par Louis-Joseph Delanglade
La Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017 (publication du ministère des Armées) voit dans « la menace djihadiste » la « menace la plus immédiate et la plus prégnante », la situant ainsi parmi les priorités de défense de la France. Le site France Diplomatie explique que la lutte contre le terrorisme est un des quatre objectifs fixés à l’intervention militaire française en Syrie. Objectif concret, quantifiable même, en rapport avec la sécurité directe de la population et du territoire français. On sait que des résultats ont été obtenus. On peut le penser d’autant plus que M. Hollande lui-même aurait autorisé en 2015 des exécutions ciblées de terroristes présumés en Syrie. Et, si l’on en croit les « indiscrétions » réitérées du partenaire américain, indiscrétions immédiatement reprises par la presse française (dernière en date : cette photo, exhibée par France 24 le 13 septembre, d’un véhicule militaire français dans l’est de la Syrie face à des combattants islamiques, à Deir Ezzor), les forces spéciales françaises sont bien présentes sur les différents théâtres d’opérations. Libre aux naïfs de s’imaginer qu’il s’agit d’aider les amis kurdes de M. Lévy ; nous préférons penser avec M. Lacoste (LFAR, 19 septembre) que les propos de Mme Parly, ministre des Armées de M. Macron (Europe 1, 15 octobre 2017 : « S’il y a des djihadistes qui périssent dans ces combats [pour la libération de Raqqa, alors tenue par les forces de l’Etat islamique], je dirai que c’est tant mieux. ») ces propos sont « courageux » et, ajouterons-nous « prémonitoires ».
Objectif spécifique sans doute atteint donc et pourtant la France devrait en toute logique connaître un véritable revers politique et diplomatique. Si l’on considère en effet les trois autres objectifs assignés à l’intervention, on peut dire du quatrième (« poursuite d’une solution politique ») qu’il est d’une niaise évidence et des objectifs deux et trois (« protection des populations civiles » et « lutte contre l’impunité des crimes de guerre ») qu’ils relèvent d’un humanitarisme benoît qui explique le fiasco auquel il faut s’attendre désormais. Dès 2012, et plusieurs fois par la suite, M. Fabius alors ministre des Affaires étrangères avait cru bon d’affirmer que « Bachar ne peut pas être l’avenir de la Syrie ». M. Fabius s’est alors trompé deux fois : la première dans la forme, c’est certain, en traitant un chef d’Etat étranger avec une familiarité ironique totalement déplacée ; la seconde sur le fond, c’est désormais plus que probable, en s’imaginant que la solution serait celle qu’il souhaitait conjointement avec M. Hollande et la quasi-totalité du microcosme politico-médiatique. On sait ce qu’il en est aujourd’hui : la chute d’Idlib, dernière enclave d’importance où se regroupent les factions islamistes, et paraît-il démocratiques, hostiles à l’Etat syrien, est inévitable ; ailleurs, de-ci de-là, notamment dans l’est du pays, subsistent quelques poches tenues par des combattants de l’Etat islamique et promises à une disparition encore plus rapide.
Bien entendu, ni M. Fabius, ni M. Hollande, aveuglés par leur approche idéologique de la situation, ne pouvaient imaginer que l’affaire pût se terminer par un succès de M. Assad, bien soutenu par ses alliés russe et iranien. Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Macron, malgré une certaine dose de réalisme dans l’approche politique, on n’a pas vu grand-chose. Aujourd’hui, la France est bien le seul Etat participant à la guerre dont on ne voit pas très bien ce qu’il peut encore espérer retirer de celle-ci. On comprend ce que veulent Israël, l’Iran, la Turquie ou la Russie. Même les Etats-Unis, pourtant tiraillés entre le désir de M. Trump de se désengager et celui du Pentagone de rester jusqu’au bout, pourront du fait de leur stature internationale faire entendre leur voix.
Bien incapable d’avoir seule les moyens de sa politique étrangère démocratique et humanitariste, Paris va devoir payer le prix fort pour ses errements. On n’imagine pas en effet que la diplomatie française puisse se rétablir au point de peser sur l’après-guerre. Parce qu’elle n’aura ni su ni voulu mener une vraie politique régionale, la France est « orpheline d’une stratégie syrienne », selon l’expression de M. Haski, le successeur de M. Guetta sur les ondes de France Inter (chronique de géopolitique, lundi 17 septembre). ■
A part quelques rares exceptions ( Hubert VEDRINE….) la république est incapable d’avoir une politique étrangère digne de ce nom, Il nous manque un TALLEYRAND, malgré ses défauts, où un disciple de jacques BAINVILLE.
Il y eut ,Michel Jobert , Alexandre Dumas ; c’est si ancien . Encore fallait il des présidents , de culture » traditionnelle » pour faire appel à eux . Cette génération , s’effaçant , il semble que nous soyons repris en main par le maître américain ; cela vaut pour la Gôôche comme pour la Droââte . On est en de bonnes mains !
Roland Dumas et non Alexandre Dumas . Erratum .
Ce n’est pas une question de cécité, mais de cupidité, car en vertu du principe « Qui paye commande », la France a obéit, Ce n’est pas la première fois dans l’Histoire que ses dirigeants se fourvoient dans les limbes de l’obéissance monétarisée, et elle l’a toujours payé cher,. Hélas pour les Français.. Hollande le faible et Fabius le cupide, poussés par l’ambitieux BHL auront été ceux-là.