par Gérard Leclerc
Je n’en attendais pas moins de Régis Debray, au lendemain de la journée des obsèques de Johnny Hallyday. Refusant de rentrer dans l’unanimisme émotionnel, il tance sérieusement les principaux dirigeants du pays, le Président en premier lieu : « Combattre étant devenu honteux, le héros n’est plus celui qui se sacrifie pour sa patrie ou pour une cause, mais celui qui se fait voir et entendre de tous, devenant milliardaire du même coup. » Nous avons assisté, samedi, à « l’institutionnalisation du show-biz, nouveau corps de l’État, sinon le premier d’entre eux ». Comment refuser à Régis Debray son diagnostic ? Il est trop évident que par rapport au général de Gaulle, nous avons changé d’époque, de mœurs et de mentalité. Quand Édith Piaf s’en est allée, le général ne l’a pas accompagnée au Père Lachaise, pas plus d’ailleurs qu’il n’a suivi le convoi de Jean Cocteau, le poète mort en même temps que la chanteuse. « En 1963, le politique ayant assez d’autorité et de prestige par lui-même, il se souciait peu d’aller voler un peu de popularité, par la magie du côte à côte, auprès des stars du moment. »
On se reportera au Monde daté d’aujourd’hui pour lire en son entier ce superbe article vengeur, dont je n’ai pas cité les formules les plus cruelles pour nos politiques. Son principal mérite dépasse la polémique, en replaçant l’événement dans sa logique sociologique. C’est celle qui, personnellement m’a retenu, ne pouvant communier à un culte qui n’était pas le mien. De ce point de vue, l’analyse que Jean-Pierre Le Goff développait, il y a quelques jours, pour Le Figaro, rejoint celle de Régis Debray : « Dans les sociétés démocratiques modernes, l’adolescence n’est plus seulement considérée comme une classe d’âge transitoire – qui au demeurant ne cesse de s’allonger avec le développement du chômage des jeunes et la difficulté de se loger. Elle a été valorisée comme telle et a été progressivement érigée en nouveau modèle social de comportement des temps modernes. » Les baby boomers qui ont accompagné Johnny font encore partie de ce peuple adolescent dont parlait Paul Yonnet en 1985.
Mais, me dira-t-on, en ouvrant la Madeleine à ce grand show funéraire, l’Église ne s’est-elle pas compromise avec un fâcheux glissement sociétal ? Ce n’est pas du tout mon avis. L’Église a introduit une toute autre dimension dans l’événement, en rappelant sa foi à travers ses textes de référence. Ainsi perçait une lumière qui donnait un tout autre sens au deuil du rocker. •
Vous oubliez la prostitution électorale
Nous sommes dans une époque où tout est bon pour draguer l’électeur c’est une opération de pub et la fête de la « com » rien de plus
Donner au peuple une occasion de manifester autre que contre un projet de loi .. c’est t ce qu’il y a de mieux pour orienter l’attention .
C’est bien beau de vouloir à tout prix dédouaner les hommes d’Eglise.
Mais quand dans ces obsèques, scandaleuses au sens du droit canon (dans l’édition qui vous conviendra), parole est donnée au père Gilbert (et je m’abstiens de reproduire ici la vulgarité de ses propos impies), elles s’exposent aussi à votre critique de compromission.
Le comble dans toute cette affaire est que le de cujus, selon les médias qui s’en étaient fait l’écho, avait établi sa domiciliation dans un superbe chalet en Suisse pour échapper à l’impôt comme bien d’autres pseudo stars françaises. Certes, dans cette république bananière on en aura vu bien d’autres !
Je ne suis pas un fan mais je respecte le talent et un certain regard vers le public. Il ne fut pas un héros, la belle affaire, qui est un héros vraiment ? Pas un grand poète comme Victor Hugo, sûr, mais peu être plus sympathique/ »Victor Hugo , hélas » disait non sans perspicacité André Gide. En tous cas à ses obsèques il est redevenu un simple pécheur comme nous tous, mais fidèle à sa catholicité , nous élevant au dessus de nous. là , il y a aujourd’hui un vrai héroïsme et la cérémonie fut à cet égard fervente et recueillie avec de vraies prières, magnifiquement dites et de vrais chants ( l’Ave Maria) . Le contraire de Victor Hugo, se prenant pour Dieu, en toute humilité , refusant toutes prières de prêtres, et désacralisant à cette occasion l’ église du Panthéon pour en faire la » glacière nationale ». Johnny , quoiqu’on puisse en penser, à eu des obsèques infiniment plus dignes que celles de Victor Hugo. C’est ce qui fait enrager les thuriféraires de la religion du Panthéon. C’est très bien ainsi .