Giuseppe Conte, le nouveau chef du gouvernement italien antisystème
Les fonctionnaires de Bruxelles, la structure de l’U.E., ses commissaires et ses parlementaires, ses conseils des ministres, ses sommets des Chefs d’Etats, ses techniciens, ses idéologues et ses négociateurs, ont cru que l’on pouvait infliger aux vieux peuples historiques, aux nations constituées de longue main, aux Etats membres, les pires avanies sans que rien ne se passe.
Ils ont cru que ces entités dites du passé, de l’Histoire, de l’ancien monde, resteraient sans voix, ne regimberaient pas. Ils ont pensé que les peuples molestés accepteraient sans mot dire d’être envahis de migrants et de produits chinois ou autres.
Exposée de plein fouet à ces fléaux, dans l’inconscience et le laxisme le plus général, ils ont eu l’Italie de la Ligue et de Cinq Etoiles. Elle fait trembler tout l’édifice, fragile comme ce qui est artificiel.
Que la Grande Bretagne ait quitté l’U.E. était un coup dur. On a poussé les hauts cris, lancé des anathèmes, brandi des menaces. Mais l’on savait bien que l’Angleterre, arrivée tardivement, n’avait jamais été vraiment tout à fait à l’intérieur de l’Union. Un pied dedans, un pied dehors, telle était sa réalité. La Livre sterling, la reine, le Commonwealth, le grand large, un lot de substantielles dérogations aux règles communes, la tenaient dans cette position de pays membre très spécial de l’Union. Son départ fut douloureux, mais pas vraiment surprenant.
Que les pays d’Europe Centrale, derniers venus de l’Union, aient assez vite fait entendre leur différence et bientôt leur opposition, devenue ultimement une fronde identitaire, on pouvait encore se rassurer. Ils sortaient du communisme et confinaient à l’arriération. On pouvait encore, façon d’en sortir indemnes, mettre leurs réactions sur le compte de ces deux malheurs, effets d’un temps révolu …
Mais l’Italie ! L’Italie du traité de Rome, de De Gasperi, l’un des plus éminents pères fondateurs de l’Europe ! L’Italie de la toute puissante démocratie chrétienne d’après-guerre, d’Aldo Moro, Fanfani, Andreotti ! L’Italie de Montini, l’Italie des papes ! Tous grands européens, mondialistes, immigrationnistes convaincus, comme l’est le pape François, lui-même italo-argentin ! L’Italie, qui plus est troisième puissance économique de l’U.E., balayant tout cela, se dotant d’un gouvernement antisystème ! L’affaire, cette fois-ci est, comme le dit le langage diplomatique, de la plus haute importance.
Avec ses qualités et ses défauts, l’Italie est éminemment européenne et le restera. Mais elle vient de rejeter à grand bruit l’Europe de Bruxelles. ■
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bonne chose il est temps .
il convient d’attendre ce que va faire concrètement ce nouveau gouvernement italien
Espérons que le peuple italien ne sera pas encore une fois roulé dans la farine, trahi par sa classe politique
Car :
« Le premier des problèmes qui se manifeste dès aujourd’hui tient aux pouvoirs accordés, dans la Constitution italienne, au Président de la République. Il n’est pas le strict homologue de nos Présidents de la IVème République qui, suivant l’expression consacrée, devaient se borner à « inaugurer les chrysanthèmes ». Le Président est le garant des traités et, à ce titre, des traités européens. On voit immédiatement tout ce qu’un europhile convaincu, et donc peu soucieux d’entendre la voix des électeurs, peut en tirer. D’où la difficulté pour l’alliance M5S-Lega de ne pas décourager les électeurs en rabotant par trop dans son programme les points anti-Euro et anti-UE, tout en passant sous les fourches caudines du Président, du moins tant qu’un référendum n’aura pas eu lieu. Cela explique les acrobaties, il n’y a pas d’autres mots, auxquelles se livrent Salvini pour la Lega et le dirigeant du M5S. » (……)
https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-le-nouveau-gouvernement-italien-et-lagonie-de-lunion-europeenne-par-jacques-sapir/