Bank al-Maghrib (Banque du Maroc) à Rabat vers 1930
Par Péroncel-Hugoz
Notre confrère Péroncel-Hugoz, longtemps correspondant du Monde dans l’aire arabe, a publié plusieurs essais sur l’Islam ; il travaille depuis 2005 pour l’édition et la presse francophones au Royaume chérifien. Il tient aussi son Journal d’un royaliste français au Maroc et ailleurs, dont la Nouvelle Revue Universelle a déjà donné des extraits. Nous en faisons autant, depuis janvier 2016, en publiant chaque semaine, généralement le jeudi, des passages inédits de ce Journal. LFAR •
EXTRAITS DU JOURNAL MAROCAIN 2018 INÉDIT DE PÉRONCEL-HUGOZ
Rabat, 26 mars 2018
En plein centre de la capitale, avenue Mohamed-V, entre la Grand-Poste et la Banque du Maghreb, vers midi, un quadra européen style prof de fac explique à un groupe d’étudiants du cru la signification historique des édifices environnants, tous datant du proconsulat de Lyautey (1912-1925) et du règne de Moulay-Youssef (1912-1927).
J’arrive au moment où le prof-guide s’attaque à la Banque, splendide bâtiment Art déco mauresque: «Vous avez devant vous le type même de l’édifice officiel par lequel le pouvoir colonial français cherchait à en imposer, à impressionner le peuple marocain etc, etc ». Il a employé le neutre « colonial » et non pas l’habituel dépréciatif « colonialiste » mais le ton y est : dénigrer le Protectorat qui vit pourtant l’Empire chérifien mettre ses pendules à l’heure des progrès techniques, tout en conservant son âme indigène.
Je m’en vais avant d’entendre encore le même discours faux et antifrançais autant, finalement, qu’antimarocain car cette formidable Banque du Maroc, plutôt que de vouloir en « imposer » aux sujets du sultan, fut surtout le symbole d’une réussite économique spectaculaire qui eurent nom : monnaie stable et prix modérés, ordre financier et essor industriel et agricole, découverte des phosphates, premières routes, nouveaux ponts, dispensaires arrêtant les épidémies, villes nouvelles etc, etc.
L’autre grand édifice devant lequel parlait ce guide très idéologique, édifice que je ne l’entendis pas mentionner, est une grande villa française des années 1900 débutantes, assez disgracieuse et à présent fermée depuis des lustres mais où fut installée, au début du temps protectoral, la première Goutte-de-lait rbatie, une institution typique de l’empire colonial français et dont les autochtones de l’époque apprécièrent sans doute les bienfaits immédiats, bien plus que ceux, plus lointains, des banques et industries. ■
Retrouvez l’ensemble des textes parus depuis le 14 janvier 2016 en cliquant sur le lien suivant : Journal d’un royaliste français au Maroc et ailleurs.
Et , en prime , les étudiants du cru ont pu avoir sous les yeux le » type même » d ‘un vendeur de salade européen ( officiel ou officieux ) ; peut être , dans le groupe , s ‘en est il trouvé pour apprécier davantage l’édifice que le discours convenu .
En tout cas , bravo pour ces chroniques du Maroc actuel mais encore exotique en un certain sens .