Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Péroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il travaille depuis 2005 pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc et ailleurs, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
EXTRAITS DU JOURNAL MAROCAIN 2018 INEDIT DE PÉRONCEL-HUGOZ
Rabat,17 mars 2018
Y ayant diminué mes activités journalistiques et éditoriales, je n’avais plus séjourné au Maroc depuis plusieurs mois. A mon retour, ce samedi, je suis arnaqué «grave» (pour parler «jeune»…), dès l’aéroport de Rabat-Salé, par un loueur d’autos que vante le Routard 2018. Heureusement je parle assez d’arabe local pour me tirer de ce guêpier, encore que, sans doute, je vais y laisser quelques plumes…
Donc, je loue chez un concurrent, plus cher mais plus sûr et je file vers la capitale royale à travers son épaisse ceinture verte, à base d’eucalyptus tout vernissés d’ondée printanière. Cette verdure non aedificandi est le plus beau des nombreux et inestimables cadeaux offerts par Lyautey au « monastère guerrier » (c’est le nom de Rabat, ribat en arabe). A Dar-Mastaba, en haute médina, près de là où séjourna le futur maréchal-résident avant le Protectorat (1912-1956), je crèche chez Florence Kuntz (l’ex-députée souverainiste). Sa très fidèle et très stylée petite servante m’attend avec ses yeux modestement baissés, son fichu bien tiré; les draps aussi sont bien tirés, dans cette vieille maison aux zelliges bien briqués.
Plus tard, je descends en « ville moderne » où une bonne trentaine de femmes mûres en djellabas, étendues sur des couvertures sont en grève de la faim, sous les arcades d’une grande banque du cru, pour protester contre la suppression par le gouvernement à direction islamiste de certaines aides aux populations du Grand Sud. Elles ont collé, sur le mur auquel elles d’adossent une photo du roi Mohamed VI, arrachée dans une revue. En ce Royaume, les grévistes n’ont pas toujours des pancartes revendicatives mais ils n’oublient jamais de se mettre sous la baraka – la bénédiction divine – du monarque chérif, « pape et empereur ». (à suivre). •
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