Mohamed Ben Salman (MBS) et Donald Trump
Par Antoine de Lacoste
Au début du mois de septembre, la coalition internationale, menée par les Etats-Unis, avait annoncé à grands renforts de publicité l’assaut final contre l’un des derniers réduits de Daesh dans l’est de la Syrie.
C’était à Hajine, dans la province de Deir es-Zor.
Le début de l’offensive ne s’était pas trop mal passé. Les Kurdes, regroupés avec quelques combattants arabes (anciens islamistes recrutés par les Américains) au sein des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) avaient progressé de plusieurs kilomètres. Des villages avaient été repris. Le soutien aérien américain était massif et les hommes de Daesh reculaient non sans combattre vigoureusement, comme toujours d’ailleurs.
L’affaire semblait entendue et les Américains prédisaient que la réduction de cette poche n’était qu’une question de jours.
Mais, comme souvent, la dure réalité syrienne a rattrapé les illusions américano-kurdes. Daesh s’était replié, certes, mais dans des terrains difficiles d’accès, parsemés de grottes, de collines et de vallées. Ses combattants attendaient le moment propice.
Il est venu la semaine dernière à la faveur d’une tempête de sable. L’aviation américaine était clouée au sol et plusieurs centaines d’islamistes ont brutalement contre-attaqué semant la panique chez les FDS. Ces derniers ont abandonné en une journée toutes les positions conquises les semaines précédentes, laissant près d’une centaine de morts sur le terrain sans compter des dizaines de disparus. Une fois de plus, les kamikazes ont été redoutablement efficaces.
Cerise sur le gâteau, cette petite victoire va permettre à Daesh de faire la jonction avec d’autres groupes présents en Irak, le long de la frontière syrienne.
Les FDS ont quitté la zone et se sont repliés vers le nord. Un de leurs responsables a annoncé que des renforts étaient attendus et que l’offensive reprendrait avec de nouvelles unités. Mais il a reconnu qu’une des causes de cette défaite était la parfaite connaissance du terrain par Daesh alors que ses hommes le découvraient.
C’est bien là tout le problème : les Kurdes occupent depuis plusieurs mois le sud-est de la Syrie qui n’est peuplé que d’Arabes. Traditionnellement, une occupation kurde est toujours totalitaire et les observateurs ont constaté que de nombreux villages arabes ont fait preuve de neutralité bienveillante vis-à-vis de Daesh tant les exactions kurdes étaient insupportables.
Voilà bien longtemps que Russes et Syriens demandent aux Américains de retirer leurs supplétifs et de permettre à l’armée syrienne, dont c’est tout de même le pays, de pouvoir passer l’Euphrate et d’affronter eux-mêmes Daesh.
Une tentative de mercenaires russes et afghans issus de la minorité chiite il y a quelques mois avait provoqué un violent bombardement américain. Une centaine de personnes avaient été tuées. Aujourd’hui, c’est un peu l’arroseur arrosé, et cette défaite ne doit pas faire grand peine aux Russes et aux Syriens.
Elle repose en tout cas le problème de l’occupation de près du tiers du territoire syrien par les Américains et leurs alliés kurdes. Mais ne pas laisser les mains libres à Poutine est une obsession croissante aux Etats-Unis. Quel qu’en soit le prix. ■
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