Martin Luther King
Par Mathieu Bock-Côté
Cette tribune roborative et jubilatoire de Mathieu Bock-Côté sur son blogue du Journal de Montréal traite d’un nouveau fanatisme. Oui, Mathieu Bock-Côté a raison d’avoir envie – et nous avec lui – de crier : « Bande de fanatiques ! » LFAR
Ville de Québec, automne 2017. Au théâtre du Trident, on joue une pièce. Dans cette pièce, un personnage fume. Et puisqu’il doit fumer, il s’allume une cigarette. Normal, non ?
Non ! Pas aux yeux des maniaques qui sont en croisade contre la cigarette et veulent l’éradiquer non seulement de nos vies, mais même de la fiction.
Cigarette
Un spectateur a dénoncé la cigarette maudite aux autorités gouvernementales qui ne se sont pas fait prier pour envoyer une contravention au théâtre. Ce dernier l’a payée, pour éviter les problèmes, on le devine.
Quels termes utiliser pour parler de cet épisode ? Loufoque ? Grotesque ? Débile ? Autoritaire ? Je propose : toutes ces réponses.
Nous sommes devant une manifestation de puritanisme qui donne froid dans le dos. C’est le triomphe de la société hygiénique, propre propre propre, aseptisée, ennuyante à en mourir.
Quelle sera la prochaine étape ? Devra-t-on proscrire sur scène les banquets où on mange trop ? Pourra-t-on y manger du saucisson ? Et des frites ? Et que faire des gros buveurs ? Faudra-t-il même censurer les personnages d’alcooliques ? Cette contravention n’a rien d’anecdotique.
Elle est symptomatique d’une tentation hygiénique qui veut purifier la culture pour la soumettre à l’idéologie. On veut mettre la vie dans un bocal.
Censure
Allons plus loin.
Faut-il soumettre l’art aux bonnes mœurs ? Mais qui décidera des bonnes mœurs et des mauvaises ? Devrons-nous revenir sur les grandes œuvres du cinéma pour les conformer à ce nouveau catéchisme qui se réclame de la santé publique ?
Faudra-t-il se soumettre aux exigences idéologiques du nationalisme, du fédéralisme, du féminisme ou du multiculturalisme, selon l’idéologie à la mode du moment ?
Il faut dire que c’est déjà le cas. Pour éviter la polémique, bien des créateurs font le choix de l’autocensure. Ils intériorisent les nouveaux interdits.
On a envie de crier aux minables petits flics officiels et volontaires de la brigade puritaine 2017 : bande de fanatiques. •
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
Tout a fait vrai il ne reste que la fornication et la pornographie ces opium de la société et là petit à petit tous les tabous tombent.
Nous perdons de plus en plus la liberté de choix et bientôt nous n’aurons même plus de choix , une société illetrée d’incultes est plus facile à endoctriner et en lui fournissant des jeux et hochets divers on la mène comme on veut.
J’ai oublié le nom de ce film Canadien, où le personnage central était persécuté par son supérieur ( femme ) parce qu’il fumait. Peut-être un film de David CRONENBERG.
Chez nous certains avaient enlevé la cigarette de Sacha Guitry sur une affiche.
Il me semble que c’était plutôt la cigarette de Jacques Tati.
Et quid de la pipe de Maigret?