par Louis-Joseph Delanglade
En février 2017, lors d’un voyage en Algérie, le candidat Macron s’était cru autorisé à fustiger les prétendus « crimes contre l’humanité » que la France, y aurait commis, semblant vouloir se donner ainsi, fût-ce au mépris de l’Histoire, une dimension morale.
En novembre, à Ouagadougou (ex-Haute-Volta) le président Macron a proposé un bilan plus « équilibré » de la période coloniale, prouvant ainsi qu’il a compris la faute politique que constitue une approche trop moralisatrice, à plus forte raison quand elle est fondée sur le déni. En janvier 2018, en voyage officiel en Chine, récusant toute « diplomatie de l’hygiaphone », il explique aux journalistes français que reprocher à Pékin de ne pas respecter les droits de l’homme reviendrait à « ignorer des distances culturelles et des choix profonds de société ». Convenons simplement qu’il a fait des progrès.
Deux points de convergence ponctuels (et peut-être critiquables) sur le multilatéralisme et le réchauffement climatique justifiaient déjà le voyage de Pékin, lequel aura par ailleurs donné lieu, comme il se doit, à la signature de nombreux accords et contrats. Mais M. Macron, qui a l’ambition d’établir un « partenariat stratégique » avec la Chine aura eu le bon sens de ne pas se comporter en marchand de tapis, affirmant dès son premier discours que France et Chine ne sont pas des nations tout à fait comme les autres (« Nous sommes deux civilisations, c’est-à-dire deux peuples qui, depuis des siècles, mettent en œuvre, dans tous les domaines, une certaine conception de l’homme »). S’il est difficile de prédire l’avenir franco-chinois, on peut quand même convenir que le volontarisme politique affiché par le chef de l’Etat redore le blason d’une diplomatie française qui semble enfin se retrouver elle-même.
Il est vrai que M. Macron inscrit son action dans une conjoncture particulièrement favorable. D’abord il succède aux deux piteux présidents que furent MM. Sarkozy et Hollande, celui-ci ordinaire, celui-là vulgaire, tous les deux incultes. Du coup, le voici qui se déclare. Et s’active, sans tomber dans l’agitation d’un Sarkozy ou le prêchi-prêcha d’un Hollande. Ensuite, il fait son entrée sur la scène internationale alors que les principaux « alliés » de la France – l’Allemagne de Mme Merkel, la Grande-Bretagne de Mme May, les Etats-Unis de M. Trump – sont dans une situation plus ou moins préoccupante pour les raisons que tout le monde connaît.
On peut à l’évidence lui reprocher de trop jouer la carte européenne ; on peut tout aussi bien saluer son opportunisme dans ce domaine. De même a-t-il raison, contrairement à tant d’autres, de parler à tout le monde, ce qui est de bonne politique : il reçoit MM. Trump et Poutine, puis MM. Netanyahu et Abbas, puis MM. Erdogan et Kurz ; le voici en Arabie Séoudite et bientôt en Iran, en Afrique noire puis en Chine. Ici et là avec des contrats à la clé mais aussi pour (ré)affirmer les grands axes d’une politique étrangère au fond très classique, avec toujours ce réalisme de bon aloi qui consiste à parler directement et au plus haut niveau des vrais problèmes.
A ceux qui trouveraient ces lignes trop enthousiastes, nous concéderons qu’Il ne faut pour autant pas s’emballer car tout cela n’est peut-être qu’un feu de paille. Là comme ailleurs, le temps seul permettra de juger la politique étrangère d’un M. Macron dont on peut seulement dire qu’il laisse entrevoir des perspectives intéressantes. •
ouais…………
Analyse équilibrée d’un chef d’Etat pas ordinaire, surtout par une opposition bienvenue avec « Sarkollande, », et de son action diplomatique…Emmanuel Macron aide à faire désirer la venue du Roi: par certains côtés de sa présence il agit comme le ferait le Roi: dignité ( mais pas toujours!) compassion en face de victimes; par d’autres côtés, il fait ressortir « le manque de Roi »…(lui-même a dit cette expression si juste). Mais de toute façon, il fait grandir le désir d’un Roi, un vrai! Il est donc signe (providentiel?) d’un avènement royal qui se prépare lentement mais sûrement dans l’ombre de l’actualité.
C’est bien en effet un » chef d’Etat pas ordinaire » . L’article de LJD souligne justement la chance qu’a Macron de pouvoir intervenir sur la scène internationale à un moment ou nos « alliés » sont presque hors circuit .
Savoir saisir les opportunités est bien une qualité de notre Président ( est ce lié à sa formation » Rothschild » ? )
Beaucoup moins habile sur le plan des affaires intérieures françaises : on voit bien , la continuation du » tour de vis fiscal » initié sous Hollande avec , en prime , l’affichage de la priorité pour les » actifs » ( gain de pouvoir d’achat en grignotant celui des anciens actifs -retraités – ) Outre le coté déplaisant d’ opposer les générations , chacun faisant ses comptes , bien des retraités électeurs , tous partis confondus , n’hésiteront pas , à le contrer pour les élections à venir .