Nous doutions jeudi dernier que les élections catalanes puissent dénouer la crise en cours*. Nous avions raison.
Si cette consultation avait été un référendum, les indépendantistes l’auraient perdu car les unionistes ont recueilli 52% des voix. Les séparatistes (48%) sont minoritaires en Catalogne.
Il ne s’agissait pas d’un référendum mais d’élire un parlement. L’avantage en sièges donné aux campagnes, fait entrer au dit parlement une majorité de députés indépendantistes. Majorité absolue avec seulement deux sièges de plus que leurs adversaires.
La constitution de 1978 fait de l’Espagne une démocratie. Elle a été approuvée massivement et en Catalogne plus qu’ailleurs. Cette considération – suprême retranchement de Madrid – ne trouble pas les indépendantistes. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du rio Llobregat depuis 1978 et Madrid n’a rien fait pour contrer le matraquage antiespagnol qui a sévi partout en Catalogne ces dernières décennies. Elle a réagi in extremis quand le mal était installé. Elle a pris les mesures qui s’imposaient quand elle eut le couteau sous la gorge. C’est toujours la solution la plus coûteuse…
Il était si l’on peut dire naturel que la gauche républicaine et les communistes de toutes obédiences fussent indépendantistes et républicains : ils l’ont toujours été. C’est le centre-droit des Pujol, Mas et Puigdemont qui, en se décidant pour l’indépendantisme, lui a donné les moyens de grandir et de s’imposer. Sans eux, rien ne serait arrivé.
L’apathie souvent intéressée de Madrid et le passage à l’indépendantisme d’une certaine bourgeoisie catalane assez semblable à nos bobos centristes, sont les vrais responsables de la situation.
Cette dernière, c’est le roi Felipe qui l’a le mieux perçue et nommée avec une noble franchise : la société catalane est fracturée, coupée en deux parts irréductibles à peu près égales.
Ceux qui croient en la primauté de l’économique se sont une fois de plus trompés : ni les difficultés financières annoncées, ni le lâchage européen, ni le départ de Catalogne de plus de 3000 entreprises n’ont fait reculer les catalanistes. Ce sont des sentiments et des idées qui les motivent pour la plupart : leur traditionalisme, leur nationalisme. Fussent-ils fort mal placés.
Une dernière question devrait se poser aux Espagnols, à leurs gouvernants et à leur roi : y a-t-il quelque chose au-dessus de la démocratie ? Nous dirions qu’il y a les réalités et qu’il y a l’Histoire de qui ces dernières découlent. A aucun de ces deux titres la Catalogne n’est fondée à exiger son indépendance. Et même si elle l’obtenait, il faudrait bien des années, beaucoup de temps pour qu’elle cesse, en réalité, d’être de facto espagnole.
Pour l’instant, la Catalogne va entrer dans l’ère des combinaisons. Tenter de sortir de l’imbroglio où elle s’est fourrée. La démocratie si rien de supérieur ne la transcende, cela se paye. •
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En deux mots, réflexion sur l’actualité
* A lire dans Lafautearousseau …
Vos chers unionistes sont des Espagnols, notamment du Sud, attirés par le dynamisme de la Caralogne mais inquiets car ils ne parlent pas catalan. C’est cette immigration qui pèse sur le vote dans le sens qui vous plaît.
Non, cher Roger Carcellé, les 52% de votes « unionistes » ne se composent pas que de non-Catalans !
C’est un fait bien connu, d’ailleurs, que ces derniers parlent assez rapidement le catalan et s’enracinent de même.
Je vous ferai remarquer que le mistralisme dont vous vous réclamez souvent a toujours rejeté le séparatisme.
Les vrais catalanistes sont de la grande Espagne comme nous sommes de la grande France, baptisés par Saint-Louis.
Rappelez-vous que diable !
Vous d’ordinaire si sérieux, vous donnez à 52% le résultat d’un référendum. Chapeau.
Que veut dire Thibon ? Commentaire incompréhensible …
Politique fiction: la Catalogne est une république indépendante. Les unionistes demandent un référendum. Retour à l’Espagne oui, non. Le oui l’emporte à 52% et la Catalogne redevient espagnole. Puidemont se fait naturaliser Belge …
Je veux dire que l’auteur de l’article fait de la politique fiction. Car il commence par rédiger son article en donnant le résultat d’un référendum qui n’a pas eu lieu et de plus à 52%. Qu’en sait-il?
Ce qui n’est pas de la politique fiction, c’est que les candidats indépendantistes ont obtenu 48% des voix et les anti 52. Compte-tenu de l’opposition très radicale et déterminée entre les deux camps, on peut raisonnablement penser que si le scrutin avait été un référendum, les indépendantistes l’auraient perdu. C’est ce que dit l’article de LFAR – au conditionnel – et que les sondages confirment.
Comparer ces élections à un référendum est une absurdité ! … Alors, pourquoi ne pas reconnaître celui, sauvage et peu convainquant, d’ octobre ? …. Le seul référendum acceptable devrait avoir lieu dans l’ Espagne toute entière !!! … Un peu comme ce qui c’ est passé pour l’ émancipation des « départements » d’ Algérie en France… Quoi que cela demeure incomparable ! La Catalogne faisant partie intégrante des éléments fondateurs, qui constituèrent le Royaume d’ Espagne au XVIème siècle. Elle en est un membre fondateur ! à une époque ou l’ élément linguistique n’ avait aucune importance…. Comme le nationaliste flamand en Belgique, le nationalisme catalan trouve ces sources à l’ extrême fin du 19ème siècle , chez des intellectuels bourgeois, et s’ apparente davantage, aujourd’ hui à certains « nationalismes » néo-fascistes de l’ entre deux guerre !!! Il est par ailleurs remarquable que Puig-démon ait trouvé refuge auprès de ses amis flamands de la NVA (actuellement , de fait, au pouvoir en Belgique !) , et qui trouve ses origines chez d’ anciens collaborateurs pro-nazis flamands !!! … Quant à l’ argument visant à faire passer des habitants de catalogne provenant d’ autres provinces d’ Espagne, pour de « misérables » migrants venus de pays sous développés, cela est indigne, de la part de celui qui a émis cette « théorie » : ce serait considérer comme peu crédible le vote d’ un français de Toulouse qui serait installé à Lyon ou Strasbourg ???!!!
Il y a beaucoup de raccourcis contestables dans ce que vous dites. Le régionalisme catalan naît en même temps que le nationalisme dans tous les pays d’Europe. Et au XIX° siècle, la notion de fascisme est plus qu’embryonnaire. Quant au nationalisme flamand, il y a beaucoup d’ignorance à son égard, en France du moins. Non seulement il n’est pas « fasciste » à l’origine, mais il est essentiellement catholique, plutôt contre-révolutionnaire, et aussi pacifiste et antimilitariste, face aux francophones qui exigent que les flamands cessent de parler leur langue. Pendant la guerre de 14 où les flamands supportèrent l’essentiel de l’effort de guerre, la Wallonie étant occupée, les Allemands installèrent la première université flamande, que les vainqueurs s’empressèrent de supprimer dès 1919. La germanophilie des flamants n’a pas d’autre origine.