Provence : Rassemblement Royaliste de Montmajour [1969 – 1970 – 1971]
Au Camp Maxime Real Del Sarte de cette année (Camp de formation pour étudiants, lycéens et jeunes travailleurs, du 19 au 26 août 2018), Gérard Leclerc doit parler des leçons de Pierre Debray.
Pierre Debray from U.R.P. on Vimeo
L’un des intérêts de Lafautearousseau ce sont ses documents d’archive qui sont à la disposition de tous : de ses lecteurs, de la jeunesse militante qui étudie et réfléchit, des universitaires et des chercheurs, nombreux à venir y puiser. Ces archives ne sont pas réunies ici par hasard. Elles procèdent du militantisme de l’équipe qui, aujourd’hui, propose ce quotidien.
Il y a peu, à notre connaissance, d’enregistrements audio ou vidéo de Pierre Debray. En voici un qui est un discours au Rassemblement Royaliste de Montmajour. Debray y exprime des idées essentielles. Toujours actuelles.
Trois rassemblements royalistes ont été organisés à l’abbaye de Montmajour, près d’Arles : en 1969 – 1970 et 1971. Cet enregistrement date de l’une de ces années-là.
Pendant ces 6’47 », il faut parfois tendre l’oreille. On est en plein air… Mais le propos en vaut la peine ! ■
Voir plus loin
Tout d’abord je remercie ce blog de mettre a disposition ce témoignage verbal de Pierre Debray.
J’en profite pour faire profiter LA FAUTE A ROUSSEAU du témoignage que la professeur Pierre Gourinard a bien voulu mettre a ma disposition dans le cadre des conférénce du Café Histoire de Toulon de l’année 2013 :
» Peut-être suis-je l’un de ceux qui ont le mieux connu Pierre debray. Je traiterai donc des deux périodes où je fus lié à son action, l’Action française dès Alger en 1956 et la crise religieuse, dès avant le Concile, lors de mon arrivée à Paris en octobre 1961, séjour qui devait durer jusqu’en septembre 1972.
Mais auparavant, je voudrais rectifier certaines erreurs ou approximations quant à son passé avant son adhésion à l’Action française.
« Pierre debray » est le pseudonyme le plus utilisé de Sadi
couhe. couhe est un patronyme poitevin ou de l’ouest en général et Sadi couhe, né à Paris le 2 juillet 1922, était issu d’une famille de « bleus de Vendée », déchristianisés depuis longtemps.
Il fit ses études à Paris, une licence d’Histoire et un Diplôme d’Etudes Supérieures d’Histoire. Il se convertit durant ses études à la Sorbonne et prit comme prénom de baptême celui de Pierre. En 1943 / 1944 il devint membre du bureau de la « Fédération Française des Etudiants Catholiques », proche des Démocrates chrétiens depuis l’affaire de l’Action française en 1926. Durant l’année universitaire suivante (1944 / 1945) il dirigea Nouvelle Jeunesse, l’organe des « Chrétiens Combattants », mouvement issu de la Résistance et assez proche de Témoignage chrétien. Mais ce n’est qu’en 1948 que debray commença à collaborer à ce dernier journal.
A propos de Nouvelle Jeunesse, il n’est pas sans intérêt de souligner que ce périodique fut supprimé dès 1945. Le prétexte officiel fut « diminution du contingent de papier ». En réalité, Nouvelle Jeunesse avait pris position contre l’épuration des écrivains interdits de publication par le « Comité national des écrivains » (C.N.E.) dominé par les Communistes. C’était courageux et louable pour l’époque, 1945 !
Dès la même année, Pierre debray entra à La France catholique comme critique littéraire. Sa collaboration dura jusqu’en 1948. A cette date, il quitta La France catholique pour devenir critique littéraire de Témoignage Chrétien. Sans doute ce passage de l’hebdomadaire catholique le plus à droite à celui que l’on pouvait qualifier sans risque d’erreur, de Chrétien progressiste, est-il à l’origine de l’interprétation erronée de « debray, ancien communiste ». Je pense qu’il faudrait dire : « progressiste » au sens de compagnon de route du P.C.
Bien que je ne sois pas renseigné sur la question, il est possible que Pierre debray ait déjà fréquenté les Communistes avant sa conversion au Catholicisme, c’est-à-dire dans la clandestinité des années 1940 / 1943. Notons cependant que lui-même n’a jamais été clandestin. Il était seulement distributeur de Témoignage Chrétien sous le manteau.
Néanmoins, deux faits contradictoires sont à souligner.
En premier lieu, Pierre debray a été éditorialiste d’Action. Ce journal, qui disparut en 1952, était l’une des principales courroies de transmission du P.C.
Or, l’un de ces éditoriaux d’Action fut remarqué par Aspects de la France, précisément en 1952. Cet article fut reproduit par Aspects qui le jugea « nationaliste et réactionnaire ».
A partir de cette année 1952, Pierre debray collabora régulièrement à Aspects de la France. Est-ce à la demande de Pierre boutang ? C’est vraisemblable, car debray a plusieurs fois, écrits ou conversations particulières, affirmé qu’il avait été conduit à Maurras par boutang.
Toujours est-il que la collaboration de Pierre debray à Aspects fut progressive et, au début, nous sommes donc en 1952, elle suscita certaines réserves. Or, outre boutang alors rédacteur en chef, Maurice pujo, co-directeur avec Georges calzant, insista pour dissiper ces réserves. Aussi ai-je toujours remarqué au cours des conversations, que Pierre debray gardait une réelle reconnaissance à Maurice pujo, même lorsqu’il tempêtait contre ce qu’il estimait être l’atonie de pujo. Deux pseudonymes étaient utilisés. Outre Pierre debray, celui d’Henri allegre apparaissait au bas des articles consacrés aux questions économiques et sociales.
pierre debray et l’action francaise
Si la collaboration à Aspects fut régulière, il ne fut jamais question de conférer une responsabilité à Pierre debray dans le cadre de la Restauration nationale, fondée lors du congrès de décembre 1955. Louis Olivier de roux estimait qu’il pouvait rendre des services à l’A.F. bien autrement. Comme d’autres, Jean meningaud en particulier, debray appréciait le monde d’A.F. avec ses qualités et aussi ses défauts et l’accueil qui lui avait été fait. Il m’était difficile, disait-il, d’obéir à des « Blancs du Midi » comme Xavier vallat et Louis-François auphan, mais, l’esprit d’A.F. permettait toujours de surmonter ses réticences. Cette cohabitation ne fut pas sans heurts. debray avait les défauts de ses qualités, un caractère difficile, des foucades fréquentes !
pierre debray, l’a.f et l’algerie francaise
Entre le 27 août et le 10 septembre 1957, j’effectuai mon premier séjour à Paris. Je me rendis rue Croix-des-Petits-Champs à plusieurs reprises et je vis pour la première fois Pierre debray. 1957 était aussi, et surtout pour nous, l’année de la bataille d’Alger et L’Ordre français, dont le premier numéro avait paru en mars 1956, prenait son essor.
Je traiterai donc ultérieurement de L’Ordre français, dont Pierre debray assurait dès le début la rédaction en chef, Philippe roussel étant le directeur, mais dans les années 1956 / 1962, l’on peut dire que L’Ordre français était Pierre debray. Il en était l’âme. Il lui est arrivé de signer sous un autre pseudonyme : Henri jego.
Hormis les quelques pages que je consacrerai à L’Ordre français, je peux renvoyer à mon livre Les royalistes en Algérie de 1830 à 1962, aux pages 234 à 237 et sur Pierre debray en particulier, 286 et 287.
Après le 13 mai, je fut chargé des relations entre l’union Royaliste d’Algérie (URA) et la rue Croix-des-Petits-Champs. « Relations » signifiait essentiellement « renseignements » sur la situation en Algérie et plus particulièrement sur la trahison insidieuse que le pouvoir gaulliste préparait. Nous eûmes de nombreux échanges sur la politique d’Intégration, idée-force qu’il fallait opposer à celle d’Indépendance. Cette question de l’Intégration qu’il ne faut pas confondre avec Universalisme ferryste et qu’il faut défendre aujourd’hui rétrospectivement, mériterait un plus ample développement. Là aussi je renvoie à mon livre, en précisant bien que celui-ci n’est pas un plaidoyer assimilationniste, comme l’a prétendu la recension, par ailleurs bonne, de La nouvelle Revue d’Histoire.
En septembre 1959, au lendemain du discours du 16 septembre, où de gaulle parlait pour la première fois d’autodétermination, l’éditorial d’Aspects de la France, sous l’a signature de Georges calzant titrait : « En Haute Cour, monsieur de gaulle « .
C’était le commencement du drame. L’A.F. prenait vigoureusement parti. « La France en deuil d’une province », tel était le titre de l’éditorial du numéro d’Aspects de la France du jeudi 5 juillet 1962. Le journal paraissait encadré de noir, d’autant plus que l’autre grand titre de la première page annonçait la mort de Georges calzant survenue le 28 juin. Rédigé par Pierre debray, l’éditorial commençait par : « Consummatum est…Le drapeau vert et blanc du FLN flotte sur Alger, rien n’a manqué à la Passion de la France en ce dimanche du « Précieux sang »… ».
Pierre debray pensait aux retournements possibles de l’Histoire. Aucune amnistie, aucune prescription ne saurait effacer la flétrissure de l’abandon de l’Algérie. Qui plus est, l’abandon d’une terre française se voyait salué du nom de victoire. Il concluait non pas par une expression de désespoir, mais par la nécessité de la poursuite d’une activité militante devant l’adversité. C’était même un appel à la « revanche ». En effet, comment pouvait-on abandonner, alors que d’autres étaient tombés pour l’Algérie française ?
Le 26 mars 1962, rue Croix-des-Petits-Champs, nous étions quelques-uns, Pierre phelippeau, Suzanne loetscher, Pierre juhel, Maurice revel et moi-même, lorsque Pierre debray, bouleversé, entra : « Ils ont tiré rue d’Isly ». Nous étions accablés de douleur et de colère. Depuis l’échec du mouvement des généraux, en avril 1961, nous savions que tout était perdu. Désormais, le crime du 26 mars nous apprenait que des générations étaient sacrifiées au plus fallacieux sens de l’Histoire. L’engrenage sanglant allait continuer jusqu’à la tragédie du 5 juillet à Oran, jusqu’aux enlèvements, jusqu’au massacre des Harkis.
La perte de l’Algérie allait être lourde de conséquences pour l’Action française. Nous verrons que L’Ordre français, par la perte de la quasi-totalité de ses lecteurs et abonnés militaires, se trouvait condamné à la disparition à plus ou moins brève échéance. Ces officiers étaient pour la plupart victimes de la seconde épuration gaulliste.
Pour la Restauration nationale et Aspects de la France, la situation était peut-être moins dramatique, mais un nombre important de Camelots, étudiants et sympathisants se trouvait momentanément interné administrativement, selon la terminologie de l’époque.
Je vis assez souvent Pierre debray durant ces tristes années 1962 / 1972. Je résidais à Paris d’octobre 1961 à septembre 1972.
Nos préoccupations étaient identiques, nous étions préoccupés par la crise de l’Eglise, perceptible depuis la mort de Pie XII, et, dans les années qui précédèrent Vatican II. Nous pensions aussi que l’A.F. se fourvoyait quelque peu en se limitant à la bagarre contre les Bolchos et ne tirait pas assez les leçons de la guerre d’Algérie, à savoir la montée de l’Islam conquérant et totalitaire. Lorsqu’avec d’autres en dehors de l’A.F, nous faisions état de cette carence, nous avions trop souvent cette réponse : « En Algérie, c’était vrai, mais ici la question se pose beaucoup moins. » L’alibi était commode. Certes l’immigration n’était pas encore galopante, mais comment pouvait-on être aussi peu lucide !
L’influence de Pierre debray à l’A.F n’a pas cessé avec la tragédie de 1962. Il avait jugé sévèrement le « gaullisme imprudent » -C’était son expression- de Pierre boutang. Il avait été aussi dur vis-à-vis de certains fondateurs de la NAF qu’il qualifiait de « malfrats ». Ceci ne l’empêchait pas de déplorer des maladresses commises rue Croix-des-Petits-Champs.
Il était néanmoins soucieux d’unité et nous remarquons son nom parmi ceux qui ont soutenu une initiative éphémère pour réunifier l’Action française, la fondation du journal grenoblois Le Débat royaliste, en décembre 1975. Parmi les autres signataires se trouvaient, en autres, Georges-Paul wagner, Nicolas trayanakis, Antoine de cremiers, et Franck charriol.
A cette époque, il avait cessé sa collaboration à Aspects de la France, ainsi que son épouse Béatrice Sabran, qui rédigeait avec un grand talent la chronique théâtrale. Elle avait utilisé quelquefois le pseudonyme de puck. Il prit la parole plusieurs fois aux Baux dans les années 1970 et jusqu’au début des années 1980 collabora régulièrement à Je suis Français, organe de l’Union royaliste de Provence (URP)
pierre debray dans le monde catholique traditionnaliste
Sans cesser sa collaboration à Aspects et à L’Ordre français, Pierre debray fonda le Club « Réalités nouvelles », avec Jean-Marc varaut et le « Centre culturel Sainte Geneviève ». Ce dernier groupait des Catholiques d’opinions diverses. Seuls, les Chrétiens progressistes n’étaient pas représentés. C’est là que je me liai d’amitié avec Guy auge, assistant à la Faculté de droit, tout en préparant sa thèse de doctorat. Nous nous connaissions depuis l’année universitaire 1961 / 1962 lorsque nous étions condisciples à l’Institut de Géographie de Paris, où le P.C. faisait la loi, avec Jean dresch, alors son directeur. Cette amitié devait durer jusqu’à la mort de Guy auge.
C’est de cette période que datent les meilleurs ouvrages de Pierre debray, Dossiers des nouveaux prêtres, (1965), Schisme dans l’Eglise, (1966) et A bas la calotte rouge (1968).
debray lança le mouvement des « silencieux de l’Eglise » et patronna : « Radio Télé familles ». Cette association possédait un poste d’émissions radiophoniques où debray s’exprimait régulièrement. Elle publiait aussi un mensuel de défense des radio-téléspectateurs sous l’égide du Courrier de Pierre debray, organe des « silencieux de l’Eglise » et qui dura plus longtemps que le mouvement, jusqu’à la mort de Pierre debray.
En conclusion, Pierre debray est trop méconnu. Personnellement je déplore que François huguenin ne l’ait pas reconnu comme l’un des principaux maîtres à penser de l’Action française, alors qu’il a donné une place à mon avis disproportionnée à Pierre boutang. debray ne fut pas toujours compris. Certains l’ont jugé hétérodoxe, ce qui à mes yeux est une injustice. Lui-même savait très bien, en dehors de tout parti pris, reconnaître les talents en particulier les aptitudes politiques. N’est-il pas le premier à avoir décelé la rigueur doctrinale et l’esprit particulièrement clair de Maurice jallut un autre méconnu. Il avait vu en lui l’un des meilleurs esprits de l’A.F.
Evoquer, même trop brièvement Pierre debray, c’est pour moi faire revivre tout un pan du passé. Douloureuse parfois, cette évocation revêt pour moi l’importance d’un devoir dû à une amitié fidèle.
Si vous travaillez sur le rôle de Pierre Debray dans le catholicisme, je me permet de vous conseiller l’une de ses dernières brochures intitulée « Pour une Europe de l’Esprit – l’Europe assassinée ». Elle est parue en 1993; c’est le supplément a so Courrier hebdomadaire 1144.
Sa défense de l’Europe est inintéressante car elle reste cohérente de ses positions maurrassiennes « anti-eupopéistes ».
Cdlt RN-VAR
PS : j’espère que ce site va permettre aux personnes intéressées par l’oeuvre de Pierre Debray de partager des documents, des études.
(A RN – VAR) Merci pour cette précieuse contribution…
Je vous remercie vivement de ce renseignement que je vais lire avec grand intérêt. Mon travail ne se concentre pas exclusivement sur ce sujet, car je rédige le Journal de mon grand-père, mais tout ce qui l’intéressait devient pour moi fascinant, car cela me donne un aperçu de sa façon de penser dans un monde où les valeurs disparaissaient. Merci à nouveau.
Bonjour, et merci de votre exposé biographique si intéressant de Pierre Debray. Je suis en train de faire des recherches pour une publication dans lequel on mentionne son nom et les Silencieux de l’église. Afin de mettre une petite notice biographique à son sujet, puis-je vous demander si Pierre Debray est toujours des nôtres? Ou sinon, pourriez-vous me donner son année de décès? Merci.
Merci à vous, on vient de me signaler qu’il est décédé en 1999.
Cordialement, DMM
bonjour,
je vous écris juste pour vous remercier de ma voir entendu la voix de PIERRE DEBRAY, pas pour le texte car j’avoue ne pas y comprendre grand chose, mais pour sa voix que j’ai oublié avec le temps, j ai travaillé pour PIERRE DEBRAY, il était pour moi un père spirituel, il me manque. il a fait beaucoup pour moi je l ai accompagné dans son grand départ. ET JE PENSE BEAUCOUP A LUI MERCI
Merci à LFAR pour cette publication . Vidéo surprenante : quelles paroles de Paul VI en début !
Comme les propos de Pierre Debray résonnent encore , et restent actuels !
Il est juste de dénoncer le placement de l’économique au dessus de tout (aussi bien marxiste que libéral) . Ce déterminisme construit nos chaînes .
Concernant la » nouvelle société » comment ne pas penser au » changement » de V.G.E puis au passage de l’ombre à la lumière sous F. Mitterrand et maintenant , en marche avec E. Macron . Sur ce plan , la continuité est toujours assurée , continuité de vieilles ficelles républicaines pour promener l’ électeur .