Il ne faut pas oublier les poètes. Fussent-ils simplement auteurs, compositeurs, diseurs ou chanteurs de ballades populaires comme le fut Félix Leclerc.
Mathieu Bock-Côté a eu raison non pas de rappeler sa mémoire, comme celle d’un disparu, mais de le dire, le 8 août, dans le Journal de Montréal, « toujours parmi nous ». Pour Bock-Côté, Félix Leclerc est « un immortel de la culture québécoise ». Pour nous aussi, d’ailleurs, de ce côté-ci de l’Atlantique où l’on fut si sensible à la poésie de ce chanteur qui vivait à l’Île d’Orléans, ainsi nommée en souvenir de nos princes.
Dans un entretien télévisé, à Paris, où on lui lui demandait si quelque chose le gênait lors de ses séjours en France, il avait eu le front de répondre : « Oui, la langue … anglaise ». Nous l’aimions aussi à cause de cette fidélité à notre langue commune qu’il parlait si bien, autant qu’à à la Belle Province, dont il a chanté de sa voix profonde et calme et grave reconnaissable entre toutes, toutes les saisons, tous les paysages, tous les personnages et tous les rêves..
Félix Leclerc est mort à l’Île d’Orléans – il y a trente ans cette année – le 8 août 1988. ■
La mort de l’ours
où il est question d’aller porter hommage au roi …
La Mort De L’Ours
(Un peu à la manière d’une fable)
Chapeau mou, médaille au cou
Vous a-t-on nommé shérif
Des montagnes et des récifs ?
Non, mon fils, j’ai pris un bain
Chaussé guêtres et canne en main
Vais porter hommage au roi
Si tu veux, viens avec moi
N’orignal ni carcajou
Je ne connais roi que vous
Peigne plutôt tes poils fous
Et suis-moi à pas de loup
Ils ont marché quatre lieux
Arrivés près d’un torrent
Sauvage et débordant
De cris et de chants d’adieu
Bonjour Sire, c’est moi, le loup
M’voyez-vous, m’entendez-vous ?
Suis venu à travers bois
Vous saluer, comme ils se doit
Il se tient droit, salue l’ours
Qui a la patte dans le piège
Plein de sang dessus la mousse
Et tombe la première neige
Le petit loup est ému
Et voudrait rentrer chez lui
Le gros ours, le gros poilu
Lui sourit et dit merci
Ils sont revenus de nuit
A travers bouleaux jolis
Le plus grand marchait devant
Et pleurait abondamment.
Et Gilles Vigneault et Georges Dor… les chanteurs québécois ont de la poésie dans l’âme…
Oui, la poésie dans l’âme. Vrai et bien dit.