Par Hilaire de Crémiers
Les Irlandais ont répondu « oui » au référendum qui portait abrogation de l’amendement constitutionnel interdisant l’interruption volontaire de grossesse.
À 66,5 % des votants. C’était le vendredi 25 mai. L’avortement sera donc légal jusqu’à trois mois de grossesse et, sur justification médicale, entre trois et six mois. Le Premier ministre Leo Varadkar, d’origine indienne et lui-même homosexuel affiché, s’est félicité de cette « révolution tranquille ». Ce référendum fait suite à celui de 2015 qui avait autorisé le prétendu mariage homosexuel. La catholique Irlande qui, il y a encore vingt ans, se refusait à ce genre d’évolution dite « sociétale », rejoint le troupeau européen des peuples qui se suicident, dans la pratique qui sera généralisée et, sans le dire, quasi obligatoire sous contrainte morale, d’une « culture de mort » qu’avait véhémentement dénoncée en son temps saint Jean-Paul II. En la circonstance, la voix souveraine de l’Église ne s’est pas fait entendre. Et c’est, peut-être, ce qu’il y a de plus grave.
La lecture des éditoriaux du Monde et de Libération – on n’ose pas avancer d’autres titres ! – donne à comprendre, avec les mêmes arguments continuellement ressassés, quel plan diabolique oriente tout cet ensemble de décisions auquel l’Europe institutionnelle a amené tous les pays d’Europe ou presque ! Au nom des droits de l’Homme, le permis de tuer et de forniquer comme on veut, autant qu’on veut. Avec interdiction d’interdire sous peine de délit et de crime. Et ces lois sont les bases intangibles du nouvel ordre social : Sodome et Gomorrhe, et l’infanticide généralisé ! Exultation des médias : un référendum qui donne envie de référendum, écrit Le Monde. Restent encore cinq pays qui ne sont pas tout à fait alignés, dont la Pologne. C’est donc une évidence pour la haute morale qui guide nos maîtres à penser : il faudra réduire cette opposition. La Pologne est dénoncée ; l’Europe s’en occupe. Chypre devra y passer et il ne faudra pas oublier jusqu’à la petite principauté d’Andorre ! La même loi pour tous ! Et, après, qui osera se plaindre de la dégradation des mœurs, de l’effondrement de la natalité, de l’effroyable abandon moral de la jeunesse ? Et qui osera s’étonner des progrès de l’islam et de l’islamisme ? Il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
« La France continue dans la même voie. Elle en arrive à la révision de ses lois de bioéthique. Pourquoi cette révision et à quoi sert-elle ? Politique magazine en fait son dossier de ce mois-ci. C’est, évidemment, capital. »
Toute l’astuce consiste, en se servant de sondages dont on ne sait que trop comment ils sont fabriqués, à invoquer une opinion présentée comme majoritaire pour contourner l’obstacle d’une intelligente, forte, constructive opposition qui, par sa seule existence et la seule vérité de son argument, devrait arrêter toute tentative de passer outre. Eh bien, non ! Le rapport de synthèse du Comité consultatif national d’éthique, remis le mardi 5 juin, laisse la porte ouverte à toutes les transgressions. Notre dossier aide à comprendre le pourquoi et le comment.
Le 23 mai à l’Élysée, le président Macron recevait en dîner privé différents partenaires des travaux préparatoires. La question portait sur la PMA et la GPA ; les représentants des opposants au changement de loi étaient, comme par hasard, minoritaires. L’Élysée a fait savoir que le président, maintenant, se réservait la question. A été annulé l’évènement national qui devait clore les États généraux de la bioéthique début juillet. Tout est reporté en septembre. La Manif pour tous, de son côté, a déjà envoyé aux autorités son propre rapport de 400 pages. Il est à espérer qu’il sera reçu et lu.
Vient un moment où la vérité doit être dite. Il n’y a pas de synthèse possible dans un « en même temps » supérieur entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste, le oui et le non. L’opinion ne fait pas la loi. Une majorité d’opinions favorables ne donne pas raison à une loi en soi criminelle et profondément immorale ; elle ne crée pas un droit de tuer, n’ouvre pas une possibilité de tripatouiller la vie humaine et de livrer au marché ovocytes, spermes, embryons, ventres, enfants et familles. Qu’est-ce que vaut l’opinion en pareil cas ? Ou ce qu’on appelle telle ? Surtout quand elle est manipulée ? Par l’argent et par des puissances plus ou moins cachées qui obéissent à des mots d’ordre ?
Il faut en finir avec ces ralliements pseudo-démocratiques qui asservissent les uns après les autres tous les peuples chrétiens. Pour le plus grand profit de leurs ennemis ! Il est temps de dire : non licet. Vraiment souverain, c’est-à-dire libre, sera celui qui le dira avec autorité. ■
Qui peut digérer un rapport de 400 pages ? en dehors de celui qui l’a écrit, personne ! Nous vivons dans un monde qui ne sait plus où est le bien, où est le mal ! La révolution de mai 68 a réussi à tout foutre par terre et à ne rien construire qui mérite que l’on s’y attarde. S’il reste quelques têtes bien pensantes, il faut reconnaitre qu’elles hésitent à monter au créneau, sans doute par crainte d’être considérées comme des dinosaures. Une seule personne pourrait prétendre pouvoir remettre un peu de bon sens dans ce chaos, c’est bien entendu le pape, dont on n’entend pas assez la voix. De toute façon, il ne peut être partout et semble avoir bien du mal à rassembler ses troupeaux de plus en plus dispersés, mais qui aimeraient retrouver un vrai berger. Il y a un temps pour tout et du chaos peut surgir une petite fleur qui redonnera espérance et amour dans ce monde de désespérés, qui ont oublier que si Dieu peut TOUT, les hommes RIEN. Pour l’instant Dieu laisse faire un peu tout et n’importe quoi. Sans doute se distrait-Il ! Mais quand Il s’en lassera, Sa colère fera trembler les responsables de ces chaos et ceux-ci ne s’en remettront pas. Que les justes patientent, ils obtiendront justice dans les temps. Tout arrive à point à qui sait attendre.
ce n’est pas Dieu qui abandonne les hommes,mais les hommes qui abandonnent Dieu.Les peuples sont instrumentalisés années après années pour être séparés car ceux qui ont le pouvoir temporel sont beaucoup moins nombreux et ce Dieu qui aime et réunit dérange et leur fait peur…Cela ne date pas d’hier.
Cet article, ainsi que les deux commentaires, sont très significatifs de nos préoccupations. Hilaire déplore que la catholique Irlande se rallie à la doxa officielle. Il condamne sans appel ce vote et il le déplore avec raison. Il ne commente pas, en revanche, le fait que l’Eglise irlandaise soit restée silencieuse. La raison en est simple: l’Irlande a majoritairement perdu la foi, et cette majorité n’est plus disposée à imposer la morale chrétienne dans la loi. Je rappellerai cependant que nous sommes d’AF et que nous devons donc justifier la loi au nom des exigences du salut public, qui met en avant la survie du groupe avant tout, que l’on soit chrétien ou non. Du reste les commentaires de Solange Heisdorf et de Michèle Oddone sont très classiques: Solange annonce que cette transgression annonce le châtiment de Dieu, qui n’est pas intervenu jusqu’ici parce qu’Il était occupé ailleurs (« Il laisse faire tout et n’importe quoi »), mais Qui va lancer sa foudre. Michèle critique l’idée que, selon la formule de Donoso Cortès « Dieu a abandonné les hommes », et rappelle que le Bien vient de Dieu et le mal des hommes. Mais toutes deux, comme Hilaire, supposent qu’il ne peut exister de retour à l’ordre naturel que par la conversion. Il me semble au contraire qu’il ne sert à rien d’anathématiser les techniques. Contraception, avortement, PMA, GPA et tout ce fatras que l’on désigne sous le nom de transhumanisme doivent être soumis au « non licet » en fonction de l’intérêt général de nos peuples. Alors nous serons en mesure de nous opposer à cette déferlante de la décomposition.