Par Roland Hureaux
C’est, selon son habitude, à une fine analyse que Roland Hureaux se livre ici [Boulevard Voltaire – 22.03]. Nous n’avons pas plus que lui, ménagé nos critiques à l’encontre de Nicolas Sarkozy, durant son quinquennat. Le moins que l’on puisse dire est que nous n’avons pas été de ses soutiens ou de ses partisans. Néanmoins, eu égard à la fonction de Chef de l’Etat que Sarkozy a exercée, notre avis est que Roland Hureaux a raison. Que son analyse est juste. Rappelons qu’il fut l’un des participants au colloque d’Action française du 7 mai 2016, à Paris, « Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? » LFAR
Loin de nous l’idée d’approuver, après coup, l’action de Nicolas Sarkozy pendant son quinquennat. Nous avons eu l’occasion, en son temps, de critiquer beaucoup de ses initiatives.
Il a tout de même eu le mérite de ne pas se répandre en repentances humiliantes pour la France et à ne pas mettre à l’encan notre patrimoine industriel, comme le fait l’actuel Président.
La guerre de Libye a été une des plus désastreuses qui soit par ses conséquences : diffusion de l’arsenal du dictateur libyen dans la moitié nord de l’Afrique, ouverture de la Méditerranée à l’immigration de masse. Sarkozy ne l’a, certes, pas décidée seul, mais il s’était assez mis en avant pour qu’on la mette à son débit.
Il reste que sa mise en garde à vue, même pour une affaire concernant la Libye, est quelque chose de profondément choquant.
Voilà, une fois de plus, le témoignage d’une grave perte de repères de notre appareil judicaire.
Le risque de fuite ou de disparition de preuves, qui aurait pu la justifier, était en l’occurrence nul, bien entendu.
La justification théorique sera sans doute l’égalité des justiciables devant la loi que certains secteurs de l’opinion ratifieront peut-être. Mais qui ne voit se profiler, derrière ce beau principe, la vieille envidia démocratica, qui pousse à se payer un ancien chef de l’État, lequel figurait sur l’inacceptable « mur des cons ».
Il faut aller plus loin. Nicolas Sarkozy a occupé pendant cinq ans une fonction sacrale : certes, le président de la République ne guérit plus les écrouelles comme jadis les rois, mais il a conservé le droit de grâce ; il dispose, depuis 1963, du droit exclusif d’actionner l’arme nucléaire. Il promulgue les lois et garantit l’indépendance de l’autorité judiciaire. L’ancien Président est toujours membre du Conseil constitutionnel. Qu’il soit bon ou mauvais dans ce rôle, il est, pendant le temps de son mandat, l’autorité suprême de la nation. C’est, de toutes les façons, une charge écrasante. Tout cela mérite des égards. Il faut une certaine dose de vulgarité pour ne pas s’en rendre compte.
Les anthropologues (de Frazer à Girard) ont montré comment, dans les sociétés « premières », le roi a vocation soit à gouverner, soit à être mis à mort, pas toujours de manière symbolique, mais rien entre les deux. Sous la prétendue égalité, c’est pour cette deuxième option qu’ont opté les juges qui ont voulu l’humilier.
Mais il n’est pas nécessaire d’être anthropologue pour sentir ce genre de choses d’instinct. C’est ce qu’Orwell appelait la « décence commune » (common decency). Dans ce domaine comme dans d’autres, un juridisme borné et souvent mesquin a pris sa place. Il est bien des choses qui ne vont pas dans le royaume du Danemark.
La garde à vue de Sarkozy ne grandit pas notre Justice. •
Je partage entièrement cette analyse : ce comportement à ce niveau de magistrats du syndicat de la magistrature devient particulièrement inquiétant .
Ils ont jugé le roi Louis XVI alors qu’il était innocent et l’on condamné à mort, à une mort infamante car il était la tête du royaume. Alors !
Sarkozy n’est-il pas coupable, lui, avec sa désastreuse politique libyenne ? N’est-il pas coupable également d’avoir imposer aux Français, qui avaient pourtant dit non, son désastreux traité de Lisbonne ? Qu’il soit jugé, peu importe, il n’est plus en fonction et redevient un citoyen lambda. Il n’a de toute façon jamais incarné la droite.
Reste à juger les autres, Hollande et Macron. Reste à juger le régime pour régicide et génocide ! Mais là, les juges de la république jacobine n’iront pas jusque là. Ils ne peuvent, à moindre coût, que se payer la tête de Sarkozy !
Le problème de Nicolas Sarkozy est qu’il n’a jamais eu le comportement que les Français auraient attendu d’un roi. Il a présidé et abaissé la république à un niveau de désinvolture et de vulgarité inconnu jusque là, ce qui explique le peu de respect qu’il inspire dans ce pays. Mais je suis d’accord que tout cela ne fait pas de lui un coupable présumé de ce dont il est soupçonné.
Sauf s’il a organisé la déplorable intervention libyenne pour supprimer kadhafi et l’empêcher de dire les choses. Je ne dis pas que je crois à cette horrible hypothèse. Mais peut-on l’écarter tout à fait ? Engager militairement la France à des fins personnelles, ce serait un acte de haute trahison. Bien pire que le financement « inapproprié » de sa campagne de 2007. Les campagnes électorales en ont vu d’autres et sous cet angle Sarkozy n’est sans-doute pas pire que les autres.
Entièrement d’accord, Fabre. S’il a organisé cette intervention – et l’assassinat de Kadhafi qui s’ y rattache – afin de cacher ses turpitudes, il mérite le peloton d’exécution pour haute trahison.