Par Jean-Michel DUFOUR
Pourquoi recommander la lecture d’un essai sur la démocratie : la piraterie dans l’âme de J.P/ Curnier (Edition Lignes, 2017) ?
C’est pour procéder à un bel exercice d’hygiène mentale afin d’échapper au formatage officiel de la pensée.
En effet le chapitre d’ouverture qui s’intitule : « ce que nous appelons la démocratie » comporte d’emblée une succession de questions pertinentes générées par le malaise ressenti face à l’écart considérable entre l’idéal qui sous-tend le mot « démocratie » et les différentes formes de réalité politique :
– A quoi attribuer l’inexistence d’interrogations sur la forme d’organisation que suppose la démocratie ?
– A quoi sert réellement la démocratie ? alors qu’elle ne s’est jamais présentée comme une réponse pratique aux problèmes qui se posent à l’humanité et que l’efficacité n’est pas ce qui la caractérise le plus.
Un début de réponse apparait si l’on considère que la démocratisation correspond à un ensemble de concessions destinées au maintien d’un minimum de paix sociale afin de ne pas entraver l’entretien d’une domination de quelques-uns. L’accord semble unanime sur l’inspiration morale de la démocratie,et cependant rien n’empêche de vouloir l’imposer par les armes. Pour s’autoriser à parler de démocratie,il suffit de constater l’existence de 3 facteurs fondamentaux :
– disposer de médias dits « libres » (la question de leurs propriétaires et de leurs intérêts propres est toujours soigneusement occultée),
– entretenir une totale liberté de choix et de facilités financières pour permettre une consommation débridée (les systèmes de crédit si préjudiciables à la pensée),
– mettre en place des élections intronisant des »professionnels de l’administration d’un état inchangé des choses (miroir aux alouettes du suffrage universel).
La cohésion sociale, autrement dit la réduction de la fracture sociale, tient à la nécessité de produire toujours plus de richesses pour asseoir l’illusion de liberté et d’égalité proclamées.
La pression économique habille la démocratie et l’obligation de croissance est son talon d’Achille.
Une donnée importante est généralement passée sous silence : Il s’agit du profond hiatus entre la vie politique « démocratique » et les règles antidémocratiques de la vie au travail.
Un chapitre est consacré à la démocratie athénienne pour montrer qu’elle n’est qu’un mythe moderne En réalité c’était une forme d’oligarchie composée d’élites dont le fonctionnement s’appuyait sur l’esclavage et la prédation.
Alors pas de démocratie parfaite ?
Si, la piraterie du XVIIe au XVIIIe. J.P. Curnier établit, citations à l’appui, que les codes, les règles, le fonctionnement des compagnies de pirates en font une société légaliste et égalitaire,où la démocratie repose sur l’égalité dans le travail ainsi que sur « l’autorité de la compétence ».
La démocratie aurait-elle la piraterie dans l’âme ?
Bonne lecture. •
Oui c’est cest certainement passionnant. Comme le livre de Jean Haupt le procés de la démocratie ! Tout y est dit .
Cela parait en effet une lecture attractive ; ne pas aller dans le sens de ia déification de la démocratie . C’est curieux de voir comme tous se réclament de celle-ci habituellement .
Quelle Monarchie n’est pas démocratique de nos jours ? les satellites de l’ex URSS étaient eux mêmes des démocraties … populaires et pourquoi pas la communauté de l’islam ?
Il existe une attitude tacite de ne pas la mettre en question comme si elle diffusait une sorte de brouillard incapacitant ou comme si , pour la rendre aimable chacun lui prêtait les qualités qu’il voudrait qu’elle eut – le classique et c’est bien nommé etant la référence athénienne –