L’imbroglio catalan se poursuit comme il était à craindre. Sur un mode tragi-comique qui n’honore ni le baroque Puigdemont, ni la Catalogne, ni même l’Espagne.
Après ses diverses facéties, ses atermoiements, ses palinodies, ses arguties alambiquées devant l’ex-Parlement catalan, sa fuite en Belgique, ses appels ratés au soutien européen – de nul effet – sa tentative de former à Bruxelles un improbable Comté de Gouvernement qui aurait dirigé de loin la Catalogne, Carles Puigdemont se retrouve en prison en Allemagne à Neumünster dans le lointain et nordique Schleswig-Holstein, qui ne nous rappelle guère que la guerre des duchés, à la fin du XIXe siècle. Ainsi Puigdemont connaît-t-il en Allemagne le même sort que ses acolytes dirigeants indépendantistes détenus dans les geôles espagnoles. Même s’il demeure emblématique de l’indépendantisme républicain catalan et si ces jours derniers Barcelone a manifesté pour lui, si on s’y est battu pour lui, l’image de Puigdemont est, de fait, ternie, dévalorisée. On se souvient qu’en novembre dernier, même Ada Colau, maire Podemos de Barcelone, avait eu pour lui et son gouvernement des mots plutôt durs après qu’il eut quitté la capitale catalane pour Bruxelles : « ils ont mené la Catalogne au désastre » ; « Ils ont provoqué des tensions dans le pays et porté une déclaration unilatérale d’indépendance dont ne voulait pas la majorité » ; « ils ont fait la déclaration puis ont disparu ». Etc.
La Catalogne en tant que telle n’est pas sortie grandie, non plus, de cette agitation. Et elle est loin d’être tirée d’affaire. On sait que son économie s’est affaiblie notablement. Mais plaie d’argent n’est pas mortelle. La Catalogne est assez riche, assez industrieuse pour s’en relever. Les Institutions catalanes – historiques, légitimes en soi – sont dans un désordre profond. Elles sont en lambeaux. L’autonomie de la région a été suspendue. Madrid l’administre directement. Mais le plus grave est sans-doute ailleurs, comme l’a remarquablement discerné et signalé le roi Felipe : la société catalane est désormais fracturée et la cassure est si profonde, si radicale, que l’on voit mal comment elle pourrait être réduite avant longtemps. Le camp indépendantiste, sans-doute minoritaire en voix, comme on l’a vu aux dernières élections catalanes pour l’actuel parlement introuvable, pourrait représenter autour de 48% des votants. Peut-être un peu moins. Le camp anti-indépendantiste autour de 52%. Ce qui se présente est donc un affrontement bloc contre bloc, d’où la haine n’est pas absente. La haine de l’Espagne est enseignée à l’école, à l’université, cultivée dans les médias, portée par une grande partie de la classe politique et des élites bourgeoises, exacerbée par des groupuscules d’extrême-gauche radicale très organisés, et ce depuis des décennies. Les anti-indépendantistes, réveillés par les événements, portent, à l’inverse, un indéfectible attachement à l’Espagne, même si tous les Catalans sont catalanistes. Fondé sur une telle fracture, l’avenir de la Catalogne ne laisse pas d’être inquiétant.
L’Espagne a renoué avec ce qu’on appelait jadis, avant la Guerre Civile, « les séparatismes locaux ». Ils avaient été l’une des plaies vives de la république espagnole dans les années trente. Sous le régime franquiste, ils n’avaient eu d’autre expression que le terrorisme basque. Point de dispositifs d’existence légaux. L’on crut que la monarchie restaurée avait trouvé un point d’équilibre entre unité et diversité en instituant les dix-sept autonomies qui, en quelque sorte, ressuscitent les anciens fueros. Les événements de Catalogne en montrent la limite, comme si l’unité de l’Espagne, toujours maintenue, n’avait jamais été tout à fait achevée. Madrid a répondu aux menées séparatistes catalanes en invoquant la légalité constitutionnelle et en utilisant tous les moyens judiciaires disponibles. Les indépendantistes ont été forts de résultats électoraux favorables, même si, minoritaires en voix, leur majorité en sièges au Parlement, n’est jamais provenue que des bizarreries du système électoral en vigueur.
Au-delà de tout, de la Constitution de 1978, de la démocratie elle-même, ce qui n’a guère été dit c’est qu’en tout état de cause, sauf bouleversement extraordinaire, Madrid n’acceptera pas la rupture de l’unité de l’Espagne ; c’est que l’indépendance de la Catalogne est, en l’état impossible. Transcendantes à toutes considérations légalistes, il y a six siècles d’histoire de l’Espagne dont la Catalogne n’a jamais cessé de faire partie. Et il y a les réalités qui établissent l’indéniable hispanité de la Catalogne. Réalités qu’un vote, ou même plusieurs, n’abolit pas aisément. Et sa légitimité ne s’impose ni en Espagne, ni en Europe, ni ailleurs dans le monde. Ni même en Catalogne.
Carles Puigdemont l’apprend à ses dépens dans une cellule de prison du Schleswig-Holstein. ■
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Ça signifie quoi l’hispanité de la Catalogne ?
Ce peuple, ennemi historique de la France, n’a eu quelque intérêt qu’à la fin du 15ème siècle et entre 1936 et 1939… Il est insupportable et ridicule.
Charles quint, qui s’y connaissait avait porté sur lui un très acéré jugement : » Les Allemands ont l’air sage et sont fous, les Français ont l’air fou et sont sages. Les Espagnols ont l’air fou et sont fous ».
Ah là là, s’il n’y avait que nous et les Italiens au monde, quel bonheur !
Capturé en Allemagne ; Il devait en être ainsi .
Cela fait souvenir de cette blague européenne définissant l’enfer comme un endroit ou le policier est allemand , le cuisinier anglais , l’ingénieur français, l’amoureux suisse , le tout organisé par des italiens ; à l’inverse , paradis avec policier anglais , cuisinier français , ingénieur allemand , amoureux italien et organisation par le suisse .