En Israël, une loi vient de passer, qualifiant Ie pays d’ « Etat-Nation », ce qui signifie – en clair, et pour faire court – que seuls les Juifs sont citoyens à part entière, les autres habitants (Arabes, druzes, chrétiens…) restant citoyens, certes, mais jouissant d’un statut inférieur. C’est ce qui se passe dans les pays musulmans : les musulmans sont des citoyens à part entière, les autres (notamment les chrétiens) connaissant ce que l’on appelle la « dhimmitude », le statut de « dhimmis » : citoyens de seconde zone, avec des droits bien moindres que ceux des musulmans.
Or, 50.000 des quelques 130.000 Druzes israéliens – musulmans mais fidèles à l’Etat d’Israël et servant, notamment, dans l’armée – ont manifesté contre ce statut, refusant d’être des citoyens de seconde zones. Sans nous immiscer dans les affaires intérieurs d’un Etat souverain, on ne peut que leur donner raison. A cette nuance près, cependant, qui est de taille : ces Druzes musulmans (bien que le « druzisme » soit considéré comme hérétique par les musulmans purs et durs), ils doivent bien savoir que, partout dans le monde, les pays musulmans pratiquent la dhimmitude à l’égard de tous les non-musulmans. Aujourd’hui, en Israël, ils ouvrent les yeux parce qu’ils risquent de perdre leurs droits. Fort bien. Mais, iront-ils au bout de leur – juste – logique ? Et remettront-ils en cause la dhimmitude en elle-même, partout où elle s’exerce, c’est-à-dire surtout et avant tout dans les pays musulmans ? Les yeux des musulmans se dessillent en Israël : se dessilleront-ils partout ailleurs, de par le vaste monde ? Et les musulmans donneront-ils aux autres – là où ils sont majoritaires – ce qu’ils réclament pour eux là où ils sont minoritaires ? Ce serait, pour le coup, une vraie révolution; de vrais « printemps arabes »…