Par Hilaire de Crémiers
Eric Zemmour a la simplicité du courage vrai, avec en plus ce courage moral qui est devenu aujourd’hui une vertu si rare.
Son talent, c’est l’écriture et la parole, une parole qui n’est chez lui qu’une autre forme d’écriture. Tout ce qu’il dit, même à l’emporte-pièce, a déjà été pensé, travaillé dans son esprit et c’est pourquoi il est toujours pertinent. Il l’est même de plus en plus ; c’est le fruit d’une expérience soutenue avec constance, d’une activité intellectuelle continue, d’un souci permanent de l’exactitude et de la justesse, tant dans la connaissance et le jugement que dans l’expression pour la meilleure des compréhensions. Lire ou entendre un billet de Zemmour est un régal pour un Français cultivé, honnête et de bonne foi. Inutile de qualifier ce qui caractérise ses ennemis, ceux qui ne peuvent supporter sa personne ni ses propos.
Il déplaît comme il plaît et pour les mêmes raisons.
Alors, pourquoi plaît-il ? Cette question suffit et la réponse vaudra de même pour l’interrogation contraire. Pour le savoir il suffit de lire le remarquable essai que Danièle Masson lui consacre. C’est plus et mieux qu’une biographie, avec ces mêmes qualités d’intelligence, de clarté, de style juste et direct pour analyser ce qu’il convient d’appeler « le cas Zemmour ». En chapitres rapides, précis, elle traite de son sujet qui l’a, par sa singularité, « interpellée » pour reprendre le mot du jargon actuel, en fait étonnée, intéressée, à la vérité captivée. La vie et l’œuvre de Zemmour passent sous son regard attentif, aigu et bienveillant, aussi admiratif qu’amusé. Danièle Masson est philosophe sans le dire ; elle a côtoyé Gustave Thibon et Maurice Clavel ; nul mieux qu’elle ne connaît Simone Weil et, élève de Jacqueline de Romilly et de Pierre Grimal, rien de la pensée antique ne lui échappe – « rien de ce qui est humain ne lui est étranger » – , pas plus que de la pensée moderne qu’elle a analysée et critiquée. C’est toute notre tradition helléno-latine et française qui, en quelque sorte, à travers elle, regarde Zemmour, et qui se réjouit finalement du seul fait qu’il existe et tel qu’il est. Il fallait rien moins qu’un fils de famille juive d’Algérie, né à Montreuil, grandi dans le peuple et avec le peuple, au milieu des Français de souche et des Maghrébins, qui sait donc tout de la société en vérité et qui n’a cessé d’approfondir comme naturellement, mais en une longue persévérance, son amour de la France, de l’histoire, de la littérature, de la vie de son pays.
C’est ce qui fait toute la force de son jugement qui n’en devient que plus redoutable. Il dit tout haut ce que la France, la vraie France, pense tout bas. Et toute la bande des bourgeois qui prétendent mener la France, gouverner les Français, penser pour eux, tous élevés dans les bonnes écoles, tous profiteurs de la société, tous renégats de leur religion, de leur histoire, de leurs familles, de leur patrie, ne peuvent pas le supporter, évidemment. Il leur dit la vérité, leur vérité. Il les a dépeints tels qu’ils sont : répugnants et ridicules. Tous amis de la trahison, au cours des quarante dernières années de décadence où ils se sont servis !
Et, cependant, Zemmour n’est pas un bloc figé de pensées et d’attitudes : son œuvre et sa vie en témoignent. Il aime Napoléon qui a pu incarner – mais trop à sa manière – une force et une gloire françaises ; et de Gaulle pareillement ; mais, il aime de plus en plus, à l’école de Bainville, les quarante rois qui, en mille ans, ont fait la France. Danièle Masson, dans les derniers chapitres de son essai, note sa réflexion religieuse. Éric Zemmour est si français qu’il attache la plus extrême importance à la conservation du catholicisme traditionnel qui est l’âme de la France. Il se désespère de voir l’islam conquérir peu à peu et inexorablement notre pauvre pays avec la complicité active de dirigeants politiques et religieux d’une lâcheté et d’une imbécillité inqualifiables. Il est triste pour la France. Il voit, il dit, il prédit : il y a du prophète chez Zemmour. ■
Éric Zemmour, Itinéraire d’un insoumis, Danièle Masson, Essai, Pierre Guillaume de Roux, 258 p, 23 €
Tout cela est bien exprimé et mérité par le sujet traité !
Je ne regrette-quant à moi- qu’une seule déclaration-(sans doute victime de l’emportement due à l’éloquence), – en raison de la tautologie qu’elle suggère !
On ne peut guère sérieusement prétendre que toute la « bourgeoisie »française est rénégate à sa religion catholique, d’abord parce que ce n’est pas vrai-ou pourrait rester à prouver-,ensuite-psychologiquement-parce que l’on n’attrape jamais les mouches avec du vinaigre !
Ce n’est sûrement pas la meilleure manière de convaincre,et risque, bien au contraire, de nuire à la qualité de l’argumentaire.
J’apprécie infiniment Eric Zemmour !
Mais il y a une question qui me taraude : « pourquoi le Système le laisse-t-il encore s’exprimer » ?
il y a quelque chose qui m’échappe et qui m’effraie en même temps : Et si ?…………Zemmour n’était qu’un exutoire ?…….
» Qu’ils chantent pourvu qu’ils paient » disait Mazarin ( cela lui est attribué du moins )
Eric Zemmour , pourrait bien , en effet être , toléré comme » ronchonneur » par le Système mais , qu’au moins nous reste la liberté d’entendre ou lire autre chose que l’ insupportable langue de bois des infos de la TV . ( la radio ne doit pas mieux valoir que la télé )
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A propos de liberté , l’on n’arrive plus à capter TV liberté sur » you tube » serait- ce censuré ? cela serait inquiétant car il ne semble pas qu’il s’agisse de redoutables extrémistes . .
Quand bien même Eric Zemmour ne serait qu’un exutoire, Il fait bon de le lire et entendre et cela fait du bien! Malgré quelques généralisations un peu exagérées parfois. Mais on lui pardonne. Dieu reconnaîtra les siens, si je peux me permettre.
Gilbert Claret a raison.
Certains commentaires se trompent par excès de catastrophisme Inutile d’en rajouter. De là à dire que Zemmour est complice, se prête au jeu du ronchonneur toléré … Non ! N’exagérons pas.
Les médias invitent Zemmour parce qu’il fait de l’audience, qu’il est devenu incontournable, que son dernier livre (Le Suicide français) a tiré à plus d’un million. Que les Français en redemandent.
Il faut voir aussi le contexte international, Trump, le Brexiit, la montée des populismes partout, le résultat des élections italiennes, etc. Il vous en faut encore pour discerner une tendance devenue lourde ? Non encore victorieuse mais qui pèse de plus en plus.
Enfin, il faut avoir un regard général sur l’information que dispensent les médias. Zemmour n’y est plus seul du tout.On y voit toute une kyrielle de néo-réacs.
Ouvrez les yeux et les oreilles que diable ! Sinon, nous serons de vieux croûtons renfermés sur nos petites craintes et nos évaluations obsolètes.
Oui le ciel semble se dégager sur le plan de l’ international mais , s’il en faut encore c’est pour que cette éclaircie concerne aussi notre pays . Bien sûr nous avons se bons intellectuels mais nous avons aussi , au lieu du populisme , des LR , des RN ( ex FN ) , des souverainistes ; ces trois là ne risquent pas de s’amalgamer .
Il -y-a la population mais il faudrait aussi une unité de conduite .
Enfin et c’est le principal puisque le sujet concernait Eric Zemmour, mon commentaire , maladroitement formulé s’il a pu induire tel déchiffrage ne fut pas inspiré par l’ idée qu’ il ( Zemmour ) fût complice ,