par Gérard Leclerc
Ainsi le Président de la République entend commémorer Mai 68 ! Étrange idée, car si l’on garde à l’esprit que Mai 68 consista en un gigantesque happening il n’y a pas de meilleure façon de le tuer que d’en faire une commémoration officielle. Je sais bien qu’Emmanuel Macron n’ira pas déposer une gerbe de fleurs rue Gay Lussac, en souvenir des célèbres barricades qui s’y dressèrent. On n’assistera pas non plus à un défilé, drapeau rouge ou drapeau noir en tête, des glorieuses brigades de lanceurs de pavés sur les Champs Élysées. On ne songera sûrement pas à embraser symboliquement la place de la Bourse pour rappeler la tentative d’incendie opérée par quelques enragés. Alors que fera-t-on ? Je lis qu’à l’Élysée, on aurait des intentions plus subtiles, puisqu’il s’agirait de « réfléchir sur ce moment et en tirer les leçons qui ne soient pas “anti” ou “pro” mais tiennent compte de ces événements dans les mentalités actuelles. Car, ajoute-t-on, 68 fut le temps des utopies et des désillusions, et nous n’avons plus vraiment d’utopies et avons vécu trop de désillusions. »
En ces termes, il y a peut-être quelque chose à envisager, mais cela nous renvoie plutôt à un vaste colloque à la Sorbonne, un peu prédestinée à un tel usage, puisqu’elle fut le lieu d’une étonnante effervescence en Mai 68, avant d’être reprise par les forces de l’ordre. Mais je vois mal un tel projet réalisé ailleurs. À l’Élysée ? Ce serait une première ! Mais un peu de patience pour en savoir un peu plus…
Reste, quand même, le problème de fond. Mai 68 divise, la perspective d’une commémoration produit déjà des protestations véhémentes. Henri Guaino, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, y voit « la matrice du nihilisme, de la permissivité, de l’individualisme, qui sont au pouvoir aujourd’hui ». On pourrait lui rétorquer qu’il a trop raison, mais parce que ce sont les idéaux de Mai qui ont été trahis. Les soixante-huitards exaltés sont devenus, par la suite, pour l’essentiel, les meilleurs gérants de l’ordre ou du désordre établi. L’analyse peut se développer en bien des directions, comme celle de l’ami Jean-Pierre Le Goff, auteur du meilleur livre sur le sujet, et qui parle d’un « héritage impossible ». Attention, M. Macron, vous vous lancez dans une entreprise hasardeuse… •
Mai 68 c’est le surgissement de l’individualisme libertaire qui a donné naissance à l’effrayante société de marché que nous voyons se mettre en place aujourd’hui. Les slogans de 68 » il est interdit d’interdire » ou » sous les pavés la plage » ont pu servir aux idéologues à détruire l’école, pour le premier, et à mettre en place le monde du divertissement hébété pour le second. Mai 68 n’était pas contestataire, il était en accord profond avec les tendances profondes de la modernité individualiste et hédoniste.
Emmanuel MACRON pourrait aussi rappeler qu’il y eut un grand nombre de bourgeois qui venaient « foutre le bordel » . Beaucoup sont redevenus des bourgeois, voir le livre de Guy HOCQINGHEM: du col Mao au Rotary, intéressant aussi de revoir les noms des leaders de cette chienlit, pour reprendre l’ expression de Charles De GAULLE: COHN BANDIT, GEISMAR, KAUFFAMN KOUCHNER……
Les idéaux de 1968 trahis ? de pseudo idéaux en fait : ni dieu ni maitre voila ce qui était avancé sous le déguisement -interdit d’ interdire –
Rien, strictement rien n’était respectable dans ces évènements de mai 68 . Très peu s’agitaient en fait ( et c’était la lie des établissements scolaires ) mais faisant beaucoup de bruit , de la casse ( déjà ) et des insultes voire intimidations pour ceux qui n’étaient pas d’accord .
Il faut les avoir vu !