Par Corse Matin du 23 août 2018
Une conversation inédite, qui prend racine a la terrasse d’un café sur la place Porta. Avec comme ombre tutélaire, Cicéron, l’avocat, consul, philosophe, mort en – 43 av J-C.
Jacques Trémolet de Villers, avocat pénaliste et écrivain, a imaginé une conversation avec l’auteur latin, qui se déroule dans le village de Vivario, dans le livre paru en avril aux éditions Belles Lettres, En Terrasse avec Cicéron.
À la terrasse du « Bien Assis », bondée, on entend parler d’Aristote, de la Grèce antique et d’amitié.
Avec Olivier Battistini, Sartenais, helléniste, enseignant à l’université de Corte, (qui publie le 6 novembre, Alexandre le Grand, le philosophe en armes), les deux hommes ont accueilli lecteurs et amis, pour un moment d’échange et de dédicaces.
Le rendez-vous des lettrés
Comme dans la tradition des conversations chez les anciens, Jacques Trémolet de Villers qui a grandi à Vivario, donne la parole à Cicéron. Il déroule des échanges sur la vie, la souffrance, le bonheur, la richesse et la gloire. « Cicéron à Vivario comme à Sartène, est au coeur des conversations ordinaires, notait Oliver Battis-tini. Toute la sagesse des philosophes, c’est d’être capables d’apprécier par la conversation éphémère et essentielle. l’instant présent, qui se déroule ur place, pour aller dans le futur.»
Jacques Trémolet de Villers, sur l’invitation de son éditeur après son précédent ouvrage, Jeanne d’Arc. Le procès de Rouen, a relu l’oeuvre complète de Cicéron. « J’ai recherché les passages qui me parlaient et semblaient le plus actuels », dit-il, entouré d’amis, pour la plupart avocats ou professeurs de littérature, qui s’empressent autour de lui pour une dédicace.
Une conversation, au bar, avec Cicéron
L’action se déroule à Vivario, de nos jours, et Cicéron ne converse qu’avec les disparus du village. « Les paroles de Cicéron sont toujours de lui et s’accordent merveilleusement avec les sujets d’aujourd’hui. II discute avec les anciens de Vivario. Souvent dans le livre ce sont des dialogues qui ont vraiment existé et que j’ai entendus », raconte l’avocat.
Un précepte qui a éclos naturellement hier en fin de matinée à la terrasse du café. »
« L’amitié, la « phiia », c’est surtout la rencontre avec l’autre, et donc la rencontre avec soi-même. Comme si l’autre nous tendait un miroir ».
Dans cet ouvrage (le 10e de l’auteur), Trémolet de Villers montre que Cicéron, athlète de la parole et maître des avocats, est encore aujourd’hui au centre des conversations ordinaires. « Dans les cafés de Corse, les conversations nous opposent, nous rassemblent. Elles sont au coeur du monde politique, et la phiia est le fondement même de la chose politique », explique Oliver Battistini. lL place publique est le lieu central au sens géométrique, là où le pouvoir et la parole sont associés.
Chaque chapitre est illustré par un dessin réalisé par Axelle, la belle-fille de Jacques Trémolet de Villers. Une idée originale. « J‘ai retransmis la vision du village souhaitée par mon beau-père », indique l’illustratrice. Une promenade dans Vivario, un dialogue au bar du village, et Cicéron s’est assis près de nous. A-F.I ■
En terrasse avec Cicéron, Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres, 160 p, 15,90 €