L’auteur de cet essai à paraître courant mai – mois d’un cinquantenaire très discuté – n’a pas, et d’assez loin, l’âge d’avoir vécu Mai 68. Il en tente pourtant l’analyse, la ou les explications, avec un regard neuf, avec cette distanciation qui sera peut-être l’un des intérêts de son ouvrage. Rémi Hugues, en tout cas, a préparé pour les lecteurs de Lafautearousseau un dossier spécial Mai 68, sous forme d’une série dʼarticles qui seront publiés ici-même tout au long du mois. Que l’on ait ou non vécu l’agitation inouïe de ce mois-là – mai 1968 – on lira Rémi Hugues avec intérêt, pour quelques-uns avec une certaine passion, et, au besoin, l’on discutera ! Voici, pour l’heure, la présentation de son ouvrage. LFAR
« Mai 68 contre lui-même » de Rémi Hugues – Présentation
Le pouvoir en place, qui, il y a un an, en exaltant le « Penser Printemps », espérait que la renaissance de la nature s’accompagnerait de la rédemption de l’individu par le truchement de l’action collective, qui libère et émancipe, car chacun y prend part, à égalité, entend à présent célébrer dans une communion prétendument nationale le cinquantième anniversaire des événements de Mai 68. Eh bien, soit ! Rappelons au bon souvenir des amnésiques quelle fut réellement cette grand fête ultra-libérale et ce qu’il en fut du vent de liberté qu’elle prétendit insuffler. Cet « esprit de Mai » servit en vérité de paravent à la mutation du capitalisme de papa en hyper-capitalisme à vocation planétaire.
Au printemps de cette année-là, il y a cinquante ans tout juste, le capitalisme s’est paré d’habits neufs. Une toilette de printemps en quelque sorte… ludique, marginale et libidinale, que l’inconsciente jeunesse fut chargée de disposer. Les motifs ? L’anticapitalisme : nous sommes alors encore à l’époque où pour beaucoup le communisme n’a pas cessé d’incarner la Terre promise. L’anti-impérialisme : l’affreuse guerre du Vietnam fait des ravages, affectant, outre les victimes civiles et militaires, l’image des États-Unis dans le monde.
Dire ce qui advint en Mai 68, c’est dire l’histoire d’un paradoxe. La France fut secouée par une agitation inouïe, mais à contre-sens des buts et des idéaux affichés. De Gaulle, tenant du reliquat d’un certain ordre traditionnel, gênait le mondialisme en marche. Il fallait à tout prix l’évincer. Ce fut fait, et bien fait ! •
Mai 68 contre lui-même, de Rémi HUGUES, Edilivre. Parution : courant mai 2018