Le siège du parlement de Bavière, à Munich, au Maximilianeum
Que nous apprennent les élections de dimanche en Bavière que nous ne sachions déjà ?
Elles confirment surtout une tendance qui semble faite pour durer et sans-doute aussi s’amplifier tant en Allemagne qu’en Europe en général et même aux États-Unis où, selon ce que nous apprennent les agences d’opinion, la popularité de Donald Trump est au plus haut à la veille des élections dites de midterm. Le cas du Brésil où l’l’idole Lula est en prison, le socialisme rejeté et un candidat ultra-conservateur en passe de remporter l’élection présidentielle, est, mutatis mutandis, de la même veine. Comme si une forme de contagion transatlantique dite « populiste » était en train de gagner l’ensemble de ce que fut l’Occident.
Les médias ont justement rappelé que la Bavière est le plus riche des länder allemands, le second pour la population (13 millions d’habitants) et le premier en superficie. Il est aussi le plus particulariste. Il célèbre ses anciens rois, notamment Louis II, le roi fou, francophile et sans-doute plus proche de l’Autriche des Habsbourg que du reste de l’Allemagne. De cette époque la Bavière conserve non pas la nostalgie de sa liberté passée mais la claire conscience d’être aujourd’hui comme hier cet « État libre de Bavière » qui fait certes partie de la République fédérale d’Allemagne mais sans rien céder de ses droits et de sa personnalité. Elle est dirigée par un « ministre-président » qui parle au chancelier allemand comme un principal à un autre principal.
On se souvient de Franz-Josep Strauss qui fut le plus marquant de ces ministres-présidents d’après-guerre. Il fut aussi ministre de la défense de la République fédérale d’Allemagne au temps de la guerre froide, farouche patriote allemand qui exerça une forte influence sur la politique de son pays, mais aussi incarnation du conservatisme bavarois le plus pur et le plus déterminé. Il fut surtout le patron de cette CSU qui vient de subir en Bavière le revers que l’on sait. Privée par le dernier scrutin de la majorité absolue qu’elle détenait depuis toujours – ou presque – au landtag de Munich, elle devra composer. Avec qui ? Les socialistes ont péniblement recueilli 9% des voix, les verts autour de 18%, l’AfD 10,4% et les conservateurs bavarois eux aussi eurosceptiques et anti-immigrationnistes, 12%. Avec un peu plus de 37% des voix la vieille CSU – qui ne s’est maintenue à ce niveau que grâce à son opposition plus ou moins larvée à la politique d’Angela Merkel et au durcissement de son conservatisme – ne sera plus seule à gouverner la Bavière ; la CDU, dont la CSU est l’allié traditionnel, s’en trouve déstabilisée et plus encore la grande coalition d’Angela Merkel. Car la chute nationale du SPD se confirme en Bavière. Comme elle frappe d’obsolescence le socialisme européen à peu près partout.
Comme il tourne sur toute l’Europe, le vent tourne donc en Allemagne. Il ne comporte â cette heure aucune forme d’agressivité envers qui que ce soit en Europe. Mais un euroscepticisme grandissant, une conscience aigüe des intérêts économiques et financiers du peuple allemand, et un large rejet de l’immigration. Un vouloir-vivre proprement allemand qui rejoint le courant qui monte dans ses voisins européens.
Ce n’est pas la première fois dans son histoire que l’Europe trouve ou retrouve une forme d’unité face à la poussée de l’Islam. Après tout, l’homme qui commandait la flotte chrétienne qui vainquit les Turcs à Lépante était un jeune prince autrichien (photo), qui était infant d’Espagne. ■
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Ces élections bavaroises font apparaître plusieurs phénomènes que la presse n’a pas répercutés:
– D’abord, une participation bien plus importante qu’aux dernières élections: 10% de l’électorat en plus.
– Ensuite, un laminage des socialistes, qui sont en Allemagne de moins en moins « la Gauche »
– Une progression des Verts, qui prennent la place du SPD et se projettent à la seconde place
– Une diminution de la CSU, mais moins importante qu’on ne dit en raison du nombre des suffrages exprimés. La position anti-immigration de ce parti (récente) a limité la casse.
– Un vote AFD important mais moins que prévu: ce parti se cantonne au quatrième rang, à un niveau inférieur à celui obtenu dans le reste du pays
– un vote important du parti protestataire de Droite des « citoyens libres », qui le propulse à la troisième place.
Ces résultats ne pouvaient pas être plus mauvais pour Merkel, car l’option du gouvernement de coalition avec la Gauche devient chaque jour un peu plus impraticable.
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