ou elle nous domine.
Résister
Évidemment, ce n’est pas aussi simple. Mais il faut quand même se demander si, comme civilisation, nous entendons résister à ce nouveau conditionnement qui place Apple et compagnie à la tête de notre gouvernement mental.
Théoriquement, l’école devrait résister à cette manie et apprendre aux jeunes générations l’existence d’un monde délivré de l’écran. Elle devrait cultiver l’amour immodéré du livre.
Hélas, plusieurs pédagogues rêvent plutôt de la rallier à cet univers, en intégrant tous les écrans possibles dans leurs classes. Comme s’ils voulaient accélérer le désastre. •
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
Avant l’école , il y-a – les parents qui dotent leur enfant d’un téléphone ( pour faire riche en première vague puis pour faire comme tout le monde en second temps . Argument imparable des enfants : appeler les parents en cas de problème ( mais comment faisait on au paravent ? ) en fait ce sont les copains et compagnes qui sont appelés plus que les parents ; autre argument : ne pas être exclu – comment résister – il le paie au prix fort l’ enfant qui ne fait pas comme les autres , dés le plus jeune âge ,on adopte un uniforme des comportements mais l’on hurle ( les parents en premier et tous milieux confondus ) lorsqu’un homme politique préconise le retour des blouses grises
Idem pour les notes et redoublements : chaque parent ( surtout les petites familles avec leurs deux gosses de vieux car Madame devait finir ses études avant d’enfanter ) croit que sa progéniture est géniale et va s’offusquer que l’enfant soit mal noté ou n’ait pas son Bac
Il y-a – aussi les ordi et tablettes mais qui offre les ordi-bébé et tablettes -mouflets comme cadeau de Noël sinon les parents ou grands parents ouverts et branchés ; pauvres vieilles au bronzage éternel et pauvres vieux qui voyagent en avion pour découvrir le monde à 70 ans !
En fin de compte on en revient au rôle des parents mais sont ils encore des parents ceux qui mettent leur enfant au lebens Born ( la crèche ) dés les premiers mois de sa vie .
Mais oui, bien-sûr, Richard a raison.Merci de ce rappel.
les enfants ont besoin de maitriser les fondamentaux(lecture,écriture,calcul).Après,ils ne peuvent échapper à leur époque et se servir des objets connectés,non l’inverse!Tout se décide en famille,c’est la base de l’apprentissage.