National, social et populaire
C’est dans la grande tradition du FN canal historique, celui qui, au début des années 1970, se démarquait à peine du Mouvement social italien (MSI), non seulement dans la flamme tricolore qu’il avait reprise aux néo-fascistes, et que le Rassemblement national conservera, mais également dans le vocabulaire lui-même, que Steeve Briois a rappelé au Congrès que le FN est avant tout un mouvement national, populaire et social. Une trilogie, en effet, que Jean-Marie Le Pen n’a cessé de marteler tout au long de l’histoire du mouvement pour bien montrer la spécificité de la droite nationale, par rapport à la droite libérale ou conservatrice. Et ce ne sont certainement pas les résultats encourageants de l’alliance électorale italienne entre la Lega, Fratelli d’Italia (héritiers du MSI, dont ils ont repris la fiamma tricolore) et Forza d’Italia (sur la pente descendante) qui inciteront le FN à changer de ligne. D’où aussi, nous l’avons dit, une stratégie d’alliances voulue par Marine Le Pen, qui serait à coup sûr gagnante, car, de même que l’électorat de gauche dès 1934 ou 1972, assurément, l’électorat patriote, toutes droite confondues, avaliserait une telle stratégie si celle-ci se dessinait… Mais, c’est bien connu, nous avons la droite la plus bête du monde… Ou, surtout, la plus aliénée. Ce n’est pas le cadavre du fascisme qui bouge encore, et qui obnubile la droite, mais bien plutôt celui de Mitterrand, dont le totem interdit comme un tabou toute alliance de la droite libérale ou conservatrice avec la droite nationale, sociale et populaire. Ce qui est possible, par exemple, en Autriche ou en Italie, est impossible en France. On peut, on doit, d’un point de vue électoral, le regretter. Mais c’est un fait. Et c’est sur des faits qu’il faut construire l’analyse politique.
Une base militante encore saine
On ne peut en revanche qu’être rassuré qu’après plusieurs années de philippotisme, la base militante du FN futur RN soit restée aussi saine, en dépit peut-être de cadres dirigeants qui, par aveuglement, auraient certainement préféré une plus grande transformation idéologique de l’adhérent-type. Si, sur la question de l’euthanasie, un flottement s’observe, si la peine de mort (nous ne nous en plaindrons pas) est largement devancée par le souhait de voir établir une vraie perpétuité incompressible, pour le reste, l’adhérent du FN continue, à de larges majorités, à promouvoir une vision de la nation et de la société qui soit conforme à la doctrine sociale de l’Eglise, qu’il s’agisse de l’immigration, du mariage homo, de la GPA ou de la PMA. Comme quoi Marine Le Pen a commis une faute lourde qu’elle a payée à l’élection présidentielle en ne s’étant pas davantage engagée dans les manifestations contre la dénaturation du mariage et qu’elle doit absolument le faire dans les luttes à venir contre la marchandisation du corps de la femme et de l’enfant à naître. Comme quoi aussi, c’est bien Marion Maréchal-Le Pen qui incarnait le mieux, les années précédentes, l’ADN idéologique du mouvement. Et pourrait de nouveau l’incarner. Car ces résultats prouvent qu’on peut être à la fois un grand mouvement national, social et populaire et refuser les fausses évolutions sociétales. L’effet de cliquet n’existe que dans les têtes de politiques sans conviction. •
François Marcilhac
Excellente analyse, le FN donne dans la parité, après la RN ( AF) voici LE RN. C’est vrai, aussi qu’à part Gilbert COLLARD et Marion MARECHAL, le FN était aux abonnés absents lors des « manifs pour tous », laissant le terrain aux amis de François FILLON.
Il est vrai que Marine e Pen était absente lors des manifs pour tous. Cependant il faut aussi voir que si elle y était allée, elle n’aurait eu droit qu’à des avanies. Accessoirement, je ne partage pas l’avis de Marcilhac ni sur la peine de mort, qui est un attribut inaliénable de la souveraineté, ni sur la perpétuité incompressible qui est une monstruosité.