par Gérard Leclerc
Les résultats des élections allemandes ont donné lieu à des commentaires plutôt convergents.
La victoire de la chancelière Angela Merkel a un goût d’amertume et son quatrième mandat s’annonce difficile. Je ne sais s’il faut partager le pessimisme extrême de ceux qui lui annoncent des allures crépusculaires. Mais il est incontestable que cette remarquable tacticienne se trouve aux prises avec des difficultés liées à la situation concrète de son pays et à celle de l’Europe. En effet, le régime représentatif reflète forcément l’évolution d’une société et les mouvements de son opinion publique. L’émergence de la formation Alternative pour l’Allemagne ne pouvait surprendre, elle est dans la logique des événements récents. Si l’on peut craindre la dureté de certaines de ses positions, on doit admettre qu’elle s’exprime dans un cadre régulateur qui vaut mieux que l’expression sauvage de certaines peurs et de certains réflexes.
Force est de reconnaître également que ce qui est vrai pour l’Allemagne l’est aussi pour l’ensemble de l’Europe, et que cela risque de contrarier les projets qu’Emmanuel Macron envisageait de réaliser en accord avec la chancelière. Il faut convenir, même si ce n’est pas une réalité forcément agréable, que l’Europe de l’Est est réfractaire à une politique globale d’ouverture à l’immigration. La Hongrie, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie sont solidaires à l’encontre d’une volonté qui leur imposerait des quotas d’immigrés. Même des intellectuels que l’on considérait comme participant d’une sorte de consensus progressiste se retrouvent avec les États qui craignent pour leur cohérence interne. Il faut bien comprendre que la République Tchèque, par exemple, ne renie pas forcément l’héritage de Vaclav Havel lorsque elle veut défendre sa spécificité qu’elle considère comme fragile, eu égard au caractère modeste de son État, à sa culture et sa langue minoritaires. C’est de tout cela qu’il faut tenir compte, et les élections sont la meilleure médiatrice pour donner au peuple l’occasion d’exprimer leurs craintes et leurs espoirs. Les élections allemandes sonnent l’heure d’un nouveau défi pour l’Europe. •
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 septembre 2017