Le président Moubarak
Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Péroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam, et il travaille maintenant à Casablanca pour le 360, l’un des principaux titres de la presse francophone en ligne au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
Vendredi 4 février 2011
Impudence insensée, pur néo-colonialisme (tant de fois invoqué sans raison…) que ces déclarations des Occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, France, Angleterre, Turquie même…) pressant le président Moubarak, leur fidèle allié depuis 30 ans, de quitter sans délai le pouvoir… Oh ! certes le successeur de Sadate a régné trois décennies sans aucune gloire, fermant sa frontière aux Palestiniens de Gaza bombardés par Israël, abandonnant aux terroristes islamiques ses compatriotes coptes sans défense, laissant les affairistes civils ou militaires continuer à pressurer le pauvre peuple égyptien, installant dans la vallée du Nil un immobilisme socio-politique absolu, truquant les élections, envisageant même, par une caricature de l’hérédité monarchique de céder sa place à son fils Gamal, freluquet occidentalisé marié à une gourgandine égyptienne aux lèvres artificiellement gonflées, j’en passe. et des pires sans doute. Mais c’est quand même un chef d’Etat légal, sinon légitime, reconnu et encensé jusqu’ici par le monde entier, le chef officiel d’une vieille nation théoriquement souveraine… Quel mépris de l’Occident pour ces gens du Sud ! L’impression que m’avait faite le vice-président Hosni Moubarak, alors dans l’ombre de Sadate le Grand, rencontré un jour au cours d’une cérémonie officielle à bord d’un bateau sur le canal, cette impression d’un homme précautionneux, douillet et imbu de son importance, ne fit que se confirmer ensuite en le voyant gouverner… J’en eus la nostalgie des dynastes issus de Méhémet-Ali qui firent de l’Egypte une grande puissance régionale, forte, saine et vivable (1805-1953). Je comprends que Sadate ait pensé à restaurer cette lignée, jusqu’à rendre à Fouad II (roi-enfant nominal en 1952-53) l’épée de son père Farouk et sa nationalité égyptienne… Il ne put aller plus loin – devenir peut-être un Monk ou un Franco ? – devant la levée de boucliers immédiats des profiteurs du régime militaire, héréditaires, eux aussi, mais sans bénéfice pour le pays…
J’ai sous les yeux le texte complet des déclarations du prince Hicham, troisième dans l’ordre de succession au Trône chérifien (après le petit Hassan, fils de Mohamed VI et l’émir Rachid, frère cadet du roi), au quotidien espagnol de gauche El Pais. C’est une véritable déclaration de guerre politique d’un cousin à l’autre : « Il ne faut pas se tromper : presque tous les systèmes autoritaires seront affectés par la vague de protestations [commencée en Tunisie, Algérie, Egypte, etc.]. Le Maroc ne sera probablement pas une exception. Reste à savoir si la contestation sera sociale ou aussi politique. L’ Europe doit se réveiller, arrêter d’appuyer des dictatures, etc. »
La rumeur publique veut que l’antipathie réciproque entre les deux princes remonte à leur enfance lorsqu’un jour, pour une querelle de gosses, Hicham rossa Mohamed d’importance devant témoins… En somme le « vainqueur » serait plus rancunier que le « rossé » …
A Marrakech, la mairie, occupée par une jeune femme à la mode, ignorante de l’histoire de sa ville et de son pays, a rebaptisé en décembre 2010 la rue Jacques-Majorelle (1886-1962), lequel peignit le Maroc arabo-berbère comme personne, du nom du couturier Yves Saint-Laurent, dont la liaison contre-nature affichée avec le milliardaire gauchiste Pierre Bergé scandalisa les Marocains, en dépit du mécénat de ce duo en faveur de l’Art arabo-berbère.
Ubuesque Union européenne, qui en 2010 a laissé partir au Maroc un cirque avec quatre éléphantes d’Asie, bloquées ici depuis plus d’un trimestre car Bruxelles leur refuse obstinément le droit de revenir à Montauban, d’où les pauvres bêtes étaient parties, car elles auraient pu contracter Dieu sait quel virus africain risquant de contaminer les pachydermes vivant en Europe… Or il n’y a plus d’éléphants autochtones au Maroc depuis l’époque de Carthage et Rome… Les enseignants des écoles françaises du Maroc se mêlent actuellement de faire signer des pétitions.à leurs élèves pour sauver telle condamnée iranienne ; ils feraient mieux de mobiliser écoliers et collégiens en faveur du quatuor de dames Babar, sujet concernant les enfants s’il en est… •
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