Par Guilhem de Tarlé
La Prière, un drame de Cédric Kahn, avec Anthony Bajon (Thomas), Louise Grinberg (Sybille), Hanna Schygulla (Sœur Myriam).
Sans doute La Scène incongrue de Thomas et Sybille était-elle le prix à payer pour la distribution de ce film, sans laquelle on pourrait dire de cet opus qu’ il est tout simplement, intrinsèquement, prière.
Durant 1h50 les spectateurs communient dans une action de grâce, un Deo gratias, pour ces communautés – et il en est une semblable ici en Berry – qui accueillent et qui soignent par la prière et par le Travail (ora et labora selon la règle Bénédictine) ces garçons et ces filles que la drogue voulait détruire.
Un véritable documentaire, dont la réalisation a pourtant été dénoncée (si la note que j’ai sous les yeux n’est pas une fake news) par la communauté du Cenacolo selon laquelle « l’intuition du film (aurait) germé dans le cœur du réalisateur lors d’une visite de (leur) maison de Lourdes ».
Alors pourquoi un tel reniement ? Peut-être à cause des gifles de Sœur Myriam… Plus sérieusement sans doute parce que cette fiction dévoile la fragilité de ces résurrections : est-on bien sûr que Thomas ne retombera pas ?
Malgré le Chant de l’Espérance
Il me dit « reprends courage,
L’espérance est un trésor,
Même le plus noir nuage
A toujours sa frange d’or ».
Malgré la prière, ce film n’est-il pas profondément pessimiste ?
Les garçons et les filles qui racontent leurs histoires restent enfermés dans la communauté. Ceux qui ont cru pouvoir en sortir y sont retournés bien vite, y retrouver sa protection.
Le film pèche par l’absence de preuves de succès, d’hommes et de femmes qui reviendraient plusieurs années après, témoigner de ce qu’ils sont devenus, comment ils ont réussi leur vie.
Finalement est-ce la prière qui sauve ou la vie en communauté ?
Je te demande pardon, Seigneur, pour mon manque de foi. •
PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.