par Louis-Joseph Delanglade
Deux événements d’importance la semaine dernière pour la langue française.
D’abord, la démission de M. Lussault, sans doute poussé vers la sortie par M. Blanquer lui-même, si on a bien compris les propos du ministre le même jour sur RTL. On ne s’en plaindra pas car il s’agit (enfin !) d’un coup franc porté au très idéologique et très dangereux Conseil Supérieur des Programmes, position avancée du « pédagogisme » au coeur même du si mal dénommé ministère de l’Education nationale. Le galimatias prétentieux utilisé par ce monsieur aurait fait rire s’il n’avait été un signe de plus de la déconstruction des esprits érigée en arme de guerre scolaire, notamment par l’ex-ministre Mme Belkacem : l’utilisation systématique de ce que d’aucuns ont qualifié de « novlangue » (en référence au roman d’Orwell, 1984) a en effet permis au funeste CSP d’égarer les esprits non avertis en déformant volontairement toute réalité par l’utilisation d’un jargon dont le ridicule ne le cède en rien à l’hermétisme (1).
Preuve que cette guerre est totale, au même moment le serpent de mer féministe de l’écriture inclusive ressort la tête, avec la parution chez Hatier d’un manuel d’histoire, niveau CE2, intitulé Magellan et Galilée – Questionner le monde. Confondant volontairement genre (grammatical) et sexe, les enragé·e·s de l’écriture inclusive dénoncent la primauté grammaticale du masculin dans laquelle ils et elles (ou mieux « elles et ils », si on va au bout de leur logique) voient une sorte de « complot machiste », l’actuelle écriture étant jugée sexiste. Assertion sans fondement pour M. Bentolila, linguiste. Ce dernier, après avoir rappelé fort justement (Figaro Vox, 26 septembre) le caractère arbitraire de la langue, souligne une évidence : « Le français possède en effet deux genres, l’un est dit masculin, l’autre est dit féminin. Il s’agit bien de marques de genre et non pas d’indicateurs de sexe. » En fait, le masculin en français joue un double rôle grammatical, celui de masculin stricto sensu mais aussi de « générique » (on pourrait faire la comparaison avec l’infinitif, forme non marquée, certains disent « indifférenciée », du verbe et quasi neutre). Dire que le masculin l’emporte sur le féminin ne signifie donc pas que l’homme l’emporte sur la femme.
Nos féministes reprochent ainsi au XVIIe siècle d’avoir, dans une sorte de déni de la femme, tordu le cou par la norme à un usage assez souple : tantôt on cite tel ou tel vers (2) du grand Racine où l’accord de genre est déterminé par la seule proximité, tantôt on rappelle avec dégoût certains propos du grammairien Bouhours, abbé de son état, justifiant la primauté du masculin (3). M. Enthoven, philosophe, préfère voir dans la langue « une mémoire dont les mots sont les cicatrices » et penser qu’il est vain de croire « abolir les injustices du passé en supprimant leur trace » (Libération, 27 septembre). Mais la dimension de la controverse, plus que linguistique, est bien sociétale. On sait, et c’est significatif, que les personnes dites LGBTQI (4) sont de fervent·e·s partisan·e·s de l’écriture inclusive qui permet(trait) de nier la loi commune de la binarité du genre (sexuel). On comprend mieux dès lors dans quelle stratégie d’ensemble s’inscrit la présente attaque contre notre langue. Voilà pourquoi nous avons déjà droit aux députées, professeures et plombières. Voilà pourquoi discours et écrits sont émaillés de « toutes et tous » ou de « celles et ceux » (on continue, par courtoisie désuète, à privilégier le féminin par la première place). Voilà pourquoi le manuel des éditions Hatier utilise systématiquement le « point milieu » comme nous l’avons fait à titre d’exemple (avec risque d’erreur car nous ne sommes pas allés à « cette » école) dans cet article.
Si M. Lussault, quoique grotesque, reste dangereux, les tenants de l’écriture inclusive le sont tout autant : c’est la même volonté de subversion, la même négation d’une réalité qui dérange quelques farfelus encore minoritaires. •
(1) Une piscine devient ainsi un « milieu aquatique profond standardisé ».
(2) « Surtout j’ai cru devoir aux larmes, aux prières / Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières. » (Athalie, IV, 3)
(3) Il affirme dans ses Remarques nouvelles sur la langue française écrites en 1675 que « lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble [le masculin] l’emporte ».
(4) LGBTQI = Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Trans, Intersexes, (en) Questionnement.
En langue allemande , le soleil est au féminin au contraire du Français
Les Anglais dont la langue est assez pauvre , ont cependant l’avantage de posséder le genre neutre fort utile .
Chaque langue a son histoire et le féminisme n’a rien à- y- voir mais on à affaire à des délirant ( e ) s . Au mieux ,une bêtise crasse . Toute argumentation est vaine face à cela
Plusieurs années que je fais mention sur LFAR et ailleurs des aberrations du type « La » ministre ou « la » députée ; l’écriture dite inclusive est un pas de plus dans cette volonté toute révolutionnaire de tordre le cou à la langue. Les sans-culottes avaient prétendu imposer un nouveau calendrier , les novlanguistes essayent de bouleverser la langue.
Le drame, c’est qu’ils y réussissent ; voyez les tracts et affiches des dernières manifestations : toutes dans ce langage aberrant.
Voyez ce « Celles et ceux » perpétuel asséné par le Président Macron et qui touche des milieux qu’on aurait souhaité plus résistants à la mode : j’ai entendu S.E. le cardinal Vingtrois employer cette horreur. Et de la bouche de mon curé, pourtant fort peu révolutionnaire… Lorsque je lui ai fait remarquer que le « Notre Père » devrait être modifié en « Pardonnez nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à « celles et ceux » qui nous ont offensés », il a paru perplexe…
Ce combat pour la langue a infiniment plus d’importance que kles jérémiades sur le niveau de notre prétendue Dette…