Emmanuel Macron ne sera-t-il qu’un météore inattendu, très vite apparu et très vite disparu dans le ciel politique français ?
La question est récurrente ces jours-ci à l’heure des mauvais sondages, des doutes et des départs plus ou moins fracassants, en tout cas indignes, parmi les plus proches du chef de l’État ; à l’heure des « affaires », qu’elles aient eu ou non l’importance que l’agitation des médias, des partis et des assemblées leur a conférée ; à l’heure des impasses – surtout l’obstination européiste qui ne conduit nulle part parce que personne ne veut vraiment du fédéralisme de Macron en Europe ; enfin, à l’heure de la rupture avec les Français sur quelques sujets qui touchent à leur être profond : l’immigration, le multiculturalisme, la repentance, le dénigrement de ce qui est français, les fréquentations douteuses, les photos inacceptables en fort mauvaise compagnie ; sans compter le chômage et la pauvreté ; en bref, à l’heure des déceptions qui font qu’entre Emmanuel Macron et les Français, en tout cas la plus grande partie d’entre eux, le courant ne passe pas ou plus.
On a fait quelque crédit au départ à cet homme jeune, brillant et audacieux, comme les Français les ont toujours aimés. Qui recevait Poutine à Versailles et Trump sur les Champs-Elysées pour admirer et applaudir l’armée française. Qui fêtait ses quarante ans à Chambord… Dans l’ombre du roi-chevalier. Un vrai roi, celui-là, pas une apparence …
Ce capital crédit – en attente de voir – consenti au jeune Macron d’il y a un an est donc largement entamé. Mais est-ce qu’il se trouve quelqu’un en position de le recueillir ? Les Français qui, sans savoir du tout qui il était, ont applaudi il y a un an au « dégagisme » opéré par Emmanuel Macron, comme un de ces coups d’Etat légaux dont notre République est coutumière, verraient-ils d’un bon œil le retour des politiques exécrés, évincés hier ? C’est plus que douteux. Les Français ne sont pas si sots. Une majorité considère que ces politiciens faillis ne feraient pas mieux qu’Emmanuel Macron. Ont-ils tort ? Reporteraient-ils alors leur attachement, leurs espoirs et même une certaine adhésion sur les partis dits populistes, en nombre suffisant pour les porter au pouvoir ? Cela aussi, pour l’heure, nous paraît douteux.
Alors quid ? Nous nous sommes de fait habitués à être gouvernés par des hommes qui sont en place par défaut. Sans réel consentement, sans adhésion, sans lien affectif quelconque. Nous sommes devenus une drôle de démocratie, si tant est que nous n’en ayons jamais été une.
En fait, avec Macron, les Français ont peu ou prou cru ou espéré en une sorte de changement de régime. En tout cas en un « autre chose », fût-il mal défini. Macron s’est gardé de les détromper. Au contraire.
Au bout d’un peu plus d’un an, ils constatent que presque rien n’a changé. Ils se disent comme jadis : « Non vraiment c’était pas la peine, non pas la peine assurément de changer de gouvernement ». Et ils retombent dans leur scepticisme, leur indifférence, leur morosité ou, s’ils sont lucides, leur inquiétude et leur colère. Les esprits simplistes se réjouiront ou se lamenteront, selon leur camp, qu’Emmanuel Macron « dévisse » comme il est dit dans les médias. C’est ne pas voir plus loin que le bout de son nez … Le problème politique français passe largement le cas Macron, X ou Y.
La question du régime n’a jamais cessé de se poser à la France depuis la Révolution, comme en témoignent les dix-huit régimes qu’elle a connus, dont cinq républiques. Cela, Emmanuel Macron lui-même l’a compris. Il l’a dit en termes explicites, inattendus et spectaculaires. Les premiers mois de son quinquennat ne sont, en creux, que l’illustration de ce manque de roi qu’il a en même temps diagnostiqué et tenté de combler dans la forme sinon dans le fond tant il est vain de chercher à concilier un principe et son contraire. Et, l’autre jour, Zemmour avouait considérer que le message républicain est désormais désuet. Macron est la preuve qu’un régime désuet peut s’inventer un renouvellement pour, quoique épuisé, durer encore un peu. Il semble bien que ce ne peut être pour très longtemps, ni pour de bien grandes choses … Il finit d’ailleurs par arriver un jour ou même les petites deviennent difficiles. ■
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C’est à la lecture de textes comme celui-ci que je vois, s’il en était encore besoin après tant d’années, combien notre formation maurrassienne, à la lumière de l’empirisme organisateur, nous a adonné une façon de lire l’actualité similaire.
Les rédacteurs de LFAR, quand ils avaient 18 ans, vivaient déjà en Provence ; je vivais à Grenoble. 50 ans – et davantage – plus tard, nous sommes toujours en communion d’esprit.
Merci, Charles Maurras !
Emmanuel MACRON, comme d’autres avant lui, reconnait que la France est Royaliste et Monarchiste. Seulement il y a l’écueil: COMMENT restaurer le régime qui a fait la France. En attendant il s’est dit : pourquoi pas moi, je serai un roi putatif ( de remplacement)