Par Guilhem de Tarlé
A l’affiche, Photo de famille, une comédie-dramatique de Cécilia Rouaud, avec Jean-Pierre Bacri et Chantal Lauby, le père et la mère de Gabrielle, Elsa et Mao, respectivement Vanessa Paradis, Camille Cottin et Jean-Pierre Deladonchamps ; avec aussi Marc Ruchmann dans le rôle de Stéphane.
Y a pas photo, c’est quand même un bon film. La bande-annonce ne m’attirait pas particulièrement, mais contrairement à certaine critique que je salue avec amitié, nous ne résistons pas à Bacri. Et, là encore, nous ne le regrettons pas.
Cette Photo de famille est une photo de notre société décomposée. Une société dans laquelle la Famille a été – volontairement – brisée par un individualisme forcené qui fait vivre chacun pour soi, et tant pis pour les autres. Et ce ne sont pas les Marlène Schiappa de Macron qui vont inverser la tendance. Au contraire, même le prélèvement à la source contribue à mettre fin au revenu familial destiné à subvenir aux besoins de… précisément… la famille.
Tout y est dans ce long-métrage. Il y a la culture du divorce qui se transmet de génération en génération ; il y a Mao qui vit en paire avec Stéphane ; il y a ces prénoms – et l’on pense à l’œuvre de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière – qui satisfont l’ego des parents, mais que les enfants portent comme un carcan ; il y a les psychos, il y a même ce malheureux couple qui ne tient pas parce qu’il est infertile.
Cette comédie est effectivement dramatique, elle est véritablement une tragédie qui témoigne du déraillement de notre peuple… et l’on observera avec étonnement qu’ils sont tous « de souche » ; ce film ne comportant pas son quota de « diversité » (?).
Néanmoins, des décombres de cette famille, on retiendra la note d’espoir – d’ « espérance » dirait l’une de mes filles – qui en ressort, puisque au bout du compte – et du conte – les liens du sang demeurent et restent les plus forts.
Cette Photo de famille nous est commentée avec un humour qui n’est pas des plus fins mais qui est vrai et réaliste, sans jamais être au-dessous de la ceinture. On sourit et on rit, et je donne une mention spéciale à la petite scène de Vanessa Paradis dans le métro.
« Familles je vous hais » écrivait André Gide… Faut-il que cette institution soit forte pour que finalement elle résiste, comme ce scénario nous le montre à sa manière. ■
PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.