Par Antoine DUPERTUIS
L’écrasante majorité des Français – responsables politiques et dirigeants économiques inclus – croient à tort que l’euro est une monnaie unique. Nous avons relevé cette courte mais intéressante chronique dans la dernière livraison de Royaliste*. Elle informe, explique, instruit. Évite que nos positions en matière européenne se réduisent à des caricatures et à des slogans, comme elles le font trop souvent dans le camp eurosceptique, dont nous sommes LFAR
En réalité, les banques centrales nationales n’ont pas été supprimées. L’euro est un système de monnaies nationales (euro-franc, euro-mark, euro-peseta, etc.), toutes dénommées « euro » et liées entre elles par un taux de change fixe et perpétuel de 1 pour 1. De plus, l’euro n’est pas une créance sur la BCE mais sur l’Eurosystème, qui comprend la BCE et les 19 banques centrales nationales participantes. Cette architecture monétaire s’appuie sur le dispositif Target-2, un système de paiement interne à l’Eurosystème entre banques centrales de la zone euro qui permet aux banques commerciales de transférer des fonds en temps réel par-delà les frontières des Etats membres. Les soldes Target-2 permettent d’identifier les pays créanciers et débiteurs vis-à-vis de tous les autres.
C’est un baromètre des flux de capitaux internes et de la fragmentation financière au sein de l’Union économique et monétaire. Par exemple, lorsqu’un agent économique italien achète un bien à une contrepartie allemande, la transaction apparait comme une créance de la Banque centrale allemande (Bundesbank) envers l’Eurosystème et comme une dette de la Banque centrale d’Italie. La Banque centrale allemande crée au taux de 1 pour 1, en contrepartie d’une créance en euro-lires détenue dans son bilan (monnaie douteuse), des euro-marks (bonne monnaie) qui seront crédités sur le compte bancaire de la contrepartie allemande.
Or, les divergences de compétitivité entre les pays de la même zone monétaire provoquent avec Target-2 une dégradation continuelle de la solidité de la Bundesbank par le gonflement important des créances douteuses de cette dernière sur les Banques centrales nationales des pays déficitaires. Par ce mécanisme, la Bundesbank, dont le bilan total n’était que de 250 milliards au début de l’euro, va prochainement détenir une position créditrice vis-à-vis de l’Eurosystème de 1000 milliards d’euros, pendant que l’Italie en est déjà à une position débitrice de plus de 460 milliards d’euros !
En cas de sortie de la zone euro d’un pays déficitaire, les créances de la Bundesbank sur celui-ci seront exigibles et non remboursables au vu des montants en jeu. Il s’agit d’un risque d’appauvrissement considérable pour l’Allemagne, qui l’emporte nettement sur ses excédents commerciaux. Rien d’étonnant alors à ce que pas moins de 154 économistes allemands de haut niveau, dans une tribune publiée par le Frankfurter Allgemeine Zeitung en mai dernier, aient recommandé une procédure de sortie de l’euro…L’Allemagne, première nation à sortir de cette monnaie funeste ? ■
* 10 – 23 septembre 2018
C’est bien, mais vous auriez fortement avantage à lire mes chroniques (environ 200) durant 10 ans de 2009 à 2018 et les articles de presse précédents que j’ai produits. Sans parler des nombreuses conférences que je peux également tenir pour vous si vous le souhaitez ! Disponibles à 1€ par chronique cela donne 194 € pour le tout et croyez-moi, c’est une obole pour la quantité faramineuse d’informations contenues clairement explicitées.
Je dirais plutôt que l’euro est une fausse monnaie dont profitent les Allemands. Fausse monnaie parce que l’on a maintenu effectivement des banques centrales distinctes à défaut d’être véritablement indépendantes et une absence totale de solidarité économique entre les diverses régions de la zone économique. Elle profite aux Allemands car, sans l’euro, le mark se serait fortement apprécié vis-à-vis des autres monnaies européennes et l’économie allemande serait nettement moins exportatrice et nettement moins florissante. L’euro est en fait le faux-nez d’une interdiction faite aux Etats européens d’ajuster la parité de leur monnaie en fonction de leurs besoins spécifiques. C’est un outil qui a permis de priver les Etats membres de leur souveraineté économique. De plus, l’euro interdit aux Etats de sortir de la règle qui leur impose de ne pas emprunter à leur propre banque centrale et les oblige à emprunter sur les marchés financiers, les rendant ainsi dépendants de l’extérieur.
Votre ignorance est totale en matière monétaire. Pour tout comprendre commandez-moi mes 194 chroniques « Finances-Vérités » sur mon blog qui reprend les dernières.
Ce que dit François Schwerer est très clair … rien à redire quant à son analyse pertinente qui synthétise la situation. Cet « expert » qui cherche à vendre ses produits ferait bien de reprendre point par point le texte qu’il incrimine en démontrant pourquoi selon lui il y a erreur ou ignorance: cela rendrait service à tous et permettrait de lever les doutes sur sa compétence réelle.
Mais oui, d’accord avec Bruno Lafeuille. Ce MARTIN DESMARETZ de MAILLEBOIS est peut-être fort compétent mais surtout prétentieux.