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Si l’affaire Benalla, en soi-même, est, comme on l’a dit, une souris qui a accouché d’une montagne – médiatico-politicienne s’entend – elle n’en atteste pas moins d’une crise de régime béante, crise systémique, non pas crise circonstancielle, crise de fond, institutionnelle, dont Maxime Tandonnet décrit ici les ressorts profonds, presque avec effroi. Et l’on y sent du désarroi [Figarovox – 23.07]. Conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée de juin 2005 à août 2011, Maxime Tandonnet sait de quoi il parle. Ce qu’il remet en cause ici, c’est le système électif appliqué à la désignation du Chef de l’Etat. Son analyse renvoie aux déclarations royalistes d’Emmanuel Macron, alors qu’il n’était que ministre de l’économie, en juillet 2015. LFAR
Nous finissons par en avoir l’habitude. En France, un président de la République est élu dans l’euphorie, nouveau sauveur providentiel attitré. Puis, dans la foulée, une assemblée nationale est élue à sa botte, parce que beaucoup de sottises font croire qu’il est essentiel de « donner une majorité au président ».
Pendant six mois, l’enthousiasme est de règle : Unes dithyrambiques de Paris-Match, reportages qui magnifient le demi-dieu que la France s’est donné etc… Le Président se rend compte bien vite de son côté que la réalité est infiniment plus complexe que le monde virtuel qu’il a conçu pour faire rêver les Français.
Donc, pour s’accrocher à l’image qu’il a inventée de lui-même, il communique, s’agite, gesticule devant les caméras de télévision à tout propos, lance de fausses réformes, les plus tapageuses et les moins utiles que possibles. Les présidents ne sont pas tous les mêmes, et ils le font avec plus ou moins d’habileté. Mais le syndrome de la déconnexion, du président coupé des Français, s’installe. D’ailleurs, il n’a rien d’illusoire: l’orgueil élyséen, le sentiment d’avoir accompli un prodigieux exploit et d’être devenu le « premier Français » est une sorte d’ivresse qui par définition, coupe du sens des réalités et du ressenti populaire, engendre un dangereux sentiment d’invulnérabilité et de toute-puissance factice : tout est permis, tout est possible ! Or, le peuple n’est pas complètement dupe et les sondages s’effilochent, mois après mois, dès septembre. La France d’en haut, médiatico-politique, celle qui s’exprime, commence à s’ennuyer. Alors tombe, au bout d’un an environ, l’heure de l’inévitable « scandale d’État ». Après Cahuzac et « Léonarda » vient l’affaire Benalla. Nous le savions, nous l’attendions, pas forcément de ce côté-ci mais le scandale dit d’Etat devait venir. Mon but n’est pas de réduire les responsabilités individuelles: dans les choix, dans les comportements, elles sont évidemment réelles. Mais pour autant, la perfection n’existe pas et quels que soient le président et son entourage, dans ce système qui concentre toute l’essence du pouvoir dans une image présidentielle, le scandale d’Etat est inévitable, au bout d’un an, qu’il vienne d’ici ou d’ailleurs. Mélenchon, le Pen, Hamon, ou tout autre, y compris des LR, au bout d’un an, seraient plongés dans un autre scandale d’État. Et alors, un système entièrement fondé sur l’image présidentielle s’effondre : finie la confiance, l’envie, l’enthousiasme.
Maintenant, il faut tenir les quatre années qui viennent, malgré le rejet viscéral de la nation, dans la seule espérance d’une réélection, à la faveur du déchirement du corps électoral et du chaos politique. Et c’est ainsi que la France, dans tous les domaines (économie, emploi, social, autorité de l’État, niveau intellectuel), plonge de décennie en décennies. Par où commencer ? Par une prise de conscience de chacun d’entre nous ! Le régime politique français (pas seulement les institutions mais aussi la culture politique) est à bout de souffle et entraîne le pays comme un boulet par le fond. ■
Ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l’exercice de l’État pour FigaroVox. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Au coeur du Volcan, carnet de l’Élysée est paru en août 2014. Son dernier livre, Les parias de la République (Perrin) est paru en 2017. Découvrez également ses chroniques sur son blog.
Je suis avec grand intérêt les interventions de monsieur Tandonnet qui est un visionnaire et tire depuis longtemps une sonnette d’alarme. Il insiste sur le culte de la personnalité qui s’est installé et sur la concentration du pouvoir sur un seul.
Le prêsident a tous les mauvais côtés d’un monarque sans en avoir les qualités.
En effet, Maxime Tandonnet est un intellectuel patriote et lucide. Notamment sur les vices du régime.
Je ne suis pas du tout « Macronien »mais avec cette affaire minable;toute l’opposition incapable d’etre constructive (du FN à Merluche en passant par les pseudo gaullistes n’ont trouver qu’un os à ronger! aprés avoir dévérsé un tombereaux de conneries ;aussi connes que cet attaché présidentiel qui va se faire plomber dans une tache inapropriée quoique utile devant les flics qui laissent filer un lanceur de bouteilles (pas en plastique !)dangereuses que le trop zélé Ben Machin + citoyen que les citoyens ordinaires (compléxe du néo) à cru devoir apérhender en vertu de l’article 30 devant lequel la plus part des français se défilent(à suivre sa défense)Pas de bléssé pas de plainte charge vigoureuse « normale »en MO
Ben machin aurait du se contenter de faire un rapport comme tous « les observateurs de manif tous muni d’un brassard rouge et d’un casque donc une médaille de la connerie
qui le décridibilise et de l’action comme pour son Président qui va le lacher !
Mais bien-sûr, François Renée a raison. Benalla a foncé sur des casseurs. Il s’est comporté comme un amateur, c’est tout. Ne suivons pas la réaction intéressée de l’opposition. Et tout ce hourvari ridicule pour pas grand chose. Que de salive et de temps perdus pour la France !
D’ accord avec François Renée et aussi avec FABRE .
Il est des sujets plus préoccupants que ces histoires d’arrière cuisine et quid de ce qui semble un » laisser faire » des casseurs et des cagoulés qui ne semblent pas indigner plus que cela . Il y a un vrai problème d’ordre public entre autres problèmes qui nous empoisonnent .
Analyse intéressante de Maxime Tandonnet qui prend de la hauteur. Il dévoile que ce régime repose sur perpétuelle tautologie, se justifiant sans cesse d’exister , en étant sa propre référence. Derrière les péripéties actuelles, rien ne peut se fonder, rien ne peut perdurer, tout s ‘en va et nous aussi nous nous allons. . Un autre regard ,c, est nécessaire, de salut public, une action concrète ,le réel enfin reconnu par une Personne, , qui en a la charge, , ce fameux » pays réel » enfin retrouvé, , tout ce qui nous est systématiquement dérobé. Réagissons en conscience et aussi en acte.
Voilà ce que doit être notre réaction au lieu de nous vautrer dans la basse polémique où le Système nous entraîne. Dans ce registre, comme toujours, les réseaux sociaux sont premier prix. Plus bêtes encore que les médias qui pourtant …
bravo ! les réseaux sociaux encore plus bête ! Mais bon sang c’est bien sur .Et dire que je me fais pièger sur ces réseaux sociaux !
Attention : Alexandre Benala a été remplacé mais LA MEUTE A MACRON N’A PAS ETE DEMENTELEE ! qui finance ces petits boxeurs de banlieue ? Le Président de sa poche ou est-ce compris dans les frais de focntionnement de l’Elysée, comme la pisicine et la vaisselle ? Combien tout celà coute-t-il au contribuable ?
Ce qui se ridiculise en ce moment, c’est l’Assemblée nationale. Et combien coûtent des journées d’auditions pour rien ? Des auditions dont tout le monde claque la porte. A venir l’inutile palinodie de la censure. Tout aussi vaine. « Les assemblées délibérantes sont des fléaux ». C’est Bonaparte, je crois, qui a dit cela. Et c’est de pleine actualité.
Personne ne sortira grandi de cette affaire. Mais les parlementaires tout spécialement.