Par Pierre de Meuse
Nous connaissons tous Stéphane Bern. Ses reportages sur les familles royales sont souvent objet de discussions au sein du royalisme, une sensibilité à laquelle il appartient, sans pour autant que cette affection se traduise par un véritable engagement.
Ce professionnel de la chose médiatique sait trop bien que sa renommée n’y résisterait pas. Pourtant, cet habitué des caméras de télévision vient de donner une preuve de son amour des héritages du passé qui mérite un coup de chapeau. En effet, et alors que Macron lui avait confié quatre mois après son arrivée à l’Elysée la mission de « défenseur du patrimoine en péril », Stéphane Bern annonce qu’il abandonnera son poste s’il continue à être traité comme une marionnette, « pour l’image » par le pouvoir « marchorépublicain ».
L’animateur de France 2 et de RTL reproche en effet d’abord au gouvernement de ne pas lui donner les moyens d’accomplir sa tâche. A quoi bon alerter sur les châteaux qui menacent ruine, comme celui d’Osthouse, sur les églises romanes au bord de l’effondrement ou les hôtels particuliers délabrés, s’il ne peut mobiliser des fonds pour encourager les restaurations ? Bern dénonce l’accaparement des crédits par des chantiers pharaoniques : ainsi 450 millions d’euros sont budgétés pour le Grand Palais à Paris. Une fois de plus, Paris prive la province du nécessaire au profit de son superflu. Surtout que les chiffres sont sans rapport : Bern n’a pas obtenu le déblocage des 20.000.000 d’euros nécessaires pour sauver 270 monuments !
Mais il y a beaucoup plus grave que l’illustration de cette tare chronique du jacobinisme dans les finances publiques, et Stéphane Bern a eu le courage de le mettre en lumière, en dénonçant (photo) la loi en voie de promulgation, sur les aménagements du parc immobilier dite « loi Elan».
De quoi s’agit-il ? Cette loi fourre-tout (loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique !) a pour but de permettre aux élus locaux de décider la construction de logements sociaux permettant d’améliorer la salubrité et la « mixité sociale » et de lutter contre les inégalités. Apparemment rien de nouveau, mais le ministre de la « cohésion sociale », Jacques Mézard, un personnage emblématique du sud-ouest radical socialiste, a tenu à faire sauter tous les verrous qui préservaient les habitants des communes contre l’arbitraire communal et le vandalisme municipal. Et notamment les oppositions des défenseurs des monuments anciens que sont les architectes des monuments historiques. Le ministre se défend de vouloir « la peau » des architectes des bâtiments de France, et use d’une argutie dérisoire. Il évoque deux cas « extrêmement réduits » dans lesquels leur avis ne sera plus pris en compte :
1. « les antennes de téléphonie mobile », en attendant l’arrivée de la fibre sur tout le territoire, ainsi que
2. « habitat indigne » qui « met en danger la santé ou la sécurité des habitants ».
En ce qui concerne le premier point, c’est une nouvelle entorse à la règle de l’environnement protégé des monuments historiques, qui avait pour but d’empêcher l’édification de bâtiments parasites et qui se trouve ainsi privée de toute portée. D’autant que cet article 15 de la loi ne se limite pas aux antennes, mais concerne aussi les pylônes, ateliers et constructions techniques construits à proximité des monuments protégés, dans des quartiers historiques, sur des églises ou des châteaux.
Le second point est encore plus lourd de conséquence : la loi, dans son préambule, entend lever « les verrous et les freins qui contribuent à immobiliser le système. Cela passe par la libération du foncier et la simplification de l’acte de construire, l’accélération des procédures administratives et l’encadrement des recours abusifs. Le texte promeut aussi des opérations d’urbanisme ambitieuses et partenariales pour tous les territoires. » En fait avec l’article 15, il suffira que des immeubles soient délabrés ou insalubres pour qu’ils puissent être rasés, quel que soit leur intérêt historique, sans que personne puisse s’y opposer. Il faut ici souligner ce que cette nouvelle règle a de destructeur. En effet, chaque fois qu’un bâtiment ancien remarquable est détruit, c’est systématiquement en raison de son caractère vétuste. Il n’y a pas d’exception à cette réalité. D’ailleurs, les municipalités qui veulent détruire un château, une église, un hospice ou une grange dîmière usent d’un procédé infaillible : il suffit de ne pas le réparer, de rendre impossible sa vente, d’interdire toute remise en état. Ainsi la seule voie restante est la démolition. Cela fait cent cinquante ans que ces techniques hypocrites et scélérates sont utilisées et le sont toujours. Chaque semaine, des monuments sont ainsi rasés pour laisser la place à des constructions indignes, tout simplement parce que les édiles sont trop incultes pour envisager la perte que représente la disparition des témoins du passé. Citons la magnifique tour templière de Vaour, détruite par la municipalité alors qu’une subvention totale de restauration était en cours d’émission immédiate, ou le château de la Rochette, ou le grenier d’abondance de Colmar, un bâtiment du XVIII° démoli par un maire ignare et vindicatif pour édifier..un parking. Il est bien évident que c’est exactement l’inverse qu’il faudrait faire : sanctionner lourdement les maires qui ne respectent pas les décisions des Bâtiments de France, et non pas abolir leur verdict.
Pour l’instant le gouvernement s’est contenté de paroles lénifiantes, telle Françoise Nyssen (photo), la tristement célèbre ministre de la Culture, qui déplore les attitudes de Stéphane Bern, jugées « peu constructives ». A l’Elysée, on espère que le défenseur du patrimoine se montrera soumis comme les godillots de LREM, une fois sa colère passée. Au besoin, on accordera une publicité supplémentaire à son Loto du patrimoine, dont le bilan est modeste :1,3 million d’euros récoltés.
Pourtant le patrimoine n’est pas une cause perdue. Chaque année, plus de 12 millions de Français visitent des sites riches de la culture et de l’histoire, à l’occasion des Journées du patrimoine. C’est une chance de communier dans le passé glorieux de notre pays, de nos provinces et de nos rois. Un sentiment plutôt inopportun dans cette dictature du prosaïque dirigée par Macron. ■
Qui se souci de l’Histoire ? « De passé faisons table rase », c’est du Lénine. Les communistes d’hier et d’aujourd’hui n’ont pas changé. Ils sont les dignes héritiers des jacobins et franc-maçons. Le palais des Tuileries aurait pu être sauvé. Il a disparu. La tour du Temple également. Il fallait effacer les lieux de martyr de la famille royale. Et maintenant, ils détruisent les églises et construisent des mosquées ! En fait, le système efface méthodiquement le passé chrétien de la France. Lorsqu’il ne restera plus aucun monument debout, ils pourront dire que la France n’a jamais été chrétienne. Macron le dit déjà !
Je veux, je serais…je découvre l’univers, le troupeau de générations libertines, avortées, sans convictions, sans foi politique et religieuse, se précipitant sur l’argent et les places, comme des pauvres sur une distribution gratuite: troupeau qui ne reconnait point de berger, désignant l’expérience des vieux….etc Chateaubriand à vu disparaître une civilisation.
Depuis nous n’avons rien fait pour la reconstruire et la moderniser. Vivre de souvenir ce n’est pas vivre. La Chine, le Japon, Taïwan, nous montent comment les chemins de fer doivent se moderniser. Nous nous restons sur l’image d’antan. Il en est de même pour tous les vieux Châteaux et monuments qui n’ont plus leur place dans une société qui n’envisage pas de se moderniser, Nous avons perdu la morale religieuse et le travail qui va avec, nous ne sommes pas capables de gréer un semblant de Nation. Sauver un château c’est l’enfumage des esprits. L’avenir c’est aujourd’hui, pas hier.
Si nous voulons un roi, il doit être moderne, ce doit être un berger moderne , qui s’appuie sur les algorhymes. Il doit définir ce qui doit être moderne.
Un exemple la France constructeur automobile, devrait savoir construire des véhicules sur châssis qui puissent être réparées facilement par une main d’oeuvre indépendante, et non par un consorsium de constructeurs richissime.
Dans un pays qui n’a plus rien, plus de morale, plus d’objectif de vie en commun, la vie des châteaux est secondaire. Il faut comprendre que nous devons construire nos musées de demain, or ce n’est pas le chemin que prend la république. Au fait, notre république, qui ce jour, discute ici à Marseille de la venue de plus en plus grande d’islamistes, croyaient vous que ces derniers reconstruirons les ruines de nos vielles bâtisses?
La démarche de Stéphane Bern est estimable mais elle est vouée à l’échec quand il a affaire à un gouvernement néolibéral dont le principal souci est la réduction de la dépense publique.
Réduction de la dépense publique, c’est facile à dire ! Ce gouvernement n’y arrive pas. .Au contraire dans le projet de loi de finances 2019 la dépense publique devrait augmenter de plusieurs milliards d’euros en dépit de sa promesse de la diminuer substantiellement.. Le défi majeur est de faire baisser les dépenses publiques improductives comme celles liées au train de vie dispendieux de l’Etat et de réduire les coûts prohibitifs de tas d’institutions et d’organisations parasitaires qui constituent des fromages où le pouvoir recase ses affidés. C’est cela la véritable réduction de la dépense publique. Il s’agit là de milliards sur lesquels la Cour des Comptes se lamente chaque année à sa façon. Ces arrogants et incultes au pouvoir n’ont toujours pas compris que c’est ce patrimoine exceptionnel que des millions d’étrangers viennent voir en France et non les hideux palais en béton des monuments publics et administratifs ni encore moins les cités de la diversité suintant la désespérance humaine.
réduire la dépense publique ??!!
où ça ??
savez vous que l’immigration invasion (plus de 300 000 en 2017 ) nous coûte plusieurs dizaines de milliards chaque année ? Chaque année !! Le saviez vous ?
le libéralisme sauvage et ses millions de chômeurs !
la classe politique pléthorique (plus de 600 000 élus) !
les milliards de subventions aux kultureux, aux médias, aux syndicats, aux associations, etc
l’état français dévore 57% du PÏB, c’est monstrueux !
Le pouvoir a fait ses choix : détruire la nation française et son identité ! C’est sa priorité sans toucher au reste…….
Je suis très concerné par la protection de notre patrimoine historique bâti, aussi par la protection de l’environnement naturel trop souvent saccagé par des ZAC, ZUP, etc…aux dépens des centres de nos villes et bourgs…Je suis inquiet comme vous tous..; Mais je ne suis pas d’accord avec ce qu’écrit OSE: « Lorsqu’il ne restera plus aucun monument debout, ils pourront dire que la France n’a jamais été chrétienne. Macron le dit déjà. » N’est-ce pas un peu osé d’écrire cette contre-vérité, ou comme on dit en globish « fake news »? Macron n’a jamais rien dit de tel; il souhaite au contraire réparer les anciennes blessures provoquées par les laîcards d’antan et d’aujourd’hui….Relire son discours aux évêques…
Macron nie les racines chrétiennes de la France. Il appelle les Français « les Gaulois » et non les Francs. Même si dans le font ce n’est pas inexact. Les Francs font référence au baptême de Clovis, pas les Gaulois ! Après, bien sûr, il ne s’agit pas de prendre les discours de Macron pour paroles d’Evangile.
Ces commentaires sont intéressants mais il me semble qu’il y aurait beaucoup d’ordre à mettre dans les idées, qu’il faudrait éliminer celles qui sont hors sujet, celles qui sont outrées ou erronées et éviter les affirmations sans preuve. Une réflexion plus sereine, plus nuancée, plus objective, sans-doute. Mais ce serait un peu long.
Ce qui me paraît faux d’emblée c’est que les Français ne s’intéressent pas à l’Histoire ni au Patrimoine. Je crois qu’il ne s’y sont jamais autant intéressés même si les politiques et les journalistes s’en fichent pour a plupart et n’y connaissent pas grand chose.
Qu’on les aime ou non, et même si parfois elles exaspèrent, les émissions histoiriques ou sur le patrimoine ont un immense succès. De même les films historiques et les livres d’Histoire..
De quoi nuancer pas mal certains des propos à mon avis déphasés tenus plus haut.
Cordialement.
Il faut tout de même un peu revenir, au nom du principe de réalité, sur ce débat et, au delà des fulminations (dont certaines sont pertinentes, au demeurant) dire un peu les contraintes de la défense du « petit patrimoine ».
Je précise d’emblée, pour qui en douterait, que j’en suis aussi féru que quiconque. Lorsque mes fonctions professionnelles m’en ont donné l’occasion, j’ai réservé la part principale des crédits dont je disposais – ce qu’on appelait en jargon la DGE 2ème part (Dotation Globale d’Équipement) – aux églises rurales, aux lavoirs, aux calvaires, aux halles couvertes, etc. Ceci plutôt qu’en subventionnant la réfection de souvent inutiles mairies (villages de moins de 50 habitants).
Mais le « problème » (en tout cas la charge) de la France, c’est, comme pour l’Italie, l’invraisemblable abondance des constructions de qualité sur tout le territoire : il est peu de contrées où n’existent pas des demeures, des églises, des édifices magnifiques ou simplement ravissants qui mériteraient d’être restaurés.
Dès lors, que faire ? Il n’y a guère de question pour tous les trésors qui embellissent tel ou tel bourg sans autre besoin que la restauration des pierres abimées et un entretien minimum : lavoirs, par exemple, dont certains sont superbes. Les églises, même peu desservies, les halles qui peuvent abriter des marchés ou des fêtes, ne posent que peu de soucis.
Mais les maisons, les châteaux, les petits musées locaux ? Ah, là, c’est une autre histoire. Si on les ouvre au public – ce qui est évidemment souhaitable – il faut bien entendu prévoir billetterie et gardiennage. Et cela pour des visites rares, hors période de vacances scolaires.
Et même à Paris, allez voir le musée Gustave Moreau, le musée Bourdelle, le musée Zadkine et tant d’autres… La Ville de Paris offre la gratuité aux visiteurs, parce qu’une étude a montré qu’il revenait plus cher de prévoir une billetterie que l’entrée libre…
À l’occasion du coup de gueule de Stéphane Bern, la télévision a beaucoup montré la maison de Pauline Viardot à Bougival où Bizet écrivit Carmen. C’est une villa superbe et très dégradée. Soit. On va la restaurer. Soit. On en fera un « Centre européen de musique », on y intégrera un auditorium, etc. Pourquoi pas ? Mais Bougival est en Région parisienne. SI une telle maison se trouvait dans la Creuse ou la Haute-Saône, régions de faible population et peu touristiques, que ferait-on ? Les « musées du Septennat », celui de F. Mitterrand , à Château-Chinon, celui de J. Chirac à Sarran sont désormais dépourvus de visiteurs et, avec le temps, le seront de plus en plus.
Opposer la restauration et l’aménagement du Grand Palais, à Paris et le coup de pouce à la sauvegarde du petit patrimoine rural, comme le fait Bern, est démagogique et absurde. La nef du Grand Palais est une admirable vitrine, continuellement occupée, utilisée et visitée ; s’il ne s’agit pas de vouloir rendre « rentable » la préservation des bâtiments du passé, il n’est pas concevable de ne pas voir l’aspect économique des choses.
Et puis une réflexion plus amère, sans doute : ce sont les époques fatiguées, comme la nôtre, qui se cramponnent aux vestiges du passé. Beaucoup de conservateurs de Versailles m’ont expliqué qu’on n’hésitait jamais, jadis, à démolir les cloisons et à se débarrasser des meubles de l’époque précédente (ce qui est un casse-tête très stimulant pour les restaurateurs). Sous Louis XVI, on a mis au rebut le mobilier Louis XV…
Ce n’est que parce que nous sommes épuisés que nous attachons autant de prix au passé…
Merci à Pierre Builly pour ces observations pleines de bon sens et de réalisme.
Il est de bonne venue,pour la famille d’esprit qui se réclame de l’empirisme organisateur, de coller au plus près à la réalité des choses,en se méfiant du pathos sentimental,surtout s’il émane du miroir aux alouettes des « coups médiatiques ».